Après une année 1971 au cours de laquelle, pour la
première fois depuis 1966, aucune victoire n'est remportée
par les pilotes de Mirage III et plus généralement
par l'IDF / AF, l'année 1972 voit les affrontements reprendre.
Si aucun nouvel As n'émerge jusqu'en septembre 1973, sept
pilotes remporteront en revanche leur première victoire (Ilan
Auerbuch, Yoram Geva, Yuval
Neeman, Tzvika Vered, Ran
Meir, Eliezer Ye'eari, Amos
Bar). Sur les 14 victoires remportées par les pilotes
de Mirage III et de Nesher entre septembre 1972 et septembre 1973,
1 seule sera obtenue au canon, démontrant l'accroissement
considérable de la fiabilité des missiles.
Le 21 novembre 1972, un combat typique
de cette période permet à Yuval
Neeman, alors premier adjoint du commandant du Squadron
117 et à son ailier Tzvika
Vered de remporter leur première victoire. Les deux pilotes
sont chargés d'escorter des Phantom en mission d'attaque
au sol. Juste après que les F-4 aient largué leurs
charges offensives, ils sont attaqués par des MiG 21. Les
deux pilotes de Mirage volent alors à 20 000 pieds et perdent
rapidement de l'altitude pour porter assistance aux "Kurnass"
(F-4). Alors qu'il se rapproche par le biais d'un virage à
droite, Vered tire un missile sur
le premier appareil Syrien. Le pilote du deuxième MiG voit
le missile arriver et rompt la formation ennemie, suivi par Neeman
qui le prend en chasse. Pendant ce temps, le missile tiré
par Vered atteint sa cible et le MiG
explose sans que le pilote Syrien ne s'éjecte. Lorsque Neeman
obtient sa victoire, il appelle très exité son ailier
par radio pour se regrouper, ne s'étant même pas rendu
compte que celui-ci l'avait accompagné tout au long du combat
après avoir remporté sa propre victoire.
Appelant son père au téléphone l'après
midi même, le père de Vered
le félicite pour sa victoire dont il a eu connaissance par
le biais de la radio. Surpris, Tzvika
demande alors à son père comment sait-il que s'était
précisemment lui qui était impliqué dans ce
combat, la radio ne donnant pas ce type d'information. Son père
lui répond alors " Que veux-tu dire, Mais c'est ton
anniversaire aujourd'hui ! "
Le 7 octobre 1973, deuxième
jour de la Guerre du Kippour,
Elisha Peri et Tzvika
Vered du Squadron 117 décollent
sur alerte pour porter assistance à Avshalom
Friedman et Daniel Shlaider
(eux aussi du Squadron 117) qui sont
aux prises avec 8 MiG 21 Syriens au-dessus du plateau du Golan.
Au décollage, Vered note un
dysfonctionnement de son alternateur rendant inopérant la
moitié de ses systèmes parmi lesquels la postcombustion
et le système de mise à feu des missiles. Afin de
prendre de la vitesse, Vered a recours
à un système auxiliaire pour faire fonctionner la
post-combustion. Bien que ce système de secours soit suceptible
d'endommager le moteur, l'urgence de la situation justifie le recours
à cette procédure exceptionnelle tout comme le fait
de partir au combat avec un appareil dont tous les systèmes
ne sont pas 100% fonctionnels. Arrivant très vite sur zone,
Vered sélectionne immédiatement
une cible, sachant qu'il n'aura pas d'autre chance de remporter
rapidement une victoire avec ses seuls canons. Il tire alors une
très longue rafale à une distance de 1000 mètres
et tire jusqu'à épuisement de ses munitions, parvenant
à abattre l'un des MiG 21. Ne disposant plus d'obus et ne
pouvant pas utiliser ses missiles, Vered
donne alors l'ordre de rompre le combat. De leur côté
Friedman et Shlaider
parviennent à abattre respectivement 2 et 1 MiG 21, décimant
ainsi la moitié de la formation Syrienne.
Ce même jour, les Nesher effectueront plusieurs missions
d'attaque au sol et alors que le Squadron
144 opère uniquement dans le Sud, face aux Egyptiens,
les Squadrons 101 et 113
opèrent quant à eux sur les deux fronts et revendiquent
chacun une victoire (Eitan Karmi pour
le Squadron 101 et Tavor
David pour le Squadron 113). Les
pilotes qui sont en alerte dans leurs appareils passeront cependant
une grande partie de la journée à attendre dans leurs
cockpit ou à courir après des avions fantômes,
n'engageant le combat qu'en de rares occasions, soumettant les pilotes
à un stress important.
Le 9 octobre 1973, au quatrième
jour de la guerre, Dror Harish, pilote
de réserve avec le Squadron 101
devient le 14eme As de l'IDF / AF en abattant 2 MiG 17 Syriens dans
le Nord. Il est suivi par Ithamar Noiner
qui, 3 jours plus tard, devient le 15eme As. Le lendemain, 13
octobre 1973, c'est au tour de Reuven
Rozen d'atteindre le statut d'As, le 16eme de l'IDF / AF.
A cette même date du 13 octobre 1973,
un autre pilote remporte sa première victoire . Ce jour là,
Raanan Yosef, du Squadron
113, effectue une patrouille en compagnie d'Ilan
Gonen lorsqu'il aperçoit des explosions. N'ayant reçu
aucun ordre du contrôleur, les deux pilotes peuvent voir clairement
les MiG 17 sur l'un desquels Yosef
lache un missile, bientôt imité par Gonen.
Le premier missile touche l'appareil de plein fouet et le second
l'atteint alors que le MiG est dejà en feu. Yosef
voit alors un second MiG qu'il prend en chasse. Arrivant trop vite,
il cabre son appareil pour perdre de la vitesse. Le temps est nuageux
et lorsqu'il repasse sous la couche nuageuse, il ne retrouve pas
les MiG 17. Désormais au-dessus du territoire Syrien, Yosef
décide de rebrousser chemin. Il entend alors à la
radio la voix d'Avi Lanir et sera
le dernier à l'entendre.
A ce stade de la guerre, 4 chasseurs Delta ont déjà
été perdu dont 2 du fait de la DCA ou des SAM. La
cinquième perte intervient juste après que Yosef
ait remporté sa première victoire lorsqu'Avi
Lanir, alors commandant du Squadron
101 est abattu par un SA-3 alors qu'il poursuit un appareil
ennemi. Après la perte de Tzvika
Vered, fait prisonnier en date du 9 octobre
après avoir été abattu par un missile
Sol/Air, le Commandant de la base de Ramat David, Ya'acov
Agassi avait demandé à tous les pilotes du
Squadron 117 de renoncer à poursuivre
tout appareil ennemi s'engageant dans une zone abritant des sites
de lancement de SAM répertoriés. Malheureusement,
le 12 octobre, Amichai Rokeach sera
lui aussi perdu dans les mêmes circonstances et fait prisonnier.
Ainsi, le 13 octobre, Avi
Lanir est le troisème pilote à être victime
des batteries de missile et le premier à trouver la mort
dans ces circonstances.
Immédiatement après cette perte, le commandant de
l'IDF / AF interdira formellement à tous les pilotes de chasse
de se lancer à la poursuite d'un appareil au-delà
de la ligne de front considérant que les risques liés
à de telles poursuites étaient supérieurs aux
bénéfices attendus. Au moment de la perte de Lanir,
Reuven Rozen est quant à lui
sanglé dans son cockpit et attend le déclenchement
de l'alarme pour décoller, sans rien savoir du drame qui
vient de se jouer et des nouvelles directives qui viennent d'être
annoncées. Après avoir décollé, il découvre
deux Su 20 mais le contrôleur lui annonce par erreur qu'il
s'agit d'appareils Israéliens. Le temps de se rendre compte
de la bévue et les deux appareils filent déjà
à toute vitesse au ras du sol, privant Reuven
d'une victoire rapide et facile. Poursuivant les deux appareils,
il tire un missile qui explose mais ne parvient pas à détruire
le Sukhoi visé. Ayant pénétré en territoire
Syrien, la DCA se déchaîne et les missiles SAM fusent
de toute part. Reuven ignore ces tirs
qui atteignent finalement le Su 20 au lieu de toucher son Nesher.
Le contrôleur avise ses supérieurs du déroulement
du combat et c'est alors que l'Etat-Major demande au contrôleur
de rappeler immédiatement Reuven.
Trop concentré sur son vol à très basse altitude
et très haute vitesse à la poursuite d'un ennemi en
terrain hostile, Reuven ne répond
pas aux appels du contrôleur. Les deux appareils volent alors
trop bas pour que Reuven parvienne
à tirer. Survolant d'un coup une petite dépression
de terrain, Reuven profite de l'occasion
et lache une rafale qui fait exploser le Sukhoi, lui permettant
ainsi de remporter sa cinquième victoire. Disposant de suffisamment
de carburant, Reuven revient à
sa base en contournant le Golan. Lorsqu'il atterrit à sa
base, il se voit interdit de vol sur ordre du Commandant en chef
de l'IDF / AF pour n'avoir pas respecté un ordre direct.
Le soir même, Amos Lapidot,
commandant de la base d'Hatzor défendra la cause de Reuven
auprès du Major General Beni Peled
et parviendra à faire lever l'interdiction de vol.