Camille Plubeau est né le 6 janvier 1910 à Auxelles-Haut,
dans le territoire de Belfort. Il est sélectionné en
mars 1929 pour suivre les cours de l'école Morane d'Angers
où il obtient son brevet élémentaire le 10 août
suivant. Après un stage de perfectionnement à Istres,
il est affecté en décembre 1929 au second groupe du
34eme Régiment d'aviation mixte
stationné au Bourget. Nommé Sergent en octobre 1930,
il quitte la chasse en juin 1932 pour voler sur Potez 25 au sein de
la 9e Escadrille du 37e Régiment d'Aviation
d'Observation au Maroc. Rentré en France en décembre
1934, il est affecté en avril 1935 au GC
I/5 à Lyons, puis à Reims. En mai 1934, il intègre
le GC II/4 nouvellement formé.
Le 3 septembre 1939, lorsque la France déclare la guerre à
l'Allemagne, l'Adjudant Plubeau se
trouve à Xaffévillers, comme chef de patrouille au sein
de la 4eme Escadrille du GC II/4, équipé
de Curtiss H-75. Huit jours plus tard, il est victime de son premier
accident, brisant sa jambe de train après être passé
dans un trou.
Curtiss H-75 du GC II/4
|
CAMPAGNE
DE FRANCE
24
septembre
1939
|
A 14 h 40, décollent 2 patrouilles en mission de protection
d'un Potez 637 du GR II/52 à
1500 m. sur le secteur Eppembrum-Hornbach composées
comme il suit : Adjudant Plubeau
(H-75A-2 n° 108) aspirant Le Calvez,
Sergent De La Chapelle
(H-75A-1 n° 66), Lt Dupéret
, Adjudant Dardaine et Adjudant
Tesseraud (H-75A-1 n°
74). Arrivée sur le secteur à 15 h. et à
basse altitude à cause du plafond, rien n'est à
signaler jusqu'à 15 h 30. A ce moment, l'Adjudant Plubeau
voit l'ennemi sous la forme de 6 Me 109D du JGr
152 qui se trouvent à l'Est d'Hornbach, bientôt
rejoints par 4 Me 109E des I et 6./JG
53. Par radio tout le monde est alerté : "Attention,
préparez vos mitrailleuses, voilà les Fritz".
Le combat s'engage immédiatement, les patrouilles s'attaquant
de face. Très rapidement, l'avantage est pris par Plubeau
et les siens. En 10 minutes, 2 avions ennemis sont abattus,
l'un tombe dans les lignes françaises, abattu par l'Adjudant
Dardaine, l'autre est descendu
par l'adjudant Plubeau au
sud de Pirmasens. Mais au cours du combat le Sergent De
La Chapelle a été touché. Son avion
est en feu. Avec décision, il revient en rase mottes
dans nos lignes et là, après une superbe chandelle,
se laisse tomber en parachute et atterrit en territoire français,
à 800 m. des lignes où il est reçu a
bras ouverts par nos fantassins.
Tout le monde se regroupe et revient sur le secteur. A 15
h. 45, nouvel engagement sans résultats surs, quoique
les Adjudants Tesseraud
et Plubeau aient chacun poursuivi
un avion ennemi à 50 mètres dans la queue jusqu'à
épuisement complet des munitions et aient observé
des fuites d'eau ou d'essence significatives.
Bref, tout le monde est sauf, et, à part De
La Chapelle, rentre au terrain. Le Lt Dupéret
a son avion touché par de nombreuses balles et un obus
de petit calibre. L'adjudant Dardaine,
en plus de sa victoire, ramène aussi des balles.
Le soir, au Mess des sous-officiers, cette glorieuse journée
s'arrose dans la joie..
|
30
septembre 1939
|
Au cours d'une mission de couverture sur
Dellfeld - Eppenbrunn entre 11 h et 11 h 20, cinq Curtiss qui
escortent un Potez 63 interceptent 6 Me 109 qui tentent d'attaquer
l'appareil de reconnaissance. Camille
Plubeau, aux commandes du Curtiss H-75A-1 numéro
88 parvient à toucher l'un des Me 109 qui crache une
épaisse fumée mais il ne peut le suivre, De
La Chapelle étant en difficulté, et doit se
contenter d'une victoire probable.
|
31 octobre 1939
|
Chasse libre sur le secteur du Rhin de 15
h.45 à 16 h.15. Avion d'observation ennemi signalé
en bordure du fleuve entre 15 h.30 et 16 h.30. L'Adjudant Plubeau
emmène une patrouille double composée ainsi :
Adjudant Plubeau (Curtiss H-75A-2
n° 169) - Lieutenant Vincotte
- Adjudant Tesseraud - Adjudant
Baptizet - Lieutenant Duperret.
Un Hs 126 du 4.(H)/22 est attaqué
à 16 h 00. Son pilote pose l'appareil dans un champ vers
Offenburg après que 5080 cartouches aient été
tirées dans sa direction et que son mitrailleur arrière
ait été tué.
|
8
novembre
1939
|
Mission à effectuer : la 3ème
escadrille doit assurer la protection dun Potez 631 de
14 h. à 14 h 20 ? L'escadrille doit elle-même assurer
la protection de la 3 en arrivant à 14 h 10 à
laltitude supérieure (6000 mètres), participent
à cette mission : Lieutenant Vincotte
Adjudant Plubeau (Curtiss H-75A-2
n° 169) Adjudant Baptizet
Adjudant Tesseraud Capitaine
Borne Sergent De
La Chapelle. Le lieutenant Vincotte
qui devait commander la patrouille Guide senlise au départ.
Il viendra sur les lignes mais ne trouvera pas les patrouilles.
L'Adjudant Plubeau prend le
commandement de la patrouille double de lEscadrille. Peu
de temps après son arrivée sur le secteur il aperçoit
vers 6500 mètres encore loin chez lennemi, un bimoteur,
bidérives qui lui paraît douteux. Il se trouve
suis à 5.800 : il fait le signal ennemi en vue et fait
un large virage en prenant de laltitude. Le capitaine
Borne en panne de mitrailleuses
rentre au terrain. Baptizet
se joint à la patrouille. Lavion sapproche
de la France, et Plubeau se
place à larrière en continuant à
grimper, 2 Me 109 viennent reconnaître le bi-moteur, Plubeau
pense quils vont lattaquer
non, ils font demi-tour
De La Chapelle, le seul,
les poursuit et se fait attaquer. Plubeau
se rapproche toujours, ayant Baptizet
à sa gauche et derrière, Tesseraud,
plus en arrière encore et à droite. Plubeau
est à 60 mètres de larrière, légèrement
au-dessous et dans laxe. Lennemi ne les a pas vu
car il ne bouge pas. Plubeau
prend son temps, il lajuste et tire une rafale. Il voit
ses balles arriver dans les réservoirs, à chaque
impact il sort une flamme, Baptizet
voit également très bien leffet de ses balles.
La fumée commence à sortir lavion fait une
abattée à gauche. Il a son compte. Il s'agissait
d'un Do 17P de la I.(F)/22 dont
deux membres d'équipage seront capturés. Bien
que de nombreux pilotes aient tiré sur le Dornier, seul
Plubeau se vot attribuer le
crédit de la victoire, le Capitaine Borne estimant, contre
l'avis du Lieutenant Guieu, que
son attaque décisive aurait suffit à envoyer l'appareil
au tapis.
|
23
novembre
1939
|
En fin de matinée, Plubeau
et le lieutenant Girard partent
à leur tour, après que Baptizet
ait échoué dans l'interception d'un bombardier
isolé. Les deux pilotes sont attirés par la D.C.A.
de Sarrebourg sans succès. Enfin, vers Charmes, ils voient
un Do 17 qui file très haut vers lest. Ils le poursuivent
: Plubeau se met en position
de tir. Malheur ! sur six mitrailleuses, une seule (de capot)
fonctionne, et pas de balles incendiaires. Il a peut-être
tué le mitrailleur ? En tout cas ses armes ne tirent
plus. Quant au lieutenant Girard,
il regardait Plubeau tirer.
Quand Plubeau eut terminé
son carton. Girard se rapproché
du Do 17 qui, tout de suite, pique et il le perd de vue. Journée
manquée : Plubeau est
écoeuré. Décidément ces «six
mitrailleuses» sont une source dennuis. Plubeau
réclame à corps et à cris un « 4
mitrailleuses » hélas, ils se font de plus en plus
rares.
|
Cette fois le calme est rompu... Tesseraud
est content. il était environ 4 heures 10 lorsque nous avons
tous été réveillés en fanfare : ronrons
de moteurs, sifflements d'éclatements de bombes et tirs de
D.C.A. Que se passe-t-il ? Des bombardiers ennemis, venus en deux
vagues, essaient de bouleverser notre terrain, heureusement noyé
dans le brouillard. Malgré cette protection naturelle, 50 bombes
sont tombées sur le terrain et ses abords immédiats
(d'autres sont tombées plus loin). La 3ème Escadrille
a été la plus touchées, 5 de ses avions sont
touchés, et le mess des officiers est détruit; un soldat,
un ancien qui devait être libéré ce jour même
est gravement blessé; on doit l'amputer d'une jambe.
L'Escadrille a été plus épargnée : un
seul avion a reçu un éclat, pas de blessés. Seul
le sergent Imbert qui était de
garde et qui s'était couché dans un fossé quand
les bombes tombaient a été fortement commotionné
pas une bombe qui a éclaté tout près de lui.
Enfin des renseignements : la Belgique, la Hollande et le Luxembourg
ont leur frontière violée. Plus de doute, c'est la vraie
guerre et, comme le dit Jaussaud : «
la guerre des papiers et des révérences est terminée
».
Les bombes ont eu heureusement le bon esprit de tomber à des
endroits déjà interdits aux avions : nous pouvons ainsi
décoller sans trop de difficultés et effectuer plusieurs
missions au cours de la journée. Mais hélas ! Les renseignements
arrivent mal, très dispersés, faux et incomplets. Impossible
de retrouver l'itinéraire de toutes ces expéditions
réunies et cette chère D.A.T du temps de paix en souffre.
Beaucoup de missions de couverture aujourd'hui dont aucune n'est
couronnée de succès le matin. Par contre un peu de bagarre
l'après-midi. Au cours d'une première mission, Baptizet,
Tesseraud et Jaussaud
sont attaqués par une dizaine de ME-109, mais devant cette
supériorité leur rôle n'est obligatoirement que
passif. Jaussaud est sidéré
: « ils nous grimpent sous le nez avec une facilité dérisoire
et nous ne sommes qu'à 5.500 mètres » dit-il.
Bagarre sans résultat et sans dommage pour personne, seul l'avion
de Tesseraud a reçu une balle
dans le plan droit.
11 mai 1940
|
De nouveau des couvertures avec des patrouilles simples ou
légères. Quelle impression pénible. Au
cours dune de ces couvertures, vers 10 heures, la patrouille
composée du Sous-lieutenant Plubeau
(Curtiss H-75A-2 n° 130) de ladjudant Tesseraud
(Curtiss H-75A-1 n° 8) et du sergent chef Jaussaud
est orientée vers un groupe de bombardiers. Très
vite ils rencontrent effectivement plusieurs pelotons comprenant
18 He 111, mais Plubeau voit
aussi une douzaine de Me 109 qui les protègent. Ils
font une passe rapide par lavant et seul, Jaussaud,
qui veut renouveler lattaque, se fait accrocher par
les chasseurs boches. Il est vite dégagé par
Plubeau et Tesseraud
au cours dun combat rapide qui se termine par la chute
d'un Me 109
Jaussaud doit rentrer au terrain.
Les deux pilotes français reviennent à lattaque
des Heinkel. Plubeau a lailier
gauche dans son collimateur tout près. Il tire dans
le moteur gauche, il tire sans arrêt, jusquau
retour des Me 109 qui lobligent à rompre le combat
avant dêtre sûr de sa victoire : mais du
terrain ou on peut voir les dernières phases de ce
combat, les mécaniciens sont formels : ils ont vu lun
des He 111 du peloton faire demi-tour. Et on apprenait quune
demi-heure après un He 111 sabattait à
80 kilomètres de là avec le moteur gauche en
feu. Mais cet avion est réclamé par la D.C.A.
Dautres couvertures ont lieu pendant toute la journée,
mais sans aucun succès. Notons dailleurs qu"ils"
travaillent plus le matin que le soir. Travail fébrile
de la part de tous et en particulier des mécaniciens
entretien des avions, plein, travaux de terrassement de tranchées
: les heures ont été bien remplies. Que nous
réserve demain ?
|
15 mai 1940
|
Mission de couverture au Sud de Charleroi entre 11 h 00 et
12 h 10 réalisée par les sept Curtiss encore
disponibles. Au Sud de Reims, les français rencontrent
neuf bombardiers qu'ils identifient comme des "Ju 86"
(En fait des Do 17 du III./KG 2)
protégés par une douzaine de Me 109E des I
et II./JG 52. Attaquant dans un premier
temps les bimoteurs, les Curtiss sont aussitôt pris
en chasse par les Me 109. Le Sous-Lieutenant Plubeau,
les Adjudants Tesseraud
(Curtiss H-75A-1 n° 8) et Baptizet
(Curtiss H-75A-1 n° 96), abattent chacun un Me 109, le
premier à côté de Vouziers, les deux autres
un peu plus au nord (Les allemands reconnaittront la perte
de 3 Me 109 ce jour là, deux du Stab
I./JG 52 et 1 du II./JG 52).
Le Capitaine Guieu (H-75A-2
n° 186) parvient à toucher un Me 109 mais emporté
par son élan il se rapproche rapidement et ne peut
poursuivre le tir. Il est 11 h 30 et le Me 109 s'enfuie en
laissant échapper une fumée blanche qui laisse
penser que le radiateur est touché. Il est aussitôt
pris en chasse par le S/C Casenobe
(Curtiss H-75A-2 n° 103) qui le laisse finalement partir,
considérant qu'il ne pourra regagner sa base. Reprenant
de l'altitude, Guieu regroupe
le S/C Casenobe et le Sous-Lieutenant
Baptizet. A 12 h 30, ils
rencontrent un Hs 126 sur lequel ils effectuent de nombreuses
passes après que l'appareil de reconnaisance se soit
rapproché du sol pour tenter d'y trouver refuge. L'appareil
est literralement criblé de balles, tuant le mitrailleur
arrière. Concentré sur la poursuite, le Capitaine
Guieu ne remarque pas un arbre
plus haut que les autres et en percute violemment la cime.
Le moteur plein de branches, un bout de plan arraché
et un cylindre percé par une balle, il parvient malgré
tout à ramener son appareil au terrain. Une fois encore,
ils abandonnent l'appareil alors que celui-ci est totalement
désemparé. Il sera homologué aux 3 pilotes.
Pendant ce temps Paulhan,
aux commandes du Curtiss H-75A-2 n° 192 se joint au Lieutenant
Vinçotte et au Sous-Lieutenant
Plubeau (Curtiss H-75A-1 n°
97) qui a repris de l'altitude pour détruire l'un des
"Junkers" qu'ils abandonnent dans la région
de Warmeriville. Outre la destruction du bombardier, l'attaque
française a eu pour effet de provoquer le largage des
bombes dans la nature. Les 3 pilotes se lancent alors à
l'attaque d'un second bombardier mais Plubeau
doit rapidement abandonner, une balle explosive ayant fait
un trou de 15 cm au-dessus de son pare-brise. Des éclats
ont traversé son casque et sont venu s'arrêter
sur son cuir chevelu.
|
18 mai 1940
|
Entre 15 h et 15 h 30, mission de protection d'un Potez 63-11
du GR I/36 par 11 avions dont
6 pilotes dela 4eme Escadrille et 5 de la 3eme Escadrille
qui volent à l'échelon inférieur : Commandant
Rozanoff, Sous-Lieutenant Rubin,
Capitaine Guieu (H-75A n°
189), Adjudant Paulhan (H-75A-1
n° 89), Sous-Lieutenant Plubeau
(H-75A-2 n° 130), Sous-Lieutenant Baptizet,
Capitaine Engler, Sous-Lieutenant
Cordier, Lieutenant Girard,
C/C Puda.
Répartis en 4 patrouilles le dispositif attaque un
premier Hs 126 isolé qui avait été signalé
à 15 h 07 par Plubeau
et qui est abattu 5 minutes plus tard par 4 pilotes de la
3eme Escadrille après une dizaine de passes : (Cdt)
Rozanoff Yves (Cpt) Guieu
Régis (Sgt) Paulhan
Jean (Slt) Rubin René.
Une fois regroupé, le dispositif engage le combat
avec des Me 109. Le Capitaine Engler
et le Sous-Lieutenant Plubeau
obtiennent une victoire à deux au Sud de Rethel (L'un
d'eux est un Me 109E-3 du 7./JG 53
abattu à l'ouest de Rethel et dont le pilote est capturé).
Les Curtiss se regroupent à nouveau à 2500
m et rencontrent, vers 15 h 25, une trentaine de He 111 du
KG 55. Les "Diables Rouges"
attaquent les premiers, suivis par la patrouille de Plubeau.
Deux He 111 sont abattus, partagés entre 6 pilotes
: (Slt) Plubeau Camille,
(Lt) Girard, (Cpt) Engler,
(Cpt) Guieu Régis,
(Slt) Rubin René,
(Sgt) Paulhan Jean.
Alors qu'ils rentrent à leur terrain, une dernière
rencontre avec une formation ennemie oblige les français
à engager le combat alors que ceux-ci n'ont plus ni
essence ni munitions. Au cours d'un bref échange, Plubeau
parvient à placer sa dernière rafale sur un
Me 109 du 2./JG 76 qui va finalement
s'écraser près de la Fère et dont le
pilote sera capturé. C'est la quatrième victoire
de la journée pour Camille
Plubeau qui, avec 10 victoires homologuées, prend
largement la tête du palmarès de l'Escadrille
et du Groupe.
Escorté par Paulhan, le Capitaine Guieu,
moteur touché par un mitrailleur, se pose sur le terrain
de Vraux, occupé par les Britanniques et regagnera
le lendemain le terrain d'Orconte après une réparation
de fortune
|
Camille Plubeau (Le plus à gauche)
6 juin 1940
|
Le 6 juin, entre 5 h 30 et 6 h 05, mission de couverture
sur Vic-sur-Aisne / Vailly, réalisée par 6 Curtiss
: Sous-Lieutenant Fauconnet,
le Sergent-Chef De La Chapelle,
et le Sergent-Chef Jussaud, Sous-Lieutenant
Plubeau (H-75A-3 n° 218),
Lieutenant Hlobil Sous-Lieutenant
Cordier.
Journal de marche :
Après un premier combat, le Sous-Lieutenant Plubeau
reste seul sur le secteur avec son équipier, le Lieutenant
Hlobil. Attaqué par 6
Me 109E de la 2./JG 76, plubeau vire,
se met dans la queue du troisième et l'envoie s'écraser
selon le témoignage de troupes au sol.
Comme la couverture demandée doit se faire à
très basse altitude, Plubeau
décide judicieusement darriver près du
secteur à 5.000 mètres, pour dégager
le ciel, si besoin est, et de descendre alors à laltitude
de travail, à 10 kilomètres de Soissons. Plubeau
commence à descendre doucement en appelant par la radio
Fauconnet qui se trouve beaucoup
trop loin et beaucoup trop haut : non décidément
Fauconnet ne comprend pas
Et quand six Me.109 lui tombe dessus la patrouille est seule
pour recevoir le choc. Plubeau
fait demi-tour en reprenant de laltitude, mais il ne
peut pas arriver avant que les boches nai réussi
à faire du grabuge. Fauconnet
en a eu un dans le dos tout de suite, il a pris une bonne
giclée, qui a mis son avion hors de combat, lui-même
est blessé à la jambe, il na plus qu'une
chose a faire, rentrer au terrain où nous le voyons
arriver sans fierté, et ou, après avoir vainement
tenté de sortir le train, il est obligé de se
poser, sur le ventre. Jussaud
a pu, au cours du combat, se mettre dans la queue dun
Messerchmidt, et larroser copieusement ; il est fort
probable quil la descendu, il la abandonné
avec de la fumée caractéristique aux fesses,
mais il en avait un autre derrière qui devenait mordant
et il a du se dégager. Il ne ressort de lissue
de ce combat quune assez forte confusion dans lordonnance
de nos patrouilles. Seuls, Plubeau
et Hlobil, se retrouvent sur
le secteur.
Quelques minutes après, six Me109 leur tombent sur
le paletot, Plubeau vire à
gauche en battant des plans, mais Hlobil
aime le sport, il en a vite un dans la queue, qui lui envoie
des giclées fantastiques, sans quil fasse autre
chose que de rendre légèrement la main
Mais
il y a un Dieu pour les jeunes pilotes, car le Me 109 dégage
et laisse le brave Hlobil, continuer
sa navigation en ligne droite
Quant à Plubeau,
il na pas perdu son temps ; il sest mis aussitôt
dans le dos du troisième et a pu facilement tirer quelques
rafales avant de dégager devant la menace de ceux qui
suivaient. Résultat : le Messerchmidt sest écrasé
au sol comme le témoignait les troupes au sol, au cours
dune liaison téléphonique quelques heures
après. Mais il nen a pas moins perdu de vue Hlobil,
il a même quelques inquiétudes. Il reste un moment
encore sur le secteur et rentre tout seul au point de ralliement.
Il ny voit personne. Et pourtant Hlobil,
y avait bien trouvé quelques instants plus tôt
Cordier, De
La Chapelle, et Jussaud qui
étaient arrivés avant lui. Dans cet ensemble
qui ne brille pas par son homogénéité,
personne ne veut prendre linitiative des opérations.
Jussaud se décide enfin
et veut emmener tout le monde vers.. Louest. Cordier
réagit et part de son côté, avec Hlobil
tous les deux arrivent bientôt à Orconte. Jussaud
et De La Chapelle se
retrouvent tout dun coup à La-Ferté-sous-Jouarre
(drôle didée). Là ils se rendent
compte de leur erreur (heureusement) et enfin mettent le cap
vers lest. (De La
Chapelle aurait pu tout de même le faire avant,
en sa qualité de vieux Rémois il aurait pu reconnaître
un peu mieux la région).
Un tout petit peu plus tard, mission de couverture des ponts
de l'Aisne de Fontenoy à Vally. Six Curtiss patrouillent
entre 6 h 30 et 7 h 45. Un des avions ayant rebroussé
chemin suite à un problème mécanique,
se sont 5 appareils qui interceptent deux Hs 126 à
7 h 20. L'Adjudant Paulhan
(Curtiss n° 276) attaque celui de droite, suivi par le
Sous-Lieutenant Guillou et les
autres pilotes : Capitaine Guieu,
Blanc , Truhlar
, Rubin. Le mitrailleur est rapidement
mis hors de combat. Seul Paulhan
continue la poursuite jusqu'aux lignes allemandes, à
Fourdain, où il s'écrase en flamme. Faute de
témoins, seule une victoire probable sera accordée.
Retour sur le secteur que les pilotes tiennent à 3
jusquà 7 heures 45. Au moment den partir
Paulhan bat des plans et nous
dirige vers Villers Cotterets, à la rencontre de 2
Me 109 rentrant chez eux. il leur coupe la retraite, mais
ils les mènent vers un paquet de 5 + 3 autres. Paulhan
attaque Ses équipiers suivent mais n'obtiennent
pas de résultats, car ils ont toujours un boche dans
la queue au moment den attaquer un autre. Les équipiers
de Paulhan le perdent de vue
et rentrent en rase mottes. Au même moment, l'Adjudant
Paulhan est aux prises avec
3 Me 109 et peut sapprocher de lun deux
quil seringue à 20 m . Il voit le boche amorcer
un lent virage à droite pendant le el il tire encore,
puis il labandonne, fait face aux deux autres qui ont
fait demi tour. Il a très vraisemblablement descendu
son Me 109 dans la région de la Ferté Milon
Cependant
que Paulhan se bagarre seul
contre 4 Me 109 et descend très certainement lun
deux, il est lui même touche, Paulhan
doit se poser en campagne.
|
9 juin 1940
|
Le Mission de chasse libre sur Rethel Attigny avec deux patrouilles
triples à partir de 8 h 30. Vers Reims, les 8 pilotes
français de la 4eme Escadre attaquent des bombardiers
du II./KG 77. Les 9 appareils
de la 3eme Escadre qui devaient les protégéer
se lancent à leur tour à l'attaque des bombardiers
mais les Me 109 du II./JG 52 qui survolent
le tout piquent à leur tour. L'Adjudant Paulhan,
attaqué par plusieurs Me 109E parvient à remporter
une victoire confirmée au Nord de Troyes (Me 109E-1
du 4./JG 52 abattu près d"Epernay),
avant de se poser lui-même en campagne, grièvement
blessé et son Curtiss n° 89 défintivement
perdu. Du sol, il a le temps de voir un second bombardier
qui tombe mais qui ne sera jamais revendiqué par quiconque.
Nouvelle mission de destruction sur le secteur de Rethel-
Attigny. Le temps est superbe, pas un nuage, une visibilité.
Nous partons à trois patrouilles ainsi constituées
: Lieutenant Vinçotte,
sous-lieutenant Cordier, Sergent-Chef
De La Fléchère,
Sous-Lieutenant Plubeau, Sergent-Chef
Jaussaud, Sergent-Chef Posta,
Adjudant Tesseraud, Sergent-Chef
De La Chapelle, Sergent-Chef
Puda,
et au-dessus une patrouille triple de la troisième
escadrille, qui doit assurer la protection du dispositif.
Journal de marche (Ecrit par le Lieutenant Vinçotte)
: Le décollage a lieu à 9 h.20. Puda
qui a des ennuis avec ses mitrailleuses nous quitte presque
aussitôt. Dès que nous arrivons sur le secteur
nous commençons par voir plusieurs pelotons de trois
bombardiers qui se dirigent vers le sud-ouest. Je décide
d'attaquer le chef du premier peloton et je manoeuvre pour
le tirer trois quarts arrière. C'est ce que je fais,
mes équipiers me suivent comme mon ombre. Une première
rafale qui va être bientôt suivie d'une deuxième.
La deuxième patrouille attaque immédiatement
derrière nous. Bonne défense des bombardiers.
Mise en cercle. Et très vite tout le monde s'en mêle.
Les bombardiers étant très nombreux et le ciel
paraissant vide de tout chasseur. Les trois patrouilles de
la troisième Escadrille descendent de leur perchoir,
pour bagarrer aussi. Mais tout à coup changement de
décors
des pois blancs qui basculent. Ce sont
des Messerschmidt qui nous tombent dessus. Ils sont en force
et attaquent immédiatement les Curtiss qui courraient
aux fesses des bombardiers. Combats tournoyants que les Me
109 n'acceptent pas toujours. Confusion extrême.
Au cours de ces combats Plubeau
réussit encore une fois à se signaler : il se
met dans la queue d'un Boche avec la maestria que nous commençons
à lui connaître et le met en flammes après
lui avoir largué une bonne série de rafales
; il doit le laisser à son sort avant d'avoir eu la
joie de le voir percuter car il y en a un dans sa queue qui
commence à devenir menaçant. Pour ma part, je
suis resté avec le fidèle De
La Fléchère qui en prend un que je venais
de tirer et qui l'accompagne en feu jusqu'au sol. Très
bien De La Fléchère.
J'avais abandonné ce pigeon car il y en avait un qui
me tirait trois quart avant et que j'avais dû éviter.
J'aperçois alors un Curtiss qui paraissait mal parti
avec 2 boches aux fesses.
Je réussis à les seringuer, mais à ce
moment le mauvais qui venait me tirer revenait par l'arrière
et m'envoyait un superbe obus dans l'empennage. Le choc me
fit faire un triple tonneau déclenché, et j'avoue
que je ne me suis pas senti très fier, pendant quelques
instants. Mais tout s'est à peu près bien terminé,
et je n'avais plus qu'à revenir à Chalons, le
point de ralliement. Là, je rencontrais De
La Chapelle qui n'en revenait pas d'avoir seringué
un Boche de très près sans apparemment lui avoir
fait le moindre mal
La Fléchère
bien protégé par Casenobe,
de la 3, est revenu avec un taxi presque défaillant
: il a réussi à se poser de justesse sur le
terrain après avoir effrayé quelques témoins.
Plubeau est écoeuré,
car, en bonne position il a raté un deuxième
avion. Pour ma part j'avoue que c'est moi-même qui suis
défaillant
En somme, nous n'avons pas été
trop malheureux puisque avec des dégâts vraiment
limités, nous avons sûrement descendu un Junkers,
qui s'est abattu près de Mourmelon, après que
2 des occupants se soient jetés en parachute. Un Messerschmidt
a été descendu par Plubeau
et il y en a un autre très probablement pour La
Fléchère et moi-même
A la
3 ils ont été moins heureux puisque Blanc
(note au feuillet suivant) a du se jeter de son avion en flammes
et que Paulhan
a du poser son avion en détresse près de Mourmelon.
Le soir, le groupe entier remet ça sur le même
secteur. Nous y avons rendez-vous au Groupe I/5
qui est stationné presque à coté de nous
à St-Dizier. Trois patrouilles de la 3 doivent protéger
un Potez. Une patrouille triple de chez nous les protégent
et une quinzaine de Curtiss circulent audessus. Chez nous
prennent l'air : Sous-Lieutenant Plubeau,
Sous-Lieutenant Cordier, Lieutenant
Hlobil, Capitaine Engler,
Sergent-chef De La Chapelle,
Sergent-chef Posta, Adjudant
Tesseraud, Sergent-chef
Jaussaud, Sergent-chef Puda.
Tout ce joli monde (il paraît que j'emploie souvent
cette expression) s'achemine vers les lignes. Le Sergent-chef
Puda
quitte bientôt la patrouille, il a une fois de plus
des ennuis des mitrailleuses. A l'arrivée sur les lignes
deux pelotons de bombardiers sont immédiatement repérés
: l'un se dirige vers l'est, l'autre au nord de l'Aisne se
dirige vers le sud. Un peu au-dessus un Heinkel 111, qui paraissait
faire la liaison entre les 2 pelotons
Beaucoup plus
haut, à environ 1.000 mètres au-dessus de nous
exactement à hauteur et dans l'axe de la patrouille
du Lieutenant Dorance du I/5
une patrouille de cinq à six Messerschmidt, qui se
dirige, elle aussi vers le sud.
Tout devrait très bien se passer, nous sommes en force.
Et bien non. Il faut d'ailleurs dire que nous ne sommes en
fait pas si nombreux, car les avions du I/5
nous ont perdus et ils n'interviendront à aucun moment
dans la bagarre, qui s'engage dès que le Sous-lieutenant
Plubeau a photographié
l'ensemble et a pris la décision d'attaquer. Il bat
des plans et emmène ses patrouilles à l'attaque
du Heinkel 111 isolé. Ses équipiers le voient
tirer à plusieurs reprises, pendant que le Boche pique
et essaie de se mettre sous la protection du peloton qui vient
du nord. Il tire
Quand tout à coup ; crac
son avion est en feu. Il n'a que le temps de virer vers le
sud et de larguer en parachute. Le combat se poursuit d'une
façon assez confuse. Tout le monde y prend part et
tire un peu partout. Mais nous n'avons pas la supériorité.
Les résultats précis nous les ignorons. Seul
le Heinkel 111 a été vu descendu en flammes
et s'abattre au nord de Rethel.
Le Sous-lieutenant Cordier a
sauté en parachute et Plubeau
lui-même. En quelques mots il nous raconte son odyssée.
Après une chute libre volontaire de 3.000 mètres,
il s'est retrouvé en territoire français, à
300 mètres des lignes ennemies, la figure et les avant-bras
sérieusement brûlés. Recueilli par 2 soldats
d'un G.R.D. qui le ramenait vers l'arrière en moto,
il fut tout à coup arrêté par une escouade
sortie de derrière une meule de foin et malgré
ses explications et ses papiers, il fut emmené à
pieds baïonnettes dans le dos, jusqu'à un P.C.
qui se trouvait à 3 kilomètres de là,
où heureusement un chef de bataillon dispersa les trop
zélés gardiens, et s'occupa de faire évacuer
rapidement Plubeau.
Quelle impression pénible laisse à tous cette
journée. C'est tout de suite qu'il nous faut du matériel
moderne, des P.40 par exemple, qu'on puisse un peu surclasser
les boches. Hier, c'était le spectacle des villes incendiées
qui avait impressionné les pilotes ; aujourd'hui ce
sont nos pertes et nos difficultés insurmontables.
|
Le Sous Lieutenant Plubeau a effectué
43 missions de guerre entre le 3 septembre 1939 et le 9 mai 1940 et
32 entre le 10 mai et le 9 juin. Après la dissolution du GC
II/4 en août 1940, il rejoint, à Rabat, le 9 septembre
1940, la 2eme Escadrille du GC I/5 et vole
avec cette unité jusqu'au débarquement allié
en Afrique du Nord, le8 novembre 1942. Prenant part aux combats qui
se livrent contre la flotte anglo-américaine, il doit effectue
run atterrissage forcé le 9 novembre après avoir été
touché par des F4F de la VF 9.
Promu Lieutenant depuis mars 1942, il est détaché en
mai 1943 au GC II/5 "Lafayette"
et participe à la fin de la Campagne de Tunisie. Il regagne
ensuite son groupe, rebaptisé GC I/5
"Champagne" et participe, sur Belle P-39N à la
protection des convois alliés en Méditerranée.
P-39Q du GC I/5 "Champagne"
|
A partir de février 1944, il commande l'une des Escadrilles
du CIC de Meknès avant dêtre promu au grade de Capitaine
en septembre 1944. Du 20 novembre 1944 au 22 janvier 1945, il prend
la tête de l'Escadrille 2 du GC 2/9 "Auvergne"
basé à Reghaia, sur P-39Q et qui assure également
des missions de protection côtière. Le 1er juillet 1945,
il devient commandant du Groupe Aérien d'Entrainement et de
Liaison n° 87 (GAEL 87), stationné au Bourget, puis à
Villacoublay. Promu Commandant à son départ de l'Armée
de l'Air, en octobre 1946, Camille Plubeau est rayé des cadres
le 30 décembre 1957 avec le grade de Lieutenant Colonel de
réserve.
Il est décédé le 13 mars 1998.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
|