Jean Paulhan est né
le 28 novembre 1912 à Montblanc, commune de l'Hérault.
Après avoir obtenu une bourse de pilotage, il entre comme élève
à l'école Caudron d'Ambérieu où il obtient
son brevet de pilote civil. Le 19 octobre 1931 il devance l'appel
et rejoint le 2eme Groupe d'Ouvriers Aéronautiques avant d'être
affecté au 35e Régiment d'Aviation
Mixte, le 19 novembre 1932, avec le grade de Caporal Chef.
Le 30 janvier 1933, il chisoit de se réengager pour 2 ans,
cette fois ci à la 38e Escadre de reconnaissance,
obtenant le grade de Sergent le 1e Juillet. Ayant reçu son
brevet de pilote mimitaire, il rejoint, en octobre 1933, la 6e
Escadre de Chasse à Reims. Il vole alors avec la 1ere
Escadrille du GC I/6. L'unité est
redésignée GC I/42 en janvier
1935 puis GC I/4 en octobre 1936. Finalement,
Jean Paulhan est admis dans le corps des Sous-Officiers de carrière
le 30 janvier 1937. Un an plus tard, il est affecté comme instructeur
à Istres, puis en septembre 1939, sur la base d'Avord.
C'est le 22 février 1940 que l'Adjudant Paulhan,
chef de patrouille, arrive à la 3eme Escadrille du GC
II/4 à Xaffévillers. Envoyé en repos à
Marignane le 26 février, permettant ainsi d'intégrer
plus facilement les nouveaux arrivés avant de retourner en
Lorraine, le 12 avril. Du 10 au 12 mai 1940, suite au Blitzkrieg,
le Groupe subit de nombreux bombardements et des mitraillages du terrain
qui finissent par provoquer la perte de nombreux appareils, obligeant
le groupe à se repliser à Orconte, près de Saint
Dizier, le 14 mai, avec seulement 15 appareils sur les 30 que compte
normalement le groupe.

Curtiss H-75 du GC II/4
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CAMPAGNE
DE FRANCE
14 mai 1940

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Journal de Marche : Le Groupe fait mouvement de Xafevillers
à Orconte près Saint Dizier dans la Marne. Le
temps de venir des Vosges dans la Marne prendre un peu d'essence,
une mission de couverture à faire. Patrouille double
de la 3ème Escadrille. Blanc,
Cuny, Rubin,
Adj Paulhan (Curtiss H-75
n° 89), Truhlan, avec en
protection, deux patrouilles légères de la 4ème
Escadrille. Altitude:1.500. Car il s'agit d'empêcher
le mitraillage et le bombardement des pauvres fantassins qui
seraient assez mal en point, au sud de Sedan.
C'est pour Paulhan l'espoir
d'entrevoir enfin des croix noires autrement que la face contre
terre. Les appareils prennent la direction de Vouziers ; à
partir de Sainte Menehould, ils voient brûler des villages,
suite de bombardements aériens sans aucun doute, mais
d'avions point. Tout de suite après le canal des Ardennes,
une grande saignée blanche indique sans doute, la ligne
où les troupes résistent. Vers 2 000 ils continuent
sur Ormont, commencent à douter de la présence
des avions allemands, lorsque, après avoir effectué
un virage à droite pour aller dans la zone " Vendresse-Chemery
" un groupe de taxis venant du Nord apparaît, Chance
inespérée ! Signal d'attaque et virage à
gauche vers le soleil. Ils doivent se trouver à 50
ou 100 m au-dessus de nous. La manoeuvre à peine amorcée,
déjà les 2 premiers attaquent. Blanc
a l'impression que les avions de l'échelon supérieur
plongent sur les Me 110. Il décèle les Me 110
à la masse de feu qui s'allume des bords d'attaque.
Ils sont 12 ou 15 par patrouilles de trois ; première
impression : "ils ont un mordant qui se confirmera
mais paraissent peu adroit. Un demi tour m'amène derrière
un de ces beaux bi-moteur, je tire, je tire, je tire ; il
pique, j'essaie de le suivre, mais quelques balles qui sonnent
dans ma queue me rappellent qu'ils sont nombreux. D'autres
m'ont déjà suivi. Combat acharné : Rubin
me dégage et met le feu à un 110".
De leur coté, Paulhan
et Truhlan se démènent
comme des Diables. Paulhan
voit le feu à un avion allemand qu'il tire. Pendant
le combat, les appareils se sont éloignés les
uns des autres ; Blanc n'a vu
pour sa part, qu'un Curtiss et, à de très courts
instants, sans doute Rubin. Le
Sous-Lieutenant Cuny a été
mis à mal dès le début de la bagarre.
L'accrochage a du durer 10 minutes. Premier arrivé
au point de ralliement, Blanc
attend avec angoisse le retour de ses camarades : "Combien
vais-je trouver, de camarades au point de ralliement ? En
y arrivant : personne. Sale impression ! Enfin voici des points
venant du Nord. Il en manque deux, le pauvre Cuny
et Paulhan qui est revenu
seul en rase-mottes avec un avion endommagé, ne nous
voyant pas".
Retour triste et sans gloire. Au sol, l'attente, puis la
certitude qui s'enfonce en vous : Cuny
ne reviendra pas. En fait le Sous-Lieutenant Cuny
sera bien fait prisonnier par les Allemands.
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15 mai 1940

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Mission de couverture au Sud de Charleroi entre 11 h 00 et
12 h 10 réalisée par les sept Curtiss encore
disponibles. Au Sud de Reims, les français rencontrent
neuf bombardiers qu'ils identifient comme des "Ju 86"
(En fait des Do 17 du III./KG 2)
protégés par une douzaine de Me 109E des I
et II./JG 52. Attaquant dans un premier
temps les bimoteurs, les Curtiss sont aussitôt pris
en chasse par les Me 109. Le Sous-Lieutenant Plubeau,
les Adjudants Tesseraud
(Curtiss H-75A-1 n° 8) et Baptizet
(Curtiss H-75A-1 n° 96), abattent chacun un Me 109, le
premier à côté de Vouziers, les deux autres
un peu plus au nord (Les allemands reconnaittront la perte
de 3 Me 109 ce jour là, deux du Stab
I./JG 52 et 1 du II./JG 52).
Le Capitaine Guieu (H-75A-2
n° 186) parvient à toucher un Me 109 mais emporté
par son élan il se rapproche rapidement et ne peut
poursuivre le tir. Il est 11 h 30 et le Me 109 s'enfuie en
laissant échapper une fumée blanche qui laisse
penser que le radiateur est touché. Il est aussitôt
pris en chasse par le S/C Casenobe
(Curtiss H-75A-2 n° 103) qui le laisse finalement partir,
considérant qu'il ne pourra regagner sa base. Reprenant
de l'altitude, Guieu regroupe
le S/C Casenobe et le Sous-Lieutenant
Baptizet. A 12 h 30, ils
rencontrent un Hs 126 sur lequel ils effectuent de nombreuses
passes après que l'appareil de reconnaisance se soit
rapproché du sol pour tenter d'y trouver refuge. L'appareil
est literralement criblé de balles, tuant le mitrailleur
arrière. Concentré sur la poursuite, le Capitaine
Guieu ne remarque pas un arbre
plus haut que les autres et en percute violemment la cime.
Le moteur plein de branches, un bout de plan arraché
et un cylindre percé par une balle, il parvient malgré
tout à ramener son appareil au terrain. Une fois encore,
ils abandonnent l'appareil alors que celui-ci est totalement
désemparé. Il sera homologué aux 3 pilotes.
Pendant ce temps Paulhan,
aux commandes du Curtiss H-75A-2 n° 192 se joint au Lieutenant
Vinçotte et au Sous-Lieutenant
Plubeau (Curtiss H-75A-1 n°
97) qui a repris de l'altitude pour détruire l'un des
"Junkers" qu'ils abandonnent dans la région
de Warmeriville. Outre la destruction du bombardier, l'attaque
française a eu pour effet de provoquer le largage des
bombes dans la nature. Les 3 pilotes se lancent alors à
l'attaque d'un second bombardier mais Plubeau
doit rapidement abandonner, une balle explosive ayant fait
un trou de 15 cm au-dessus de son pare-brise. Des éclats
ont traversé son casque et sont venu s'arrêter
sur son cuir chevelu.
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18 mai 1940
 
 
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Entre 15 h et 15 h 30, mission de protection d'un Potez 63-11
du GR I/36 par 11 avions dont
6 pilotes dela 4eme Escadrille et 5 de la 3eme Escadrille
qui volent à l'échelon inférieur : Commandant
Rozanoff, Sous-Lieutenant Rubin,
Capitaine Guieu (H-75A n°
189), Adjudant Paulhan (H-75A-1
n° 89), Sous-Lieutenant Plubeau
(H-75A-2 n° 130), Sous-Lieutenant Baptizet,
Capitaine Engler, Sous-Lieutenant
Cordier, Lieutenant Girard,
C/C Puda.
Répartis en 4 patrouilles le dispositif attaque un
premier Hs 126 isolé qui avait été signalé
à 15 h 07 par Plubeau
et qui est abattu 5 minutes plus tard par 4 pilotes de la
3eme Escadrille après une dizaine de passes : (Cdt)
Rozanoff Yves (Cpt) Guieu
Régis (Sgt) Paulhan
Jean (Slt) Rubin René.
Une fois regroupé, le dispositif engage le combat
avec des Me 109. Le Capitaine Engler
et le Sous-Lieutenant Plubeau
obtiennent une victoire à deux au Sud de Rethel (L'un
d'eux est un Me 109E-3 du 7./JG 53
abattu à l'ouest de Rethel et dont le pilote est capturé).
Les Curtiss se regroupent à nouveau à 2500
m et rencontrent, vers 15 h 25, une trentaine de He 111 du
KG 55. Les "Diables Rouges"
attaquent les premiers, suivis par la patrouille de Plubeau.
Deux He 111 sont abattus, partagés entre 6 pilotes
: (Slt) Plubeau Camille,
(Lt) Girard, (Cpt) Engler,
(Cpt) Guieu Régis,
(Slt) Rubin René,
(Sgt) Paulhan Jean.
Alors qu'ils rentrent à leur terrain, une dernière
rencontre avec une formation ennemie oblige les français
à engager le combat alors que ceux-ci n'ont plus ni
essence ni munitions. Au cours d'un bref échange, Plubeau
parvient à placer sa dernière rafale sur un
Me 109 du 2./JG 76 qui va finalement
s'écraser près de la Fère et dont le
pilote sera capturé. C'est la quatrième victoire
de la journée pour Camille
Plubeau qui, avec 10 victoires homologuées, prend
largement la tête du palmarès de l'Escadrille
et du Groupe.
Escorté par Paulhan,
le Capitaine Guieu, moteur touché
par un mitrailleur, se pose sur le terrain de Vraux, occupé
par les Britanniques et regagnera le lendemain le terrain
d'Orconte après une réparation de fortune
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6 juin 1940
 
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Le 6 juin, entre 5 h 30 et 6 h 05, mission de couverture
sur Vic-sur-Aisne / Vailly, réalisée par 6 Curtiss
: Sous-Lieutenant Fauconnet,
le Sergent-Chef De La Chapelle,
et le Sergent-Chef Jussaud, Sous-Lieutenant
Plubeau (H-75A-3 n° 218),
Lieutenant Hlobil Sous-Lieutenant
Cordier.
Journal de marche :
Après un premier combat, le Sous-Lieutenant Plubeau
reste seul sur le secteur avec son équipier, le Lieutenant
Hlobil. Attaqué par 6
Me 109E de la 2./JG 76, plubeau vire,
se met dans la queue du troisième et l'envoie s'écraser
selon le témoignage de troupes au sol.
Comme la couverture demandée doit se faire à
très basse altitude, Plubeau
décide judicieusement darriver près du
secteur à 5.000 mètres, pour dégager
le ciel, si besoin est, et de descendre alors à laltitude
de travail, à 10 kilomètres de Soissons. Plubeau
commence à descendre doucement en appelant par la radio
Fauconnet qui se trouve beaucoup
trop loin et beaucoup trop haut : non décidément
Fauconnet ne comprend pas
Et quand six Me.109 lui tombe dessus la patrouille est seule
pour recevoir le choc. Plubeau
fait demi-tour en reprenant de laltitude, mais il ne
peut pas arriver avant que les boches nai réussi
à faire du grabuge. Fauconnet
en a eu un dans le dos tout de suite, il a pris une bonne
giclée, qui a mis son avion hors de combat, lui-même
est blessé à la jambe, il na plus qu'une
chose a faire, rentrer au terrain où nous le voyons
arriver sans fierté, et ou, après avoir vainement
tenté de sortir le train, il est obligé de se
poser, sur le ventre. Jussaud
a pu, au cours du combat, se mettre dans la queue dun
Messerchmidt, et larroser copieusement ; il est fort
probable quil la descendu, il la abandonné
avec de la fumée caractéristique aux fesses,
mais il en avait un autre derrière qui devenait mordant
et il a du se dégager. Il ne ressort de lissue
de ce combat quune assez forte confusion dans lordonnance
de nos patrouilles. Seuls, Plubeau
et Hlobil, se retrouvent sur
le secteur.
Quelques minutes après, six Me109 leur tombent sur
le paletot, Plubeau vire à
gauche en battant des plans, mais Hlobil
aime le sport, il en a vite un dans la queue, qui lui envoie
des giclées fantastiques, sans quil fasse autre
chose que de rendre légèrement la main
Mais
il y a un Dieu pour les jeunes pilotes, car le Me 109 dégage
et laisse le brave Hlobil, continuer
sa navigation en ligne droite
Quant à Plubeau,
il na pas perdu son temps ; il sest mis aussitôt
dans le dos du troisième et a pu facilement tirer quelques
rafales avant de dégager devant la menace de ceux qui
suivaient. Résultat : le Messerchmidt sest écrasé
au sol comme le témoignait les troupes au sol, au cours
dune liaison téléphonique quelques heures
après. Mais il nen a pas moins perdu de vue Hlobil,
il a même quelques inquiétudes. Il reste un moment
encore sur le secteur et rentre tout seul au point de ralliement.
Il ny voit personne. Et pourtant Hlobil,
y avait bien trouvé quelques instants plus tôt
Cordier, De
La Chapelle, et Jussaud qui
étaient arrivés avant lui. Dans cet ensemble
qui ne brille pas par son homogénéité,
personne ne veut prendre linitiative des opérations.
Jussaud se décide enfin
et veut emmener tout le monde vers.. Louest. Cordier
réagit et part de son côté, avec Hlobil
tous les deux arrivent bientôt à Orconte. Jussaud
et De La Chapelle se
retrouvent tout dun coup à La-Ferté-sous-Jouarre
(drôle didée). Là ils se rendent
compte de leur erreur (heureusement) et enfin mettent le cap
vers lest. (De La
Chapelle aurait pu tout de même le faire avant,
en sa qualité de vieux Rémois il aurait pu reconnaître
un peu mieux la région).
Un tout petit peu plus tard, mission de couverture des ponts
de l'Aisne de Fontenoy à Vally. Six Curtiss patrouillent
entre 6 h 30 et 7 h 45. Un des avions ayant rebroussé
chemin suite à un problème mécanique,
se sont 5 appareils qui interceptent deux Hs 126 à
7 h 20. L'Adjudant Paulhan
(Curtiss n° 276) attaque celui de droite, suivi par le
Sous-Lieutenant Guillou et les
autres pilotes : Capitaine Guieu,
Blanc , Truhlar
, Rubin. Le mitrailleur est rapidement
mis hors de combat. Seul Paulhan
continue la poursuite jusqu'aux lignes allemandes, à
Fourdain, où il s'écrase en flamme. Faute de
témoins, seule une victoire probable sera accordée.
Retour sur le secteur que les pilotes tiennent à 3
jusquà 7 heures 45. Au moment den partir
Paulhan bat des plans et nous
dirige vers Villers Cotterets, à la rencontre de 2
Me 109 rentrant chez eux. il leur coupe la retraite, mais
ils les mènent vers un paquet de 5 + 3 autres. Paulhan
attaque Ses équipiers suivent mais n'obtiennent
pas de résultats, car ils ont toujours un boche dans
la queue au moment den attaquer un autre. Les équipiers
de Paulhan le perdent de vue
et rentrent en rase mottes. Au même moment, l'Adjudant
Paulhan est aux prises avec
3 Me 109 et peut sapprocher de lun deux
quil seringue à 20 m . Il voit le boche amorcer
un lent virage à droite pendant le el il tire encore,
puis il labandonne, fait face aux deux autres qui ont
fait demi tour. Il a très vraisemblablement descendu
son Me 109 dans la région de la Ferté Milon
Cependant
que Paulhan se bagarre seul
contre 4 Me 109 et descend très certainement lun
deux, il est lui même touche, Paulhan
doit se poser en campagne.
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Potez 63-11 de reconnaissance
du GR I/52
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7 juin 1940

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Le lendemain, 7 juin, il participe à une mission de
protection d'un Potez 63-11 en reconnaissance au Nord-Est
de Soissons. Décollage à 5 h 30. Après
avoir laissé passer deux Dornier 17, les Curtiss subissent
l'attaque de deux groupes de Me 109, soit un total de 20 à
25 appareils. L'Adjudant Paulhan
(Curtiss H-75A-3 n° 215) ripostent et Paulhan
obtient une victoire confirmée en compagnie du Lieutenant
Tremélo.
De son côté, le Capitaine Guieu,
isolé, parvient à se débarasser des Me
109 qui l'attaquaient et rejoint le C/C Truhlar.
Ensemble; iles retrouvent un Do 17 qui ne tarde pas à
fumer. De nouveau les Me 109 s'en mêlent, poursuivant
Truhlar jusqu'à Reims.
Le mitrailleur du Potez qu'ils devaient protéger déclarera
avoir vu un Curtiss s'écraser en même temps qu'un
Me 110. Finalement, les services d'homologation consigèreront
qu'il s'agissait du Dornier, homologué à Guieu
et Truhlar. Tué au cours
du combat, le Capitaine Guieu
s'est écrasé vers 6 h 30 aux commandes de son
Curtiss n° 213 à Mortefontaine, dans l'Aisne. Son
vainqueur est probablement le Leutnant Werner
Voigt, de la 5./JG 3 qui ontient
à 6 h 25 sa première victoire sur un Curtiss.
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9 juin 1940

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Le Mission de chasse libre sur Rethel Attigny avec deux patrouilles
triples à partir de 8 h 30. Vers Reims, les 8 pilotes
français de la 4eme Escadre attaquent des bombardiers
du II./KG 77. Les 9 appareils
de la 3eme Escadre qui devaient les protégéer
se lancent à leur tour à l'attaque des bombardiers
mais les Me 109 du II./JG 52 qui survolent
le tout piquent à leur tour. L'Adjudant Paulhan,
attaqué par plusieurs Me 109E parvient à remporter
une victoire confirmée au Nord de Troyes (Me 109E-1
du 4./JG 52 abattu près d"Epernay),
avant de se poser lui-même en campagne, grièvement
blessé et son Curtiss n° 89 défintivement
perdu. Du sol, il a le temps de voir un second bombardier
qui tombe mais qui ne sera jamais revendiqué par quiconque.
Nouvelle mission de destruction sur le secteur de Rethel-
Attigny. Le temps est superbe, pas un nuage, une visibilité.
Nous partons à trois patrouilles ainsi constituées
: Lieutenant Vinçotte,
sous-lieutenant Cordier, Sergent-Chef
De La Fléchère,
Sous-Lieutenant Plubeau, Sergent-Chef
Jaussaud, Sergent-Chef Posta,
Adjudant Tesseraud, Sergent-Chef
De La Chapelle, Sergent-Chef
Puda,
et au-dessus une patrouille triple de la troisième
escadrille, qui doit assurer la protection du dispositif.
Journal de marche (Ecrit par le Lieutenant Vinçotte)
: Le décollage a lieu à 9 h.20. Puda
qui a des ennuis avec ses mitrailleuses nous quitte presque
aussitôt. Dès que nous arrivons sur le secteur
nous commençons par voir plusieurs pelotons de trois
bombardiers qui se dirigent vers le sud-ouest. Je décide
d'attaquer le chef du premier peloton et je manoeuvre pour
le tirer trois quarts arrière. C'est ce que je fais,
mes équipiers me suivent comme mon ombre. Une première
rafale qui va être bientôt suivie d'une deuxième.
La deuxième patrouille attaque immédiatement
derrière nous. Bonne défense des bombardiers.
Mise en cercle. Et très vite tout le monde s'en mêle.
Les bombardiers étant très nombreux et le ciel
paraissant vide de tout chasseur. Les trois patrouilles de
la troisième Escadrille descendent de leur perchoir,
pour bagarrer aussi. Mais tout à coup changement de
décors
des pois blancs qui basculent. Ce sont
des Messerschmidt qui nous tombent dessus. Ils sont en force
et attaquent immédiatement les Curtiss qui courraient
aux fesses des bombardiers. Combats tournoyants que les Me
109 n'acceptent pas toujours. Confusion extrême.
Au cours de ces combats Plubeau
réussit encore une fois à se signaler : il se
met dans la queue d'un Boche avec la maestria que nous commençons
à lui connaître et le met en flammes après
lui avoir largué une bonne série de rafales
; il doit le laisser à son sort avant d'avoir eu la
joie de le voir percuter car il y en a un dans sa queue qui
commence à devenir menaçant. Pour ma part, je
suis resté avec le fidèle De
La Fléchère qui en prend un que je venais
de tirer et qui l'accompagne en feu jusqu'au sol. Très
bien De La Fléchère.
J'avais abandonné ce pigeon car il y en avait un qui
me tirait trois quart avant et que j'avais dû éviter.
J'aperçois alors un Curtiss qui paraissait mal parti
avec 2 boches aux fesses.
Je réussis à les seringuer, mais à ce
moment le mauvais qui venait me tirer revenait par l'arrière
et m'envoyait un superbe obus dans l'empennage. Le choc me
fit faire un triple tonneau déclenché, et j'avoue
que je ne me suis pas senti très fier, pendant quelques
instants. Mais tout s'est à peu près bien terminé,
et je n'avais plus qu'à revenir à Chalons, le
point de ralliement. Là, je rencontrais De
La Chapelle qui n'en revenait pas d'avoir seringué
un Boche de très près sans apparemment lui avoir
fait le moindre mal
La Fléchère
bien protégé par Casenobe,
de la 3, est revenu avec un taxi presque défaillant
: il a réussi à se poser de justesse sur le
terrain après avoir effrayé quelques témoins.
Plubeau est écoeuré,
car, en bonne position il a raté un deuxième
avion. Pour ma part j'avoue que c'est moi-même qui suis
défaillant
En somme, nous n'avons pas été
trop malheureux puisque avec des dégâts vraiment
limités, nous avons sûrement descendu un Junkers,
qui s'est abattu près de Mourmelon, après que
2 des occupants se soient jetés en parachute. Un Messerschmidt
a été descendu par Plubeau
et il y en a un autre très probablement pour La
Fléchère et moi-même
A la
3 ils ont été moins heureux puisque Blanc
(note au feuillet suivant) a du se jeter de son avion en flammes
et que Paulhan
a du poser son avion en détresse près de Mourmelon.
Le soir, le groupe entier remet ça sur le même
secteur. Nous y avons rendez-vous au Groupe I/5
qui est stationné presque à coté de nous
à St-Dizier. Trois patrouilles de la 3 doivent protéger
un Potez. Une patrouille triple de chez nous les protégent
et une quinzaine de Curtiss circulent audessus. Chez nous
prennent l'air : Sous-Lieutenant Plubeau,
Sous-Lieutenant Cordier, Lieutenant
Hlobil, Capitaine Engler,
Sergent-chef De La Chapelle,
Sergent-chef Posta, Adjudant
Tesseraud, Sergent-chef
Jaussaud, Sergent-chef Puda.
Tout ce joli monde (il paraît que j'emploie souvent
cette expression) s'achemine vers les lignes. Le Sergent-chef
Puda
quitte bientôt la patrouille, il a une fois de plus
des ennuis des mitrailleuses. A l'arrivée sur les lignes
deux pelotons de bombardiers sont immédiatement repérés
: l'un se dirige vers l'est, l'autre au nord de l'Aisne se
dirige vers le sud. Un peu au-dessus un Heinkel 111, qui paraissait
faire la liaison entre les 2 pelotons
Beaucoup plus
haut, à environ 1.000 mètres au-dessus de nous
exactement à hauteur et dans l'axe de la patrouille
du Lieutenant Dorance du I/5
une patrouille de cinq à six Messerschmidt, qui se
dirige, elle aussi vers le sud.
Tout devrait très bien se passer, nous sommes en force.
Et bien non. Il faut d'ailleurs dire que nous ne sommes en
fait pas si nombreux, car les avions du I/5
nous ont perdus et ils n'interviendront à aucun moment
dans la bagarre, qui s'engage dès que le Sous-lieutenant
Plubeau a photographié
l'ensemble et a pris la décision d'attaquer. Il bat
des plans et emmène ses patrouilles à l'attaque
du Heinkel 111 isolé. Ses équipiers le voient
tirer à plusieurs reprises, pendant que le Boche pique
et essaie de se mettre sous la protection du peloton qui vient
du nord. Il tire
Quand tout à coup ; crac
son avion est en feu. Il n'a que le temps de virer vers le
sud et de larguer en parachute. Le combat se poursuit d'une
façon assez confuse. Tout le monde y prend part et
tire un peu partout. Mais nous n'avons pas la supériorité.
Les résultats précis nous les ignorons. Seul
le Heinkel 111 a été vu descendu en flammes
et s'abattre au nord de Rethel.
Le Sous-lieutenant Cordier a
sauté en parachute et Plubeau
lui-même. En quelques mots il nous raconte son odyssée.
Après une chute libre volontaire de 3.000 mètres,
il s'est retrouvé en territoire français, à
300 mètres des lignes ennemies, la figure et les avant-bras
sérieusement brûlés. Recueilli par 2 soldats
d'un G.R.D. qui le ramenait vers l'arrière en moto,
il fut tout à coup arrêté par une escouade
sortie de derrière une meule de foin et malgré
ses explications et ses papiers, il fut emmené à
pieds baïonnettes dans le dos, jusqu'à un P.C.
qui se trouvait à 3 kilomètres de là,
où heureusement un chef de bataillon dispersa les trop
zélés gardiens, et s'occupa de faire évacuer
rapidement Plubeau.
Quelle impression pénible laisse à tous cette
journée. C'est tout de suite qu'il nous faut du matériel
moderne, des P.40 par exemple, qu'on puisse un peu surclasser
les boches. Hier, c'était le spectacle des villes incendiées
qui avait impressionné les pilotes ; aujourd'hui ce
sont nos pertes et nos difficultés insurmontables.
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Hospitalisé à Mourmelon, Beaume et Arles, Paulhan
est opéré avec succès le 20 juin à Montepellier
d'une section du nerf radial de l'avant bras alors même que
ses camarades traversent la Méditerranée pour rejoindre
l'Algérie. Sa convalescence achevée, il est affecté
le 8 octobre 1940 sur la base dépôt de Salon de Provence
puis le 21 août 1941 au GC I/3 (Rebaptisé
GC III/3 le 1er Décembre 1941) en
Afrique du Nord. Le 7 août 1942, décollant du terrain
d'Oran-la-Senia, l'Adjudant-Chef Paulhan
s'écrase au sol où son D 520 prend immédiatement
feu. Il avait effectué 34 missions de guerre en 60 heures de
vol.

NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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