VILLEY Pierre ciel de gloire - histoire des as de l\'aviation de 1914 à nos jours
VILLEY Pierre


 


 

 

 






 


Né le 7 mai 1912
Tué au combat le 25 mai 1940 (28 ans)

 

 

Adjudant

3 victoires homologuées
2 victoires en collaboration
1 victoire probable



 



Grade Date
Unités
Arrivée Départ Fonction Secteur
Sgt
1931
 
Armée Air 1930 1931 Elève pilote France
S/C
193?
 
GC II/38 1932 1933 Pilote France
Adj
1939
 
GC I/6 1933 1934 Pilote France
     
GC I/42 1934 1936 Pilote France
     
GC I/4 1936 05/39 Pilote France
     
GC II/4 05/39 05/40 Pilote France


Pierre Villey est né le 7 mai 1912 à Trouville-sur-Mer, dans le Calvados. Après avoir obtenu son brevet de pilote civil, le 27 août 1930, il devance l'appel et s'engage volontairement le 12 décembre au titre du 2eme Groupe d'Ouvriers Aéronautiques. Breveté militaire, il est affecté le 23 juillet 1931 à la 5eme Escadrille du 38e Régiment d'aviation mixte de Thionville (qui deviendra la 3eme Escadrille du GC II/38 en octobre 1932 puis 1ere Escadrille du GC I/6 en octobre 1933). Après avoir renouvelé son contrat, il retrouve son groupe à Reims en octobre 1934. Désigné GC I/42, celui-ci change de nouveau d'appelation pour devenir GC I/4 en 1936. Lorsque le GC II/4 se forme, le 16 mai 1939, le S/C Villey fait partie des premiers pilotes à y être affecté. Le 3 septembre 1939, lorsque la France déclare la guerre à l'Allemagne, l'Adjudant Villey se trouve à Xaffévillers, au sein de la 3eme Escadrille du GC II/4, équipé de Curtiss H-75.

 

Curtiss H-75 du GC II/4

 

CAMPAGNE DE FRANCE

 

8
septembre
1939

Le 8 septembre 1939, entre 15 h 00 et 16 h 00, cinq Curtiss de la 3eme Escadrille assurent la protection d'un appareil de reconnaissance sur Landau - Sarreguemines. Après avoir essuyé les tirs de Flak, les Curtiss sont attaqués par des Me 109E du I./JG 53. L'Adjudant Villey (Curtiss H-75A-1 n° 67) se retourve seul, son équipier ayant du regagner le terrain après avoir été touché. Au cours de l'engagement qui le met aux prises avec 3 Me 109, il parvient à placer des coups au but sur l'un d'entre eux avant de dégager. Cette victoire sera attribuée à l'Adjudant Villey et partagée avec l'Adjudant Cruchant. Ce dernier partage une autre victoire avec le S/C Casenobe (Curtiss n° 89). Ce dernier, après avoir été dépassé par les Me 109 qui les interceptent, se lance à la poursuite de l'un d'entre eux. Il le poursuit jusqu'à 1500 m lorsque le pilote allemand passe sur le dos. Cette deuxième victoire sera elle-aussi confirmée bien que seul un pilote allemand, en l'occurrence Werner Mölders, ait été obligé de se poser sur le ventre au retour à Birkenfeld.

Dans le journal de marche de l'Escadrille sera noté : "Journée de gloire du Groupe, de déception à l’Escadrille. La 3me Escadrille, plus heureuse que nous, a la joie de rencontrer pour la première fois des Boches et de descendre deux Messerschmidt. A la Quatre, bien que 11 avions aient participé à des protections, rien n’est à signaler."

 

30
septembre
1939

Mission de protection de deux Mureaux en reconnaissance sur le secteur d'Altenstadt - Schebenharft par douze appareils. A 16 h 55, seize Me 109 des I et II./JG 53 attaquent les avions d'observation, provoquant l'intervention des Curtiss. Le Capitaine Guieu (Curtiss H-75 n° 93) poursuit un Me 109 jusqu'à 1000 m qui menançait l'Adj Villey (Curtiss H-75A-1 n° 67). L'avion allemand émet de la vapeur et de la fumée noire et sera signalé tombant en flamme en territoire allemand par des observateurs au sol, à Salmbach. Il pourrait s'agir de l'appareil du Lt Schulze-Blanck, un Me 109E-3 de la 4./JG 53 endommagé à 30% qui effectue un atterrissage forcé à Karlsruhe. De son côté, l'Adjudant Villey abat aussi un Me 109E-3 du 5./JG 53 qui s'acrse au Sud Ouest de Weissemburg, le pilote allemand étant tué.

Journal de marche du GC II/4 : Le Capitaine Guieu m'avait donc passé le Commandement de la patrouille et à 16 H 45 j'abordais les lignes entre Wissembourg et Lauterbourg. Tout de suite repérage d'un biplace français travaillant vers 3000 puis d'un autre longeant d'assez bas la frontière : à part cela R.A.S. - un soleil aveuglant dans le Sud Ouest ; enfin un vrai décor de guet-apens - Vers 16 H 55 je repère vers Landau quatre petits points suspects - alerte immédiate par radio mais malheureusement mes patrouilleurs (Capitaine Guieu et Sergent Coisneau) ne m'entendent pas, alors que l'Adjudant-chef Cruchant vieux diable rusé qui me protège avec Casenobe et Carrere (beau trio) entend et juge de suite la situation. Les 4 boches prennent de l'altitude - Je recule dans nos lignes et me planque dans ce bon vieux soleil, tout en continuant à protéger mes lascars d'observateurs qui ne se doutent de rien - Tout d'abord je crois que les Fritz m'ont vu et cherchent à me coiffer (je rigole doucement because Cruchant, mais pas du tout : ces 4 fous plongent et vont attaquer mon biplace d'en bas qui se trouvait au Nord de la forêt d'Hagenau. Profitant de l'aubaine je leur plonge au cul et je prends à partie le dernier alors que les deux premiers commençaient à tirer sur le biplace (l'équipage a du faire une drôle de bouille) - Corrida avec mon boche, alors que l'un des deux premiers Messerschmidt me tirait, mais le patron lui saute dessus et le remet dans le droit chemin - Après ma première rafale le pointu fume (au sens propre) mais pas d'histoires, je l'arrose jusqu'au moment où il s'enflamme sans espoir d'extinction. Hurlement de joie, coup d'oeil à droite, à gauche, dessus, dessous, devant et derrière ; tableau magique - Le Capitaine Guieu passe à côté de moi poursuivant son pointu qui commence à fumer singulièrement et va se ramasser dans les environs de Lauterbourg ; Coisneau est là, mais pas vu la patrouille supérieure. Peu de temps après, Carrere me prévient radiophoniquement que Cruchant est posé en panne à Saverne. Corrida à l'atterrissage ; joie de tous - Même le Capitaine Guieu a retrouvé son sourire (Il l'avait perdu lors d'une vague histoire où il était question je crois d'anglais) - Après vérification j'ai 1 balle dans le plan droit qui m'a presque complètement sectionné ma
commande d'aileron - Une belle liaison en perspective ... pour ce soir!."

Devant cette truculence, il n'y a qu'à s'incliner.

 

 

21
novembre
1939

Mission de chasse libre pour 6 pilotes entre 15 h 45 et 16 h 10 : Capitaine Guieu, Adjudant Villey (Curtiss H-75A-2 n° 186), S/C Casenobe (Curtiss H-75 n° 189), Slt Cuny, Sgt Saillard, Sgt Dietrich. Les pilotes du GC II/4 rencontrent 2 Me 109 du Stab I./JG 52 qu'ils abattent tous les deux. L'Adjudant Villey abat l'un des deux appareils qui s'écrase à 10 km au Nord-Est de Bitche, pilote tué. Dans le même temps les S/C Casenobe et le Sgt Saillard se partagent la destuction d'un autre appareil qui effectue un atterrissage forcé près d'Edenkoben avec un appareil détruit à 80%

 

Cette fois le calme est rompu... Tesseraud est content. il était environ 4 heures 10 lorsque nous avons tous été réveillés en fanfare : ronrons de moteurs, sifflements d'éclatements de bombes et tirs de D.C.A. Que se passe-t-il ? Des bombardiers ennemis, venus en deux vagues, essaient de bouleverser notre terrain, heureusement noyé dans le brouillard. Malgré cette protection naturelle, 50 bombes sont tombées sur le terrain et ses abords immédiats (d'autres sont tombées plus loin). La 3ème Escadrille a été la plus touchées, 5 de ses avions sont touchés, et le mess des officiers est détruit; un soldat, un ancien qui devait être libéré ce jour même est gravement blessé; on doit l'amputer d'une jambe.

L'Escadrille a été plus épargnée : un seul avion a reçu un éclat, pas de blessés. Seul le sergent Imbert qui était de garde et qui s'était couché dans un fossé quand les bombes tombaient a été fortement commotionné pas une bombe qui a éclaté tout près de lui. Enfin des renseignements : la Belgique, la Hollande et le Luxembourg ont leur frontière violée. Plus de doute, c'est la vraie guerre et, comme le dit Jaussaud : « la guerre des papiers et des révérences est terminée ».

Les bombes ont eu heureusement le bon esprit de tomber à des endroits déjà interdits aux avions : nous pouvons ainsi décoller sans trop de difficultés et effectuer plusieurs missions au cours de la journée. Mais hélas ! Les renseignements arrivent mal, très dispersés, faux et incomplets. Impossible de retrouver l'itinéraire de toutes ces expéditions réunies et cette chère D.A.T du temps de paix en souffre.

Beaucoup de missions de couverture aujourd'hui dont aucune n'est couronnée de succès le matin. Par contre un peu de bagarre l'après-midi. Au cours d'une première mission, Baptizet, Tesseraud et Jaussaud sont attaqués par une dizaine de ME-109, mais devant cette supériorité leur rôle n'est obligatoirement que passif. Jaussaud est sidéré : « ils nous grimpent sous le nez avec une facilité dérisoire et nous ne sommes qu'à 5.500 mètres » dit-il. Bagarre sans résultat et sans dommage pour personne, seul l'avion de Tesseraud a reçu une balle dans le plan droit.

 

16 mai 1940

Journal de marche :

Toujours aussi peu d’avions disponibles : six à l’Escadrille. C’est maigre ! Et les pilotes s’arrachent les places. Ca donne un peu plus de travail au commandant d’Escadrille qui, pour donner l’exemple, n’hésite pas à se sacrifier et à rester au sol abandonnant ses chères habitudes d’emmener tout le monde avec, au dessus de lui, son fidèle Baptizet. Les déshérités, ceux qui ne volent pas, restent à errer comme des âmes en peine autour du cantonnement. Certains, plus philosophes, essaient de taquiner le goujon dans la canal de la Marne.

Une protection sur le secteur Reims-Vernier-Neufchatel. Elle est emmenée par le Sous-Lieutenant Plubeau et groupe l’Adjudant Tesseraud le Sergent chef Jaussaud, le Sous-Lieutenant Baptizet, le Capitaine Engler et le C/C. Puda. C’est la 3 qui emmène tout le dispositif avec deux patrouilles. L’ensemble parait homogène et sur le secteur à l’altitude de 5.500 mètres, tout est bien calme au début. Mais tout à coup vers 14 h.40 sont aperçus des éclatements de D.C.A. à une distance très respectueuse d’une trentaine de bombardiers en plusieurs pelotons : tout le monde file dessus. L’Adjudant Villey chef de la patrouille-guide, attaque plein travers, peut-être un peu prématurément. Le peloton se disloque : il s’ensuit une bagarre générale au cours de laquelle les bombardiers paraissent très maniables. Puda poursuit un Do 17 jusqu’au sol où il s’écrase à Berry-au-Bac. Le capitaine Engler est déchaîné : il tire partout, touche gravement un Ju 86 (En fait Do 17Z du KG 2) qui ne rentrera probablement jamais chez lui. Mais toute cette bagarre est bien confuse, d’autant plus qu’à la fin arrivent quelques Me 110. Au retour, Plubeau et Jaussaud ont ramené quelques balles sans importance. Le brave Jaussaud est mécontent de sa journée :

« Si les attaques avaient eu lieu en groupe plus compacts, si personne ne recherchait la victoire personnelle, le palmarès eut été plus riche » dit-il.

Alors que les avions sont à peine posés, on voit un incendie formidable se déclencher à Vitry-le-François. Les bombardiers boches sont passés par là. La ville flambe sans que nous ayons rien pu faire. En fin de soirée, le lieutenant Hlobil, part à Auxerre. Il emmène l’avion du Commandant Borne qui a été gravement touché hier, à la station-service Curtiss.

De leur côté, le S/C Casenobe (H-75 n° 189) et le Commandant Rozanoff abattent eux aussi un Do 17 qu'ils prennent pour un Ju 86 qui va s'écraser dans les bois entre Fismes et Reims puis Casenobe abat seul un Me 110C du 8./ZG 26 (codé 3U+FW) à Pévy. L'équipage est tué.

 

Adjudant Villey S/C Casenobe Sergent Dietrich

 

25 mai 1940

Mission de protection d'un Potez 63 de reconnaissance dans le secteur de Berry-au-Bac / Rethel / Attigny. La mission mobilise 17 Curtiss qui décollent à 10 h 15. Alors que la mission touche à sa fin, 5 Me 109 du I./JG 53 lancent une attaque éclair, rapidement pris en chasse par les Curtiss. Plus rapide que les autres, l'Adjudant Villey se place en tête, rattrape l'un des Me 109 et commence à tirer alors qu'il ne se trouve plus qu'à 50 mètres derrière lui. Il touche le Messerschmitt qui parvient cependant à le distancer tout en dégageant de la fumée. A ce moment là, le Sergent Dietrich qui arrive encore plus vite, percute l'arrière du Curtiss de Villey (H-75A-3 n° 200), le coupant en deux. Il parvient à sauter en parachute mais celui-ci ne s'ouvre qu'à 50 mètres du sol et ne ralenti pas suffisamment la chute. Il s'écrase à Cauroy, à 18 km à l'Ouest de Vouziers. Il semblerait que le Sergent Dietrich qui avait été préalablement touché en combat était mortellement blessé au moment de l'impact et qu'il n'avait plus le contrôle de son appareil désemparé.

 

Entre le 10 et le 25 mai 1940, l'Adjudant Villey avait accompli 12 missions de guerre et totalisé 90 heures de vol de guerre depuis septembre 1939. Titulaire de la Croix de guerre avec 4 Palmes et 1 étoile d'Argent, il recevra la Médaille Militaire à titre posthume le 29 septembre 1941. Au cours de sa carrière, il avait accumulé 1400 heures de vol.


 

NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle peut-être organisée comme suit :

- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles légères).

 


Traducteur / Translator / Traduttore / übersetzer / vertaler

 


   


Croix de Guerre 1939-45
Médaille Militaire
 


 



 


Victoires aériennes

Victoires  
3
.
2
  Collaboration
Probables  
1
.
o
  Collaboration
Non confirmées  
o
.
o
  Collaboration
Endommagés  
o
.
o
  Collaboration

Objectifs terrestres
.
Avions détruits au sol  
-
.
-
  Endommagés au sol
Blindés  
-
.
-
  Véhicules
Locomotives  
-
.
-
  Bateaux

VICTOIRES
Date Heure Revendic Type Unité Avion d'arme Unité Lieu   Référence
08/09/39 15.00 16.00 Détruit Me 109
I./JG 53 H-75A GC II/4 Schaidt
1
2
(Adj) Villey Pierre
(A/C) Cruchant Robert
30/09/39 16.55 Détruit Me 109E-3
5./JG 53 (Pil tué) H-75A GC II/4 Oberseebach
2
(Adj) Villey Pierre
21/11/39 15.45 16.10 Détruit Me 109E
I./JG 52 H-75A GC II/4 Bitche
3
(Adj) Villey Pierre
16/05/40 14.30 Détruit Ju 86
Do 17Z du KG 2 H-75A GC II/4 Fismes
-
4
(Slt) Guillou
(Adj) Villey Pierre
16/05/40 14.30 Probable Me 110C
8./ZG 26 H-75A GC II/4 Fismes
-
(Adj) Villey Pierre
25/05/40 11.30 Détruit Me 109
I./JG 53 H-75A GC II/4 Perthes
5
1
(Adj) Villey Pierre
(Sgt) Dietrich


Sources

Avions Hors Série numéro 20 : Les As français de 1939 - 1940 : Première partie d'Accart à Lefol
Avions Hors Série numéro 25 : Les As français de 1939 - 1940 : Seconde partie de Le Gloan à Williame
http://www.ordredelaliberation.fr/fr_doc/liste_biographie.htm
http://www.gc2-4.com