OTU - 1961 / 1962
Au quatrième jour de la guerre, le 8
juin 1967, l'activité de l'Armée de l'Air Egyptienne
au-dessus du Sinai reste limitée, permettant toutefois à
l'IDF / AF de remporter 4 nouvelles victoires au cours de deux engagements
distincts. Lev Arlozor, du Squadron
101, remporte une première victoire sur un MiG 17 au-dessus
de Romani alors que le Squadron 119
revendique 3 victoires remportées par Avraham
Shalmon (2 MiG 19) et Menachem Shmul
(1 MiG 19).
Dans l'après-midi et dans le même secteur, 3 nouveaux
engagements permettent de remporter 4 nouvelles victoires mais cette
fois-ci au prix d'un Mirage. Parmi les pilotes victorieux se trouve
Reuven Rozen qui ce jour là
vole sur le Shahak 58 et doit faire
face à des MiG 17 particulièrement combatifs en compagnie
d'Avraham Shalmon (qui vole sur
le Shahak 55) titulaire de deux victoires
le matin même. Pris en chasse par un MiG 17, l'appareil Egyptien
parvient progressivement à gagner du terrain sur Rozen
grâce à sa plus grande manoeuvrabilité. En revanche,
n'étant pas équipé de missiles Air Air, le
MiG 17 doit impérativement se placer dans l'axe de son adversaire
pour espérer pouvoir l'atteindre au canon. Rozen
parvient à esquiver et à prendre de la vitesse pour
se mettre hors de portée de tir du MiG. Dans le même
temps Shalmon est aux prises avec
l'autre MiG. Meilleur pilote de l'unité, Shalmon
eut été le plus à même d'abattre les
deux MiG s'il n'avait pas été aux commandes du Shahak
55, un avion doté d'une très mauvaise réputation
(pour s'être écrasé deux fois) et d'un canon
capricieux (A l'inverse, le Shahak 58
permetta à 7 pilotes différents - qui deviendront
tous des As - d'obtenir 12 victoires avec cet avion). C'est d'ailleurs
ce qui arrive au cours de cette sortie, le canon du Shahak
55 refusant de fonctionner une fois de plus. A un moment donné,
alors que les deux MiG volent dans la même direction, Shalmon
effectue une nouvelle tentative en espérant parvenir à
faire fonctionner son canon mais pour une raison inconnue il attaque
le MiG de tête, s'exposant de fait au tir du second MiG qui
le prend maintenant en sandwich et qui se trouve à une distance
de 500 mètres de Shalmon
qui lui-même vole 200 mètres derrière le premier
MiG. Arrivé à la rescousse, Rozen
tire au canon sur le second MiG et enregister des impacts mais ne
peut assister à la chute de l'appareil, ne revendiquant qu'une
victoire probable à son retour à la base. Lorsqu'il
dégage après avoir touché le MiG, Rozen
découvre un bombardier Il-28 qu'il décide d'attaquer.
Manquant d'entraînement pour attaquer une cible aussi grosse,
il est de plus surpris par tir défensif mais parvient malgré
tout à atteindre l'appareil au niveau de l'aile avant de
dégager le secteur. Lorsqu'il rentrera à sa base,
Rozen apprendra que sa victoire sur
le MiG est confirmée et que l'Il-28 s'est posé au
Caire, sur 1 seul moteur.
Mirage IIICJ - "Shahak
84 " - du Squadron 101 à Hatzor en juin 1967
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Au cours de l'année 1970, l'arrivée
des premiers F4 est venue bousculer la donne du combat aérien
au Moyen Orient. Afin de contre-balancer la supériorité
tactique de l'IDF / AF, l'Egypte fait appel au soutien de l'Union
Soviétique qui déploie sur place des unités
de MiG 21 dont le rôle de défense du territoire Egyptien
va progressivement s'étendre du point de vue géographique.
Soucieux d'éviter tout affrontement direct avec les forces
Soviétiques, les Israéliens évitent tout d'abord
le combat mais les dommages causés à plusieurs appareils
Israéliens par des MiG 21 obligent les autorités militaires
à réagir.
Le 30 juillet 1970,
une ambuscade montée selon le schéma habituel est
organisée. Quatre Mirage III du Squadron
119 (Amos Amir / Asher
Snir / Abraham Shalmon et Avi
Gilad) sont chargés de simuler un groupe de reconnaissance
et envoyés comme appâts pendant que 4 Mirage III du
Squadron 117 conduits par Uri
Even-Nir (avec Ithamar Noiner,
Yehuda Koren et Ya'acov
Richter) et 4 Phantom attendent l'arrivée des MiG et
que deux autres Mirage du Squadron 101
sont en attente à Refidim.
Les Soviétiques tombent rapidement dans le piège et
envoient plusieurs sections de MiG 21 à la rencontre des
faux appareils de reconnaissance. Aussitôt les appareils Soviétiques
repérés, les chasseurs se mettent en position et les
MiG passent alors rapidement du statut de chasseur au statut de
chassé. Asher Snir, du Squadron
119, déjà titulaire de 11 victoires, est le premier
à abattre un MiG 21. Il est toutefois lui-même atteint
juste après par un missile AA-2 mais parvient à désengager
et à se poser à Refidim
sans encombre. Quatre autres MiG 21 Russes seront abattus ce jour
là dont 2 par des pilotes de F4. Avihu
Ben-Nun et Shaul Levi, du Squadron
69, abattront un MiG 21 avec un AIM-7 tiré à très
basse altitude alors que Aviem Sella
et Reuven Reshef, eux-aussi du Squadron
69, poursuivent leur MiG depuis une altitude de 5000 mètres
jusqu'à une altitude de 700 mètres avant de le détruire
avec un AIM-9D. Du coté du Squadron
117, Ithamar Noiner est obligé
d'abandonner le combat après qu'un voyant d'alarme d'huile
se soit allumé dans le cockpit. Escorté jusqu'à
Refidim par Uri Even-Nir, les deux
Shahak du Squadron 101 conduits par
Yiftach Spector décollent
alors pour remplacer les deux appareils qui se posent sans encombre.
Au cours du combat, Abraham Shalmon
remportera une victoire sur un MiG 21 et partagera une autre victoire
avec Yiftach Spector, arrivé
en renfort dans l'intervalle.
Huit jours plus tard, face au risque d'embrasement
généralisé et face au risque d'engagement direct
de l'URSS dans le conflit, les Etats-Unis exercent d'importantes
pressions diplomatiques et obtiennent la cessation des combats.
Ainsi, la guerre d'attrition qui avait débuté 17 mois
plus tôt prend fin après la mise en place d'un cessé
le feu décrété par l'ONU.
Le 17 octobre 1973, au douzième
jour de la Guerre du Kippour,
six pilotes de chasse arrivent à Refidim
dans le désert du Sinai afin de maintenir en alerte un groupe
de Nesher sur cette base avancée et de protéger la
tête de pont Israélienne sur le Cana de Suez. Avraham
Shalmon, Dror Harish et Gideon
Livni sont issus du Squadron 101
alors que Moshe Hertz, Gidéon
Dror et Raanan Yosef proviennent
du Squadron 113. Hertz
occupe les fonctions de premier adjoint du commandant du Squadron
113 alors que Livni est l'officier
de reconnaissance du Squadron 101.
Yosef est pour sa part EP (Emergency
Posting) et Shalmon, Harish
et Dror sont réservistes. Tous
pilotes chevronnés, ils totalisent 22,5 victoires. Shalmon
et Harish sont déjà
des As, Dror, Hertz
et Livni le deviendront et seul Yosef
aurait pu le devenir si les combats s'étaient poursuivit.
Le lendemain matin, 18 octobre, les
pilotes sont actifs et interceptent deux sections de 4 MiG 17 Egyptiens.
Avraham Shalmon se lance à
l'assaut de la section de gauche pendant que Dror
attaque la formation de droite abattant un premier MiG avec un missile
Shafrir 2, suivi quelques instants plus tard par un second, lui
aussi abattu à l'aide d'un missile. C'est à ce moment
là qu'Avraham Shalmon appelle
à l'aide, la verrière de son Nesher ayant été
obscurci par les débris provenant du MiG détruit par
Dror (photo ci-dessous). Ce dernier
assite alors Shalmon jusqu'à
Refidim et tous
deux se posent sans encombre.
L'après-midi même, les Nesher sont à nouveau
en vol pour protéger la tête de pont contre les attaques
de MiG. Au cours de plusieurs engagements, Hertz
(1 MiG 21 non confirmé ?) et Livni
(2 MiG 21 + 1 MiG 17) ainsi que Harish
(1 MiG 21 + 1 MiG 17) et Yosef (1
MiG 21) abattent 2 MiG 17 et 5 MiG 21. Deux de ces victoires figurent
parmi les plus spectaculaires jamais enregistrées par les
caméras de tir des chasseurs Delta. Volant sur le Nesher
numéro 09, Gidéon Livni
abat un MiG 21 qui passe devant lui de gauche à droite alors
que dans le même temps, le Nesher 10 piloté par Raanan
Yosef abat un MiG 21, le touche à l'empennage, provoquant
le déploiement du parachute de freinage avant que le pilote
ne s'éjecte.
Le
18 octobre 1973,
Avraham
Shalmon manque d'abattre un MiG 17 Egyptien comme le montre la
photo ci-dessous. Alors qu'il se trouve en position de tir, l'explosion
proche d'un autre MiG 17 abattu par
Gideon
Dror à l'aide d'un missile Shafrir 2 entraîne la
projection de nombreux éclats qui endommagent son appareil
ainsi que celui de
Dror obligeant les
deux pilotes à rompre le combat.
Après l'annonce de l'ouverture des négociations en
vue d'un cessez le feu à partir du 20
octobre 1973, l'Armée Israélienne va intensifier
son offensive afin de se retrouver en position de force à
la table des négociations. Le 23 octobre,
dans le Nord, les Israéliens se lancent à l'assaut
du Mont Hermon pour tenter de reprendre cette position hautement
stratégique puisqu'elle surplombe toute le plateau du Golan.
Dans le même temps, dans le Sud, la 3eme Armée Israélienne
poursuit son avancée vers le Caire qui ne se trouve plus
qu'à 100 km.
Ce jour là, Gidéon Dror
se trouve en mission au-dessus de l'Egypte. Sans cible assignée
par le contrôleur, les Nesher volent à 25 000 pieds
lorsqu'ils sont interceptés par des MiG 21. Les Nesher se
séparent et tentent de faire face. Les MiG n'utilisant pas
leur avantage numérique, Dror
parvient à faire évoluer le combat dans la dimension
verticale, une situation qui l'avantage et après plusieurs
manuvres, il parvient enfin à se placer en position
de tir et abat l'un des MiG au canon, remportant ainsi sa cinquième
victoire, avant de plonger pour s'éloigner au plus vite.
Sur le chemin du retour il peut observer 2 MiG 17 et 2 L-29 qui
traversent le Canal de Suez mais par manque de carburant il préfère
éviter le combat et passe son chemin. Lorsqu'il rentre à
Refidim, Dror
demande au contrôleur pourquoi celui-ci ne lui a pas demandé
d'intercepter les MiG et les L-29. Celui-ci lui explique alors qu'un
combat important au-dessus de la Syrie l'a obligé a concentrer
ses efforts dans ce secteur. Plus au Nord en effet, les combats
sont intenses et permettent à Israel
Baharev de remporter sa dixième victoire alors que Ya'acov
Richter atteint 10,5 victoires. Avant la Guerre
du Kippour, Asher Snir était
le seul pilote Israélien à avoir atteint 10 victoires.
Au cours de cette guerre il sera rejoint par Shalmon
(le 8 octobre), Yehuda Koren (le 16),
Epstein (le 19) et Shlomo
Levi (le 22). De plus Yiftach Spector
qui a obtenu 8 victoires sur Mirage III remportera 4 victoires supplémentaires
sur F-4 pendant la Guerre du
Kippour.
Après la Guerre du Kippour
au cours de laquelle 74 pilotes Israéliens qualifiés
sur Mirage III ou sur Nesher accomplirent plus de 3000 sorties,
la doctrine d'emploi des appareils supersoniques changa radicalement,
passant de tactiques héritées de la seconde guerre
mondiale à celles imposées par les conflits modernes.
Les dernières victoires remportées par les chasseurs
à aile Delta le seront en avril 1974, à l'exception
de la seule victoire obtenue par un Kfir en date du 27
juin 1979 par le Capitaine Shai
Eshel. En abattant 2 MiG 21 Syriens avec le Shahak
58 (Mirage ayant remporté le plus grand nombre de victoires
de tous les temps), Abraham Shalmon
devient le deuxième As Israélien par le nombre de
ses victoires qui passent ainsi à 14,5.
Dix jours plus tard, Gideon Livni
devient le dernier As sur appareil à voilure Delta en abattant
un MiG 21 Syrien à bord de son Nesher 78. Comme il le dira
souvent, " on se rappelle mieux de ses erreurs que de ses succès
" et en l'occurrence ce jour là, Livni
aurait pu abattre 3 appareils si la malchance n'avait pas joué
contre lui et si ses missiles avaient correctement fonctionné.
Il parviendra cependant à abattre un MiG au canon, cloturant
ainsi le tableau de chasse d'une génération de chasseurs
qui pouvait s'enorguellir d'avoir parfaitement remplie son rôle
avec 397,5 victoires aériennes à son actif (282,5
pour les Mirage et 115 pour les Nesher).
Le Mirage III sera retiré des opérations après
avoir combattu une dernière fois aux côtés du
F-15 pendant le conflit Libanais de 1982. Avner
Slapak qui, 15 ans plus tôt, avait remporté la
dixième victoire obtenue par un Mirage III, participa à
ce conflit aux commandes d'un Mirage, mesurant mieux que quiconque
les progrés réalisés. Alors qu'il effectue
une mission conjointe avec des F-15, le contrôleur indique
aux équipage de se rendre sur une zone d'interception. Tous
les appareils enclenchent la post-combustion et les F-15 s'éloignent,
distancant rapidement les Mirage III qui poursuivent malgré
tout leur route suivant le cap indiqué. Quelques minutes
plus tard, les pilotes de Mirage III voient alors les F-15 revenir,
les pilotes leur indiquant le nombre de victoires qu'ils ont obtenu
au cours du combat dont les pilotes de Mirage n'ont même pas
vu le déroulement
Slapak
réalisa alors combien l'heure du Mirage III avait sonné
!