Edouard Salès est né
le 15 août 1912 à Estos dans les Pyrénées
Atlantiques. Titulaire de deux baccalauréats et d'un certificat
de licence, il s'engage le 3 juillet 1936 en qualité d'élève
pilote au titre du 5eme Bataillon de l'Air à Avord. Breveté
pilote militaire en décembre de la même année,
le Sergent Salès est affecté
le 24 avril 1937 au GAR (Groupe Aérien
Régional) 520 de Nancy. Deux ans plus tard, il rejoint
la 3eme Escadrille du GC II/5 à Reims
et vole sur Curtiss H-75. A l'entrée en guerre de la France,
le Groupe vient s'installer à Toul Croix-de-Metz mais le 4
septembre, le Sergent Salès est
détaché à l'Escadrille
5/2 équipée de Potez 631, rejoignant finalement
son unité d'origine à la fin du mois de septembre.
CAMPAGNE
DE
FRANCE
6 novembre 1939
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Protection d'un Potez 63-11 du GR
II/22 en reconnaissance sur la Sarre, par neuf Curtiss,
en début d'après-midi. Vingt-sept Bf 109 D du
JGr 102 les attaquent avec l'avantage
de l'altitude. Au cours du combat les Français vont revendiquer
cinq victoires sûres et cinq probables, dont deux sûres
pour le Sergent Salès qui
a raconté " Au moment de l'engagement notre patrouille
avait un léger avantage d'altitude sur les plus hauts
des Messerschmitt. J'ai viré à droite, en piquant
sur un ennemi que j'ai dû abandonner avant de tirer, un
autre Me 109 m'ayant barré la route avec ses traçantes.
C'est cet appareil que j'ai attaqué alors en virage.
Après un tour complet, le Me 109 a dégagé
en piquant et en émettant de la fumée grise..je
l'ai suivi jusqu'au sol dans toutes ses évolutions en
le tirant à 100 ou 150 mètres. Après une
légère chandelle le pilote a sauté en parachute
(...) J'ai viré alors sur une casemote de la ligne Maginot
ou un fort de la ligne et j'ai vu alors un grand pylône
de fer ou sommet d'une colline sur le cap 230 environ. Le sachant
en France, je suis remonté de suite au-dessus des nuages
et quelques minutes après j'ai vu un Curtiss qui se battait
avec deux Me 109. J'ai pris en chasse celui qui semblait le
plus dangereux pour l'autre Curtiss. Dès le prernier
tir, l'ennemi a dégagé en piquant et en émettant
de la fumée comme le premier. Même tactique, même
monoeuvre, sauf que je l'ai dépassé deux fois
dans le piqué et que j'ai failli l'accrocher, mais chaque
fois j'ai pu me mettre dans sa queue et nous avons failli percuter
au sol en même temps, ayant redressé tardivement.
La poursuite en rase-mottes a duré plusieurs minutes
et je n'avais que la mitrailleuse du plan droit qui tirait,
les autres armes n'ayant sans doute plus de munitions. J'ai
ménagé mes cartouches dès cet instant et,
enfin, un ou deux kilomètres avant de franchir la Sarre,
le Me I 09 a pris feu à cent mètres au-dessus
du sol et a percuté dans un bois sur le versant nord-est
d'un plateou. " Les deux victimes de Salès s'écrasent
selon les services officiels à Eincheville (Appareil
du Stab./JGr 102) et au Hunnenberg
(Appareil du 3./JGr 102)." Au
retour des Curtiss, les généraux qui étaient
venus le matin pour une remise de décorations sont encore
là !
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7
novembre
1939
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En fin de mission, la patrouille menée
par le Capitaine Monraisse
aperçoit un bimoteur identifié comme un Do 17
et se lance à ses trousses. Le Sergent Salès,
qui dispose d'un appareil au moteur performant, rattrape seul
le Dornier et parvient à le tirer plusieurs fois au dessus
de l'Allemagne avant de le voir s'écraser au sol au sud
de Blieskastel.
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21
novembre
1939
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Couverture Toul - Pont-à-Mousson - Nancy, six Curtiss
qui surprennent à 11 h 00 un Do 17 P de l'Escadrille
3.(F)/122 vers Nomeny. La patrouille
simple du Capitaine Monraisse
se lance à l'attaque, sans son chef en proie à
un problème de moteur. Le Sergent Salès
et le Sous-Lieutenant Trémolet
se succèdent donc derrière le Dornier qui, moteurs
hors d'usage, finit par se poser à Eincheville, près
de Morhange. Tout l'équipage est capturé.
Le 5 février 1940, le Sergent Salès
passe sergent-chef.
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23 avril 1940
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Protection de reconnaissance photographique pour treize Curtiss
H-75. A 13 h 15 ils attaquent à 6000 m douze Bf 109
E du I./JG 52 protégeant un
Do 17 de la I.(H)/13 à
l'est de Reims, obtenant une victoire sûre et deux probables.
Attaqué par six pilotes, le Dornier parvient à
s'échapper avec un moteur hors service. ll est reconnu
comme "probable" pour les Capitaine Portalis,
Lieutenant Jaske,
Sous-Lieutenant Villacèque
(H-75A-2 n° 170), Sergent-Chef Salès,
Sergent Audrain, Caporal-Chef
Hanzlicek.
Le 8 mai 1940, collision en vol lors d'un exercice d'entraînement
entre l'Adjudant-Chef Delannoy
(H-75A-1 n° 40) et le Sergent-Chef Salès
(H-75A-1 n° 58), au-dessus de Dommartin. Les deux pilotes
indemnes finissent sous leur parachute.
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Curtiss H-75 du GC II/5
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11 mai 1940
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Destruction sur le secteur de la IIIe Armée,
une patrouille triple, décolle à 5 h 00. La patrouille
du Capitaine Portalis - Sergent-Chef
Salès - Caporal-Chef Chabera
attaque douze Heinkel 111 de la KG 53
à 5 000 m sur Metz et en isole un resté à
la traine. ll tente de rejoindre les nuages en faisant des virages
mais son moteur droit s'enflamme sous les balles des Curtiss,
puis le gauche, vers 3 500 m. Deux membres d'équipage
évacuent le Heinkel, un avec son parachute en torche,
puis un troisième. Le pilote resté dans l'avion
en feu multiplie les virages et renversements mais le bombardier,
un He 111H du Stab./KG 53, s'écrase
finalement à 6 h 45 au sud de Mars-la-Tour, à
l'ouest de la voie ferrée allant au nord-est de Chambrey.
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14 mai 1940
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Couverture du secteur de Monthermé,
15 h 15 - 16 h 55, une patrouille triple, bientôt réduite
de neuf à sept sur pannes. Guidée par radio sur
des bombardiers au nord-ouest de Metz, le dispositif les trouve
effectivement, mais protégés plus haut par neuf
Bf 110C du I./ZG 52 et huit Bf 109
E du III./JG 2. Dans le combat les
Français revendiqueront trois victoires sûres et
trois probables pour la perte d'un pilote parachuté.
Pour sa part le Sergent-Chef Salès
abat un Bf I l0 et probablement un autre, seul. Il a raconté
: " L'attaque est prononcée en virage en piqué
à droite, les Me 110 montant en virage à droite.
Le premier Me 110 que j'ai attaqué aété
touché au moteur gauche qui émettait une épaisse
fumée noire. J'allais faire une autre passe pour atteindre
le moteur droit, quand j'ai vu un autre Me 110 qui m'attaquait
trois-quart arrière par dessus, en virage. J'ai dégagé
en montant, en renversement et j'ai pris en chasse le deuxième
Me 110. Au bout de trois minutes de combat, j'ai réussi
à lui enflammer les deux moteurs et les réservoirs
d'ailes. ll s'est dégagé en piqué à
la verticale jusqu'au sol. Seul, le mitrailleur a pu sauter
en parachute. Le pilote a dû essayer aussi, mais seuls
des lambeaux de parachute brûlé se sont échappés
de la cabine. L'avion a percuté en explosant à
200 m. à l'est de Fomeck, petit village à 10 kms
ou S/.S.O. de Thionville. Le parachutiste est tombé dans
un jardinet sur le bord du village, côté ouest,
et aété fait prisonnier par une dizaine de fantassins.
ll était environ 16 heures. Les Me 110 vont plus vite
et grimpent plus vite que nos Curtiss, mais nous virons beaucoup
plus serré... "
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10 juin 1940
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Une patrouille triple réduite à sept après
deux retours sur panne. Après avoir survolé
Bar-le-Duc, Sainte-Ménéhould, Verdun er Metz,
la patrouille est orientée sur un Dornier 17 en reconnaissance
sur Toul à 6 000 m d'altitude. Le Sergent-Chef Salès
l'attaque le premier puis le Capitaine Monraisse,
puis les cinq autres : Commandant Petitjean-Roget,
Lieutenant Fabre et Lieutenants
Villacèque (Curtiss
n° 208 "7"), Sous-Lieutenant Klan,
Adjudant Dugoujon. Le Dornier
Do 17M du I.(H)/13 pique en virant
et descend en rase-mottes, puis s'écrase à 18
h 25 à Sornéville, à dix-sept kilomètres
au sud-est de Nancy, le fuselage et le moteur droit en feu,
homologué aux sept . Salès a tiré 2 000
cartouches.
(Le 15 iuin 1940 !!!). Lors d'une couverture du secteur Neufchâteau
- Chaumont, l'Adjudant-Chef Dugoujon
et le Sergent-Chef Salès
tirent à l'aube un Dornier 17 qui tente de leur échapper
en montant à 6 500 m, puis en descendant au ras du
sol. Sa vitesse tombée à 250 km/h, sérieusement
touché, il doit être abandonné par les
deux chasseurs menacés de panne sèche avant
qu'ils aient pu le descendre.
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Le GC II/5 traverse la Méditerranée
le 20 juin 1940 avec 34 appareils pour se trouver à Saint-Denis-du-Sig
à l'annonce de l'armistice. Le Sergent-Chef Edouard
Salès a effectué 9 ou 10 missions de guerre au cours
de la Campagne de France, entre le
10 mai et le 25 juin 1940 portant son total pour la période
1939 / 40 à 33 missions pour 62 heures de vol de guerre.
Resté avec le GC II/5 après
l'armistice, le Sous-Lieutenant puis Lieutenant Salès
participe à la surveillance des côtes Nord-Africaines
contre toute intrusion d'appareil étranger. Le 30 avril 1942,
il participe à l'interception d'un Lockheed Hudson du Squadron
233 de la RAF. Tiré par le Lieutenant Trémolet,
le Lieutenant Fabre et le Lieutenant
Salès (H-75A-1 n° 94) et
le Sergent Chausse, le bimoteur parvient
à s'enfuir après avoir été légèrement
endommagé avec un blessé à bord. En novembre
1942, après le débarquement anglo-américain en
Afrique du Nord, le Lieutenant Salès
est placé en congé d'armistice. Il reprend du service
deux ans plus tard à Salon-de-Provence, comme officier chargé
des opérations à la 3eme Escadre
de Chasse, dotée de P-47D.
En mai 1945, le Lieutenant Salès
devient moniteur au CIC de Meknès
avant d'être transféré en 1947 à celui
de Tours où il dirige l'entraînement des moniteurs de
la base. Nommé Capitaine le 1er avril 1948, Edouard
Salès devient en avril 1950 le commandant en second du
GC 3/6 "Roussillon" avec lequel
il part en opérations en Indochine sur P-63 Kingcobra. Le Groupe
qu'il dirige depuis février 1951 étant dissous en juillet
1952, il rejoint à Reims la 11eme Escadre
de Chasse équipée de F-84G et qui reprend les
traditions du GC 3/6. En février
1953, le Commandant Salès devient
commandant en second de la 10eme Escadre de
Chasse, puis en octobre 1954, il rejoint la Défense
Aérienne du Territoire (DAT) à Versailles. Mis à
la disposition du commandement de la 5eme Région
Aérienne, il participe de mars 1958 à juin 1959
aux opérations de maintien de l'ordre en Algérie. Promu
Lieutenant-Colonel, il est affecté en juillet 1959 à
l'état-major du commandement supérieur des forces armées
en AOF. des problèmes de santé le contraignent à
rentrer en métropole en février 1961. Admis dans la
réserve avec le grade de Colonel le 4 octobre 1966, Edouard
Salès s'éteint à Meudon le 4 juin 1997.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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