Le premier jour de la guerre du Kippour, le 6
octobre 1973, Ran Goren (Navigateur
Yossi Ye'ari) qui est alors commandant
du Squadron 107 et EP (Emergency Posting)
accompagné de son ailier Dubi Yoffe
(Navigateur Oded Poleg) assurent la
permanence d'alerte sur la base de Refidim
dans le Sinai. Lors du déclenchement de l'attaque, ils sont
envoyés pour intercepter des MiG dans le secteur du canal
de Suez mais ne trouvent finalement rien.
Après avoir patrouillé quelques temps, les deux appareils
décident de rentrer à leur base. Si Dubi
Yoffe dispose de suffisamment de carburant pour rejoindre Hatzerim,
Goren doit quant à lui se poser
avant. Il se dirige donc sur Refidim
mais en arrivant sur place le contrôle au sol l'invite à
se dérouter, la piste étant impraticable suite au
bombardement Egyptien. Ne pouvant plus attendre, Goren
décide d'utiliser la bande d'accès, large d'à
peine 20 mètres (contre 45 pour la piste principale) mais
moins endommagé. Après être parvenu à
se poser et avoir refait le plein, les mécaniciens découvrent
un trou dans l'entrée d'air provoqué par un débris
se trouvant sur la piste au moment de l'atterrissage. Appliquant
une vulgaire rustine sur le trou, l'appareil est déclaré
apte au service. Goren décide
donc de redécoller en empruntant la bande d'accès,
la piste étant toujours hors service. Une première
tentative de décollage se solde par un échec suite
à une crevaison qui empèche le F-4 d'effectuer normalement
sa prise de vitesse, rendant aléatoire le décollage.
Retournant au parking pour faire réparer. Il est déjà
17 heures et Goren décide finalement
de rester sur place afin d'y assurer la veille armée aux
côtés d'un pilote de Nesher qui s'est posé dans
l'intervalle. Alors qu'il pense que les opérations sont terminées
pour la journée, la sirène retentie 15 à 20
minutes plus tard et Goren est dirigé
avec son ailier improvisé vers un groupe d'hélicoptères
en approche vers la base.
Il est 17 heures 45 lorsque les deux pilotes Israéliens
aperçoivent les 12 Mil Mi 8 chargés de commandos volant
à basse altitude et profitant de la pénombre pour
tenter de se dissimuler. Immédiatement les deux appareils
se lancent à l'attaque mais Goren
manque les voilures tournantes à sa première passe.
Les hélicoptères s'éparpillent dans tous les
sens et tentent de fuir. S'aidant de son collimateur, Goren
parvient à abattre un des Mil Mi 8 qui s'écrase avec
tous ses occupants alors que les autres hélicoptères
renoncent à leur assaut. Il est 18 heures et la nuit est
maintenant tombée. Alors qu'il demande l'autorisation au
contrôleur de Refidim
de se poser, celui-ci l'informe que le terrain n'est pas équipé
pour l'atterrissage de nuit. Il décide donc de pousser jusqu'à
sa base de rattachement, à Tel Nof où il se pose à
20 heures. Grace à son intervention, outre la destruction
d'un hélicoptère chargé de commandos, Goren
aura sans doute évité que la base de Refidim
ne tombe aux mains des Egyptiens, la base n'ayant pas encore été
sécurisée par l'envoi de troupes au sol au moment
des faits. D'ailleurs, lorsque Ran Goren
aura l'occasion de rencontrer Eliezer Cohen,
alors Commandant de la base de Refidim
ce dernier l'accueillera en ces termes, " celui qui a sauvé
la base de Refidim ! ".
De son coté, Dubi Yoffe reprend
la veille armée aux cotés de Shlomo
Egozy (navigateur Roy Manoff)
lui aussi du Squadron 107 lorsqu'ils
sont envoyé en patrouille pour intercepter des Mil Mi 8 qui
sont chargés de déposer des commandos Egyptiens dans
le Sud du Sinai, dans le secteur de Ras Sudar. Une autre mission
du même type a lieu simultanément au centre du Sinai
dans le secteur de Tasa avec pour objectif d'attaquer les postes
avancés isolés et de perturber l'acheminement des
renforts Israéliens vers les premières lignes. Arrivés
sur place, les deux pilotes et leurs navigateurs (le second appareil
est composé de l'équipage Dubi
Yoffe / Oded Poleg ) se rendent
rapidement compte de l'inefficacité des missiles pour détruire
des voilures tournantes, utilisent leurs canons, détruisant
5 hélicoptères dont 4 pour le seul crédit de
l'équipage Shlomo Egozy / Roy
Manoff alors que l'équipage Dubi
Yoffe / Oded Poleg abat le cinquième.
A court de munition, Egozy poursuit
les attaques et effectue des passages très bas afin d'empécher
les hélicoptères de décoller jusqu'à
l'arrivée de 2 Nesher qui détruisent 2 hélicoptères
supplémentaires. De fait, Shlomo
Egozy devient le troisième As de la Guerre
du Kippour et Manoff devient
le second navigateur à atteindre 5 victoires.
En fin d'après midi, ce 10 octobre
1973, deux groupes de F-4, issus de tous les Squadrons en
service sur F-4, sont envoyés pour bombarder les aéroports
de Damas
et de Blai. Les appareils du Squadron
107 et du Squadron 119 sont chargés
d'attaquer Blai et ceux des Squadron
69 et Squadron 201 sont chargés
d'attaquer l'Aéroport International de Damas.
Au cours de ces attaques, les pilotes Israéliens auront l'occasion
d'abattre 4 MiG 21 Syriens.
A Damas
Yitzhak Gat et Zvi
Edan du Squadron 69 sont pris en
chasse par un MiG 21 dont le pilote s'ejecte lorsque le F-4 parvient
à manuvrer pour se retrouver finalement dans le sillage
de son adversaire passant de la position de chassé à
la position de chasseur. Gat n'ayant
tiré aucune munition, la victoire sera attribuée au
Squadron comme le veut l'usage désormais. Une deuxième
victoire collective est obtenue de la même manière
par le Squadron 119 au-dessus de Blai
lorsqu'un MiG 21 est engagé dans une manuvre
en ciseaux avec Moshe Melnik.
Le pilote Syrien perd le contrôle de son MiG qui s'écrase.
Dans le même secteur se trouvent les appareils du Squadron
107 parmis lesquels ceux des équipages de la section
" Buffet " dirigés par Yiftach
Spector et ceux de la section " Bed " conduits par
Israel Krieger. En position "
Bed 2 " se trouve Naftaly Maimon
qui vole en qualité d'EP (Emergency Posting) avec Oded
Poleg en place arrière (Poleg
est en fait lui-même pilote). Après avoir largué
ses bombes juste derrière son leader, il quitte rapidement
la zone et se retrouve dans le sillage d'un MiG 21 qui lui-même
poursuit le F-4 d'Uri Bakal. Les deux
appareils étant accrochés par le radar de Maimon,
celui-ci ne peut tirer sans prendre le risque d'atteindre son équipier.
Il doit donc attendre que le MiG lâche sa proie avant de pouvoir
tirer un missile. Lorsqu'il tire finalement son AIM-9D, le MiG se
trouve à 1700 mètres et 10 à 15 secondes sont
nécessaires avant que celui-ci n'atteigne sa cible et avant
que le pilote Egyptien s'éjecte. Yiftach
Spector confirmera la victoire avant d'être lui-même
engagé en combat avec un MiG 21. Ayant ordonné à
tous ses pilotes de quitter la zone, il décide d'affronter
seul le MiG 21 et après 3 séries de manuvres
en ciseaux, le MiG 21 finit par s'écraser comme les deux
précédents, cette victoire étant là
encore attribuée au Squadron puisqu'aucune arme n'a été
utilisée.