Edgar Gagnaire est né
le 14 février 1907 à Puymangou en Dordogne. Avant de
s'engager dans l'Armée de l'Air au titre du 2eme Groupe d'Ouvriers
Aéronautiques, le 6 mai 1927, il exerce le métier d'agriculteur.
Nommé Caporal le 15 novembre de la même année,
il est affecté en juillet 1930 au 34eme
Régiment d'aviation, puis en mars 1932 à la 3eme
Escadrille du 22eme Régiment d'Aviation
de Nancy où il est promu Caporal-Chef le 16 avril. Le 28 juillet
1932, il est transféré à la 6eme Escadrille et
obtient une nouvelle promotion au grade de Sergent. Réengagé
à plusieurs reprises entre 1930 et 1932, il est finalement
admis en 1933 dans le Corps des Sous-Officiers de Carrière.
Après avoir obtenu son brevet de mitrailleur en avril 1934,
il décroche son brevet de pilote le 23 novembre suivant. Après
des stages de perfectionnement à Cazaux et à Etampes,
il est affecté en novembre 1935 en Tunisie tout d'abord à
la 3eme Escadrille puis à la 4eme Escadrille de la 25eme Escadre.
Le 20 mai 1937, nouvelle promotion, cette fois-ci au grade de Sergent-Chef
avant d'être certifié chef de patrouille en septembre
1938.
Promu Adjudant le 1er juillet 1939, il rejoint, la veille de la déclaration
de guerre de la France contre l'Allemagne, la 1ere Escadrille du 5eme
GAA à Bizerte. Le Groupe est équipé d'antiques
Dewoitine D 510 qu'il échange début octobre contre des
MS 406. Entre le 11 et le 13 novembre, l'unité regagne la métropole
où elle perçoit de nouveaux appareils du même
type. Le Groupe est redésigné GC
III/1 et occupe divers terrains pendant l'hiver. Gagnaire,
pour sa part, vole essentiellement sur le MS 406 n° 730 codé
"7". A la veille de l'offensive allemande du 10 mai, le
Groupe se trouve à Norrent-Fontes.
CAMPAGNE
DE FRANCE
10 mai 1940
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Couverture dans I'après-midi du secteur
Gand - Termonde par un important dispositif du GC
III/1, et première mission de chasseurs français
au-dessus de la Belgique dans le cadre de l'opération
"Dyle-Breda ". C'est la troisième sortie de
la journée pour Gagnaire.
Le dispositif français livre un combat contre des He
111P du II./KG 27 dont un est abattu
à 17h30 à 15 km au sud de Gand par Gagnaire
avec le Sous-Lieutenant du Boucher.
Son MS 406 n° 730 reçoit trois balles, il sera indisponible
pour plusieurs jours. Par la suite Gagnaire
volera surtout sur le n° 588 codé "10".
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12 mai 1940
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Mouvement à l'aube de tout le groupe de Norrent-Fontes
à Moerbeke en Belgique. La première escadrille
intercepte à 5 h 30 et 4 000 m d'altitude un Heinkel
111 en mission de reconnaissance qui tente de s'échapper
en piqué sur le secteur Namur - Bruxelles. Tiré
par tous les pilotes au cours de la poursuite, ses deux moteurs
stoppés, il tombe dans I'Escaut à cinq kilomètres
d'Anvers et sera homologué aux onze pilotes dont Cazade
sur son Morane n°702 "8" : (Lt)
Leenhardt Tony (Slt) Calmel
(Adj) Gagnaire Edgar
(S/C) Paulhan (Slt) Du
Boucher Jacques (Lt) Bursztyn
(Slt) Gnys Wladyslaw
(Lt) Chciuk Wladyslaw
(A/C) Cremieux (Sgt) Pralon.
Décollage sur alerte à Moerbecke, une patrouille
légère (Sergent-Chef Cazade
- Sous-Lieutenant Calmel).
Les deux pilotes engagent le combat contre quatre Bf 110.
Lun d'eux est mis en flammes à 12 h 40 aux environs
de Breda par Cazade (MS 406
n° 702), mais le Français doit rompre, attaqué
par les autres bimoteurs Messerschmitt. Le Sous-Lieutenant
Calmel
blessé au pied termine là sa campagne, avion
perdu. Le soir du 12, le groupe fait mouvement sur Maldeghem,
en Hollande.
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18 mai 1940
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Le 18 mai, Gagnaire
récupère son Morane codé"7 "
à nouveau disponible à l'occasion du repli des
dix-huit avions rescapés du GC
III/1 au Plessis-Belleville. Ce jour, le groupe a reçu
pour mission de couvrir la gare de Creil tout l'après-midi.
La patrouille légère ade l'Adjudant Gagnaire
(MS 406 n°730) - Sergent-Chef Paulhan
effectue cette mission de 13 h 00 à 14 h 00. Un He 111
du 3.(F)/121 est laissé
à 13 h 45 vers Méru alors qu'il vole en rase-mottes
et parait manifestement en difficulté ; il sera plus
tard homologue aux deux pilotes alors que le cahier d'ordres
de l'escadrille porte dans un premier temps "probablement
abattu ".
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MS 406 - GC III/1 - 1940
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19 mai 1940
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Mission de destruction Aulnoye - Le Quesnoy - Le Cateau -
Guise, une patrouille double du GC III/1
plus une double du GC II/2, de 6
h 00 à 7 h 00 sur secteur. Les douze Français
rencontrent une trentaine de Bf 109 et 110 au nord-est de
Saint-Quentin. Dans le combat tournoyant qui s'ensuit le Sergent-Chef
Doublet et l'adjudant Gagnaire
tirent un Bf 109 de la JG 2 qui part
en retournement apparemment incontrôlé. ll disparaît
près du sol dans la brume mais sans que son écrasement
soit constaté, et de ce fait restera seulement "probable
", partagé entre les deux pilotes.
Le même jour le GC III/1
couvre le secteur Laon - Marle -Liesse de 17 h 10 à
l7 h 30. Le lieutenant Marche,
parti sur le Morane n° 730 "7"de Gagnaire,
est tué à Anizy-le-Château.
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21 mai 1940
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Couverture Montdidier - Compiègne de 18 h 00 à
19 h 00, une patrouille triple du GC
III/1 avec les GC I/1 et GC
III/7. Le dispositif rencontre soixante bombardiers escortés
d'autant de chasseurs allemands des JG
2 et JG 53. Gagnaire
attaqué par trois Bf 109 en tire un qui disparaît
en piqué, sa cabine déchiquetée pendant
du côté droit ; l'Adjudant Saussol
qui allait lui donner le coup de grâce ne peut le faire
: plus de munitions ! Le Bf 109 sera donc " probable
" seulement. Le groupe perd quatre Morane sur neuf dans
cette mission, Gagnaire
rentrant pour sa part avec la base de l'étambot de
son Morane n° 588 codé "10", éclatée
par un obus : l'avion ne volera plus. A cette époque
de nombreux avions de renfort parviennent au GC
III/1, dont le potentiel n'est que de neuf Morane et quinze
pilotes disponibles à l'aube du 22 mai.
A partir du 24 mai, Gagnaire
vole souvent sur un avion codé " 7 " sur
le cahier d'ordres, qui pourrait être le n° 846
devenu plus tard le " 2 ".
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25 mai 1940
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Protection d'un Potez 63-11 en reconnaissance sur Arras -
Condé - Valenciennes - Saint-Quentin, deux patrouilles
doubles. À 15 h 10, combat vers Bapaume contre des
Bf l09 E du I./JG 2. Gagnaire,
chef de la patrouille guide, se retrouve seul et va rentrer
au Plessis-Belleville quand il rencontre trois " gros
avions à train d'atterrissage non escamotable ".
Des Stuka ? Non, de paisibles Ju 52/3m qui viennent de ravitailler
le terrain de Saint-Pol (occupé entre autres par la
JG 27) et s'en retournent vers leur
base de Wengerohr. Le premier, tiré de trois-quart
arrière, percute le sol après une seule rafale
vers Gouzeaucourt. Obus épuisés, c'est après
trois passes aux mitrailleuses que Gagnaire
règle le compte du second qui subit le même sort.
Il reprend un peu d'altitude pour attaquer la dernière
"Tante Ju " quand il voit un "avion estafette"
atterrir dans un champ et deux de ses occupants le quitter.
Trois passes encore qui n'incendient pas I'Allemand mais l'avarient
sûrement. Gagnaire
ne rentre qu'à la nuit au Plessis après s'être
posé à Mantes avec son Morane codé "
7 , (n° 846 ?).
26 mai 1940. Protection de deux Potez 63-11 du GR
II/33 en reconnaissance sur Compiègne, 7 h 30
- 8 h 30. Gagnaire,
touché par des Messerschmitt Bf 109, pose en campagne
vers Clermont le. MS 406 n° 780 " 3 " qui ne
sera récupéré que plusieurs jours après.
A la suite d'un bombardement en début d'après-midi
le groupe ne possède plus que six avions disponibles
; il devra percevoir de nombreux Morane en renfort. Rééquipé
début luin, il sera " baladé " du
Plessis à Valence, puis retour à Nangis sans
échelon roulant, donc avec des disponibilités
faibles.
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8 juin 1940
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Protection de deux Potez 63-11 du GR
II/33 envoyés en reconnaissance sur Aumale, plusieurs
patrouilles triples et doubles. Plusieurs pelotons de bombardiers
rencontrés sont laissés, les Morane privilégiant
la protection des Potez. Un Junkers 87 qui passe quand même
trop près est attaqué et abattu par le Lieutenant
Tariel, l'Adjudant Gagnaire
et le Sergent-Chef Doublet,
qui reloignent très vite le reste du dispositif. Trois
Bf 109 semblant vouloir attaquer les Morane se mettent en cercle
défensif trop longtemps au goût de certains, et
tout le monde rentre sans plus d'incidents.
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10 juin 1940
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Tous les avions disponibles sont envoyés
à Connantre, base du GC II/9
d'où ils effectuent une couverture aux coups sur Rethel
(au total trente-six chasseurs des GC
III/1, GC I/6 et GC
II/9). En fin de mission un Henschel 126 du 5.(H)/13
est abattu vers | 6h00 par la patrouille Adjudant Gagnaire
Edgar - Sergent-Chef Cazade
- Sergent Pélissier, mais
Cazade rentre seul sur les trois,
après avoir échappé de peu à la
capture ou la mort. Le cahier d'ordres de l'escadrille porte
le compte-rendu suivant : " La mission n'a lieu qu'à
14 h 30. R.A.S. sur le secteur à part des tirs de DCA.
A la fin de la mission un Henschel 126 est attaqué par
la patrouille de Gagnaire
et descendu (il percute le sol) : il semble que c'est l'adjudant
Gagnaire
qui ait tiré la rafale décisive. Prise par l'heure,
la patrouille est obligée de rentrer. Elle fait cap S.O.
et reste à basse altitude pour faire reconnaîte
ses cocardes des français. Soudain, du sol sont tirées
des rafales d'obus petits calibres, et traçantes. l'Adjudant
Gagnaire
touché, s'engage sur le dos et percute le sol. 10 kms
plus loin le Sergent Pélissier
est obligé de se poser en feu. Son atterissage suivi
des yeux par Cazade est très
normal. Pélissier est vu
sortant calmement de son appareil, faisant route vers une ferme
voisine et agitant les bras : ce geste est interprété
"tout va bien". Cazade
se disposait à atterrir mais à son tour est tiré
du sol : il est obligé de dégager en faisant route
Sud. Cazade se croyait aux environs
de Provins, tiré accidentellement du sol par des Français,
mais une reconnoissonce dans ce secteur en voiture, ne nous
a pas permis de retrouver les traces de nos 2 Morane. ll est
à craindre que la région fut occupée par
l'ennemi. " Cazade s'est
en effet trompé de secteur, Pélissier
ayant été capturé à l'est de Soissons,
et Gagnaire
tué à six kilomètres de Fère-en-Tardenois
(Aisne).
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Au moment de sa disparition au combat, l'Adjudant Gagnaire
avait réalisé 23 missions au cours de la Campagne
de France, entre le 10 mai et le 10 juin 1940, ayant remporté
7 victoires confirmées et 2 probables.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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