En septembre 1969, après plusieurs opérations visant
à annihiler le potentiel militaire Egyptien aux abords immédiats
du Canal de Suez, et notamment après l'opération Boxer
du mois de juillet 1969, l'IDF décide de mener une nouvelle
offensive et d'employer ainsi contre l'Egypte la tactique employée
jusque là par elle-même. Déclenchée le
9 septembre 1969, l'opération
consiste en un débarquement de troupes mécanisées
à El-Hafair avec le soutien de l'aviation. Cette force s'avancera
de 50 km vers le Sud et fera 150 tués chez les Egyptiens.
Dans le même temps, le Président Egyptien Nasser souffrira
d'une attaque cardiaque et le chef d'Etat-Major de l'Armée
Egyptienne sera démis de ses fonctions. Dans les airs, c'est
le 11 septembre que l'Armée
de l'Air Egyptienne va tenter une riposte en attaquant des installations
Israéliennes dans le Sinai. Au final, elle perdra 7 appareils
et remportera une victoire, en l'occurrence Giora
Rom, le premier As Israélien qui sera abattu par un MiG
21 Egyptien (Samir Aziz Mikhail) alors
qu'il volait à bord du Mirage IIICJ " Shahak 18 ".
Quatre ce ces victoires sont obtenues au cours d'un combat mettant
aux prises 2 avions du Squadron 101
conduits par Giora Epstein (Ailier
Ilan Gonen) et 2 du Squadron
117 conduits par Yehuda Koren
(ailier Avshalom Friedman). Yehuda
Koren et Friedman sont envoyés
à la rencontre de 6 MiG 21 qui volent à 20 000 pieds.
Les 6 chasseurs Egyptiens se séparent en deux groupes de
2 et 4 appareils. Chaque pilote Israéline suit un groupe,
Yehuda suivant celui composé
de 4 MiG. Alors qu'il suit les appareils, l'un d'eux rompt le combat.
L'appareil que suit Yehuda commence
à s'incliner vers le bas et c'est à ce moment là
que Yehuda tire son Shafrir 2 lorsqu'au
même moment Friedeman lui
cri de dégager. Virant très sec, Yehuda
pense alors que son missile s'est perdu dans la nature. Dépassé
par son poursuivant, Yehuda reprend
sa direction d'origine et aperçoit alors une explosion indiquant
que le premier missile a finalement atteint sa cible. Friedman
remportera aussi une victoire au cours de ce combat de même
qu'Ilan Gonen et Giora
Epstein.
Les 3 autres victoires sont remportées par Shlomo
Navot, Dror Harish et Asher
Snir.


Mirage IIICJ - "Shahak
15 " - du Squadron 101 en 1967
|
Le mois d'avril 1970 permet à deux pilotes
du Squadron 119, le Major Amos
Amir et Avraham Shalmon de devenir
respectivement le 8eme et 9eme As de l'IDF / AF après avoir
remporté chacun leur cinquième victoire à l'occasion
d'un affrontement important avec l'Armée de l'Air Syrienne
en date du 2 avril 1970. En fait, l'ensemble
des 6 victoires revendiquées par les Mirage III en avril
seront obtenues par des pilotes du Squadron
119. La victoire la plus singulière du mois aura lieu
dans la nuit du 24 au 25 avril. A environ
2 heures du matin, des bombardiers Il-28 Egyptiens pénètrent
dans le Sinaï et bombardent des installations dans le secteur
de El-Arish. L'alerte est alors assurée conjointement par
les F-4 et les Mirage III qui ne sont désormais plus prioritaires
sur ce type d'interception nocturne. Les chances d'une alerte de
nuit sont d'ailleurs si mince qu'Amos Amir
qui est de garde est en tee-shirt, en short et sandalette lorsque
l'arme retentie. L'habit ne faisant pas le moine, c'est dans cette
tenue " peu réglementaire " qu'il décolle
immédiatemment et abat finalement l'un des bombardiers.
Le Squadron s'illustrera à nouveau trois
jours plus tard, le 28 avril 1970,
à l'occasion de l'interception de MiG 17 et de Su 7 qui pénètrentà
basse altitude dans le Sinaï. L'interception est rendue difficile
par l'attitude fuyante des agresseurs qui sitôt leur attaque
réalisée repassent de l'autre côté du
Canal de Suez. Les Mirages III qui ont décollé de
Refidim volent
à pleine puissance et alors qu'ils arrivent sur zone, ils
grimpent pour perdre de la vitesse afin de larguer leurs réservoirs
supplémentaires sans risque d'endommager leurs Missiles Air
/ Air accrochés sous la voilure delta. Aperçevant
les Su 7 qui franchissent le Canal, les pilotes de Mirage se mettent
en position d'attaque lorsque les Su 7 larguent leur chargement
en urgence et font demi-tout, sans doute informés par leur
contrôleur de la présence des "Shahak". Yifthak
Nir plonge alors vers les Su 7 suivi de près par son
ailier Dror Harish. Alors qu'ils
se rapprochent, le Su 7 qui se trouve en dernière position
se débarasse lui-aussi de ses bombes qui en explosant projettent
des débris qui touchent l'appareil de Nir.
Prenant rapidement de l'altitude pour faire le point de la situation
et éventuellement s'éjecter, il constate que tout
va bien. Rejoint par son ailier, celui-ci ne remarque rien d'anormal.
Peu avant l'explosion, Harish était
parvenu à tirer un missile qui avait atteint un Su 7 sans
le faire exploser. Faisant le point de la situation, Nir
demande à son ailier d'attaquer le Leader de la formation
de Su 7 pendant que lui s'occupe du Su 7 endommagé et qui
volant à la traîne est plus à sa portée.
Une longue poursuite au-dessus du territoire Egyptien s'engage alors.
Nir fait feu avec l'un de ses deux missiles
AA-2 (missile soviétique capturé et utilisé
par l'IDF / AF). Celui-ci explose au sol, Nir
mettant cette défaillance sous le coup des dommages provoqués
par l'explosion qui l'a secoué plus tôt. Il décide
donc de ne pas utiliser son second missile. Gagnant progressivement
du terrain, le pilote du Su 7 s'aperçoit bientôt de
la présence du Mirage et plutôt que d'engager le combat,
il amorçce un large virage pui permet à Nir
de se mettre à portée de tir et de faire usage de
ses canons alors qu'il ne se trouve plus qu'à 400 mètres.
Un bruit étrange met alors en évidence un nouveau
dysfonctionnement. Sans doute endommagé par l'explosion,
un seul canon est fonctionnel, provoquant un tir asymétrique.
Après plusieurs rafales, l'appareil Egyptien s'abat d'un
coup à 90° vers le sol et alors que Nir
s'écrie dans son masque " Saute, espèce d'idiot
saute !!! ", l'avion s'écrase et se transforme en une
boule de feu sans que le pilote n'ai le temps de s'éjecter.
Dans le même temps, Harish
abat un autre Su 7avec un missile AIM-9E.

Le 9 octobre 1973, au quatrième
jour de la guerre, Dror Harish, alors
pilote de réserve avec le Squadron
101 devient le 14eme As de l'IDF / AF en abattant 2 MiG 17 Syriens
dans le Nord. Il est suivi par Ithamar
Noiner qui, 3 jours plus tard, devient le 15eme As. Le lendemain,
c'est au tour de Reuven Rozen d'atteindre
le statut d'As, le 16eme de l'IDF / AF.
A cette même date du 13 octobre 1973,
un autre pilote remporte sa première victoire . Ce jour là,
Raanan Yosef, du Squadron
113, effectue une patrouille en compagnie d'Ilan
Gonen lorsqu'il aperçoit des explosions. N'ayant reçu
aucun ordre du contrôleur, les deux pilotes peuvent voir clairement
les MiG 17 sur l'un desquels Yosef
lache un missile, bientôt imité par Gonen.
Le premier missile touche l'appareil de plein fouet et le second
l'atteint alors que le MiG est dejà en feu. Yosef
voit alors un second MiG qu'il prend en chasse. Arrivant trop vite,
il cabre son appareil pour perdre de la vitesse. Le temps est nuageux
et lorsqu'il repasse sous la couche nuageuse, il ne retrouve pas
les MiG 17. Désormais au-dessus du territoire Syrien, Yosef
décide de rebrousser chemin. Il entend alors à la
radio la voix d'Avi Lanir et sera
le dernier à l'entendre.
A ce stade de la guerre, 4 chasseurs Delta ont déjà
été perdu dont 2 du fait de la DCA ou des SAM. La
cinquième perte intervient juste après que Yosef
ait remporté sa première victoire lorsqu'Avi
Lanir, alors commandant du Squadron
101 est abattu par un SA-3 alors qu'il poursuit un appareil
ennemi. Après la perte de Tzvika
Vered, fait prisonnier en date du 9 octobre
après avoir été abattu par un missile
Sol/Air, le Commandant de la base de Ramat David, Ya'acov
Agassi avait demandé à tous les pilotes du
Squadron 117 de renoncer à poursuivre
tout appareil ennemi s'engageant dans une zone abritant des sites
de lancement de SAM répertoriés. Malheureusement,
le 12 octobre, Amichai Rokeach sera
lui aussi perdu dans les mêmes circonstances et fait prisonnier.
Ainsi, le 13 octobre, Avi
Lanir est le troisème pilote à être victime
des batteries de missile et le premier à trouver la mort
dans ces circonstances.
Immédiatement après cette perte, le commandant de
l'IDF / AF interdira formellement à tous les pilotes de chasse
de se lancer à la poursuite d'un appareil au-delà
de la ligne de front considérant que les risques liés
à de telles poursuites étaient supérieurs aux
bénéfices attendus. Au moment de la perte de Lanir,
Reuven Rozen est quant à lui
sanglé dans son cockpit et attend le déclenchement
de l'alarme pour décoller, sans rien savoir du drame qui
vient de se jouer et des nouvelles directives qui viennent d'être
annoncées. Après avoir décollé, il découvre
deux Su 20 mais le contrôleur lui annonce par erreur qu'il
s'agit d'appareils Israéliens. Le temps de se rendre compte
de la bévue et les deux appareils filent déjà
à toute vitesse au ras du sol, privant Reuven
d'une victoire rapide et facile. Poursuivant les deux appareils,
il tire un missile qui explose mais ne parvient pas à détruire
le Sukhoi visé. Ayant pénétré en territoire
Syrien, la DCA se déchaîne et les missiles SAM fusent
de toute part. Reuven ignore ces tirs
qui atteignent finalement le Su 20 au lieu de toucher son Nesher.
Le contrôleur avise ses supérieurs du déroulement
du combat et c'est alors que l'Etat-Major demande au contrôleur
de rappeler immédiatement Reuven.
Trop concentré sur son vol à très basse altitude
et très haute vitesse à la poursuite d'un ennemi en
terrain hostile, Reuven ne répond
pas aux appels du contrôleur. Les deux appareils volent alors
trop bas pour que Reuven parvienne
à tirer. Survolant d'un coup une petite dépression
de terrain, Reuven profite de l'occasion
et lache une rafale qui fait exploser le Sukhoi, lui permettant
ainsi de remporter sa cinquième victoire. Disposant de suffisamment
de carburant, Reuven revient à
sa base en contournant le Golan. Lorsqu'il atterrit à sa
base, il se voit interdit de vol sur ordre du Commandant en chef
de l'IDF / AF pour n'avoir pas respecté un ordre direct.
Le soir même, Amos Lapidot,
commandant de la base d'Hatzor défendra la cause de Reuven
auprès du Major General Beni Peled
et parviendra à faire lever l'interdiction de vol.

Le 17 octobre 1973, au douzième
jour de la Guerre du Kippour,
six pilotes de chasse arrivent à Refidim
dans le désert du Sinai afin de maintenir en alerte un groupe
de Nesher sur cette base avancée et de protéger la
tête de pont Israélienne sur le Cana de Suez. Avraham
Shalmon, Dror Harish et Gideon
Livni sont issus du Squadron 101
alors que Moshe Hertz, Gidéon
Dror et Raanan Yosef proviennent
du Squadron 113. Hertz
occupe les fonctions de premier adjoint du commandant du Squadron
113 alors que Livni est l'officier
de reconnaissance du Squadron 101.
Yosef est pour sa part EP (Emergency
Posting) et Shalmon, Harish
et Dror sont réservistes. Tous
pilotes chevronnés, ils totalisent 22,5 victoires. Shalmon
et Harish sont déjà
des As, Dror, Hertz
et Livni le deviendront et seul Yosef
aurait pu le devenir si les combats s'étaient poursuivit.
Le lendemain matin, 18 octobre, les
pilotes sont actifs et interceptent deux sections de 4 MiG 17 Egyptiens.
Avraham Shalmon se lance à
l'assaut de la section de gauche pendant que Dror
attaque la formation de droite abattant un premier MiG avec un missile
Shafrir 2, suivi quelques instants plus tard par un second, lui
aussi abattu à l'aide d'un missile. C'est à ce moment
là qu'Avraham Shalmon appelle
à l'aide, la verrière de son Nesher ayant été
obscurci par les débris provenant du MiG détruit par
Dror (photo ci-dessous). Ce dernier
assite alors Shalmon jusqu'à
Refidim et tous
deux se posent sans encombre.
L'après-midi même, les Nesher sont à nouveau
en vol pour protéger la tête de pont contre les attaques
de MiG. Au cours de plusieurs engagements, Hertz
(1 MiG 21 non confirmé ?) et Livni
(2 MiG 21 + 1 MiG 17) ainsi que Harish
(1 MiG 21 + 1 MiG 17) et Yosef (1
MiG 21) abattent 2 MiG 17 et 5 MiG 21. Deux de ces victoires figurent
parmi les plus spectaculaires jamais enregistrées par les
caméras de tir des chasseurs Delta. Volant sur le Nesher
numéro 09, Gidéon Livni
abat un MiG 21 qui passe devant lui de gauche à droite alors
que dans le même temps, le Nesher 10 piloté par Raanan
Yosef abat un MiG 21, le touche à l'empennage, provoquant
le déploiement du parachute de freinage avant que le pilote
ne s'éjecte.