Raymond Cazade est né
le 21 mars 1915. Boursier de pilotage breveté à Nimes
le 24 juin 1935, le Sergent Cazade
est affecté au 5e Groupe Aérien
Autonome (GAA), section de commandement à Bizerte -
Sidi Ahmed en Tunisie. Le Groupe est équipé de Dewoitine
510 totalement dépassés et reçoit, début
octobre 1939, des MS 406. Il les abandonne presque aussitôt
et rentre en métropole entre le 11 et le 13 novembre 1939.
Rebaptisé GC III/1, il perçoit
des MS 406 neufs. Après divers mouvements durant l'hiver, le
Groupe s'installe à Norrent-Fontes (Près de Saint-Omer),
le 10 mai 1940. Promu Sergent Chef dans l'intervalle, Raymond
Cazade a été affecté à la 1ere Escadrille
après l'abandon des Potez 63 de commandement.
Le 10 mai, le Groupe effectue sa remière mission sur la Belgique,
en couverture de l'opération "Dyle-Breda". Cazade
effectue 2 missions ce jour là, sans résultat.
CAMPAGNE
DE FRANCE
12 mai 1940
 
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Mouvement à l'aube de tout le groupe de Norrent-Fontes
à Moerbeke en Belgique. La première escadrille
intercepte à 5 h 30 et 4 000 m d'altitude un Heinkel
111 en mission de reconnaissance qui tente de s'échapper
en piqué sur le secteur Namur - Bruxelles. Tiré
par tous les pilotes au cours de la poursuite, ses deux moteurs
stoppés, il tombe dans I'Escaut à cinq kilomètres
d'Anvers et sera homologué aux onze pilotes dont Cazade
sur son Morane n°702 "8" : (Lt)
Leenhardt Tony (Slt) Calmel
(Adj) Gagnaire Edgar
(S/C) Paulhan (Slt) Du
Boucher Jacques (Lt) Bursztyn
(Slt) Gnys Wladyslaw
(Lt) Chciuk Wladyslaw
(A/C) Cremieux (Sgt) Pralon.
Décollage sur alerte à Moerbecke, une patrouille
légère (Sergent-Chef Cazade
- Sous-Lieutenant Calmel).
Les deux pilotes engagent le combat contre quatre Bf 110.
Lun d'eux est mis en flammes à 12 h 40 aux environs
de Breda par Cazade (MS 406
n° 702), mais le Français doit rompre, attaqué
par les autres bimoteurs Messerschmitt. Le Sous-Lieutenant
Calmel
blessé au pied termine là sa campagne, avion
perdu. Le soir du 12, le groupe fait mouvement sur Maldeghem,
en Hollande.
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Le 13 mai 1940 : Lors d'une couverture sur Rosendaal - Brecht, une
patrouille double attaque des He 111, mais des Bf 109 interviennent
et le sergentchef Cazade revient avec
deux balles, sans conséquence, dans son Morane n° 702.
Le soir le groupe rentre à Norrent-Fontes.
16 mai 1940

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La patrouille Lieurenant Leenhardt
- Adjudant-Chef Crémieu
- Sergent-Chef Cazade (MS 406
n° 702) effectue une couverture sur Termondes - Puers, et
décolle à 12 h 40. Ving minutes plus tard, elle
attaque à 4 000 m au nord-est d'Anvers un Dornier Do
17 qui finit par s'écraser à Zaanslag, 40 km au
nord-nord-est de Gand ([L2 + GR] du 7./LG
2 qui se pose sur le ventre en flammes au Sud Est de
Spui faisant 3 prisonniers dont 1 blessé). Les trois
pilotes français se posent à Maldeghem pour faire
les pleins avant de rentrer à Norrent-Fontes.
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Le 17 mai 1940, le groupe se replie sur le Plessis-Belleville, il
n'a plus que dix-huit Morane. Le 18 mai 1940, se déroule une
mission qui aurait pu être la dernière du sergent-chef
Cazade : à 12h 15 huit Morane
décollent sur alerte. Le cahier d'ordres de la 1ere escadrille
donne un résumé succint mais précis : "
poursuite de 6 Heinkel 111 bombardant en vol rasant la voie ferrée
à proximité du terrain. Résultat : Néant,
les apporeils pour s'enfuir larguent leurs bombes dans la nature.
Le Lt Marche, M 406 n° 780 se pose
en compagne (une balle dans le réservoir d'huile). L'appareil
n° 702 est endommagé par des balles sans gravité.
Pilote indemne malgré une balle qui traverse son casque".
Le 19 mai 1940. Couverture Laon - Marle - Liesse. Le sergent Pralon
qui utilisait le Morane n° 702 s'arrête au milieu
de la piste, blessé. l'avion criblé sera reversé
à l'ARAA d'Aulnat. Le potentiel du groupe est au plus bas,
les pilotes volent sur les quelques appareils disponibles sans affectation
particulière.

MS 406 - GC III/1 - 1940
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26 mai 1940
 
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Protection de deux Potez 63-11 du GR
II/33 en reconnaissance sur Compiègne - Bapaume
- Péronne, décollage 7 h 30, deux patrouilles
doubles du GC III/1 plus une du
GC I/4. Les dix-sept Français
livrent un violent combat contre une vingtaine de Bf 109.
Pour sa part le GC III/1 revendique
8 victoires. On peut lire dans les archives du groupe : "...Dans
le " cirque " de la 1ere escadrille le Lt Leenhardt
descend un Me 109 (vu percuté ou sol par Sergent-Chef
Cazade) Le combat dure 1/4
d'heure. Le Lt du Boucher a des
difficuhés avec son train dont une tuyauterie a sauté.
On le ramène. Sur la route du retour le Sergent-Chef
Cazade abat un Henschel 126...,.
Lavion d'observation, un Hs 126 du 4.(H)/21,
que Leenhardt, occupé
à protéger du Boucher,
avait signalé par radio, s'écrase près
de Noailles, Cazade pilotant
à cette occasion le Morane codé "1"
(probablement n° 1050).
Un premier peloton de ving-quatre bombardiers du I./KG
53 s'en prend vers 12 h 50 au terrain du Plessis-Belleville,
suivi d'un second, incendiant plusieurs Morane. À peine
le personnel a-t-il évacué les tranchées
qu'un troisième se présente en rase-mottes,
bombardant et mitraillant. Une patrouille parvient à
décoller, dont le sergent-chef Cazade
sur le MS 406 n° 618 codé "14". Il abat
à 13 h 25 un Heinkel 111 entre Noailles er Beauvais,
dont deux des membres d'équipage sont capturés,
trois ayant sauté en parachute sur la forêt d'Halane.
Le He 111H du 2./KG 53 lui est
homologué en participation avec le sous-lieutenant
Codet du GC II/3.
Après le bombardement, il reste un seul Morane disponible
à la 1ere escadrille.
La livraison de nombreux Morane 406 permet de rétablir
le potentiel du GC III/1 (vingt-neuf
avions au 1er juin 1940). Enfin reconstitué, le groupe
est envoyé à Valence le 4 juin puis remonte
à Nangis le 6, sans son échelon roulant. De
ce fait les disponibilités sont faibles et ne lui permettent
pas d'intervenir avant le 7 juin, avec des moyens réduits.
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10 juin 1940

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Tous les avions disponibles sont envoyés
à Connantre, base du GC II/9
d'où ils effectuent une couverture aux coups sur Rethel
(au total trente-six chasseurs des GC
III/1, GC I/6 et GC
II/9). En fin de mission un Henschel 126 du 5.(H)/13
est abattu vers | 6h00 par la patrouille Adjudant Gagnaire
Edgar - Sergent-Chef Cazade
- Sergent Pélissier, mais
Cazade rentre seul sur les trois,
après avoir échappé de peu à la
capture ou la mort. Le cahier d'ordres de l'escadrille porte
le compte-rendu suivant : " La mission n'a lieu qu'à
14 h 30. R.A.S. sur le secteur à part des tirs de DCA.
A la fin de la mission un Henschel 126 est attaqué par
la patrouille de Gagnaire
et descendu (il percute le sol) : il semble que c'est l'adjudant
Gagnaire
qui ait tiré la rafale décisive. Prise par l'heure,
la patrouille est obligée de rentrer. Elle fait cap S.O.
et reste à basse altitude pour faire reconnaîte
ses cocardes des français. Soudain, du sol sont tirées
des rafales d'obus petits calibres, et traçantes. l'Adjudant
Gagnaire
touché, s'engage sur le dos et percute le sol. 10 kms
plus loin le Sergent Pélissier
est obligé de se poser en feu. Son atterissage suivi
des yeux par Cazade est très
normal. Pélissier est vu
sortant calmement de son appareil, faisant route vers une ferme
voisine et agitant les bras : ce geste est interprété
"tout va bien". Cazade
se disposait à atterrir mais à son tour est tiré
du sol : il est obligé de dégager en faisant route
Sud. Cazade se croyait aux environs
de Provins, tiré accidentellement du sol par des Français,
mais une reconnoissonce dans ce secteur en voiture, ne nous
a pas permis de retrouver les traces de nos 2 Morane. ll est
à craindre que la région fut occupée par
l'ennemi. " Cazade s'est
en effet trompé de secteur, Pélissier
ayant été capturé à l'est de Soissons,
et Gagnaire
tué à six kilomètres de Fère-en-Tardenois
(Aisne).
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Le 11 juin, le GC III/1 se replie définitvement
sur Valence. Cazade participe aux dernières
missions du Groupe, des attaques de colonnes motorisées sur
Romans les 23 et 24 juin. Du 10 mai au 25 juin, le S/C Cazade
aurait effectué 30 missions. Son Groupe ayant été
dissous après l'armistice, l'Adjudant Cazade ne reprend la
lutte qu'en 1943 au sein du GC 2/7 "Nice"
avec lequel il participe, sur Spitfire, à la fin de la Campagne
de Tunisie. Il est grièvement blessé à son premier
atterrissage en Corse, lors de la libération de l'ile, au mois
de septembre suivant. Il gardera une large cicatrice sur le visage
en souvernir de cet accident.
Raymond Cazade est décédé
au cours des années 1990.

NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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