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PRELUDE A LA GUERRE
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Les opérations menées par les forces aériennes japonaises en Mandchourie et en Chine constituèrent une inestimable expérience du combat, qu'elles mirent à profit dans le Pacifique et en Extrême-Orient à partir de 1941. Les Américains, les Néerlandais et les Britanniques, qui évaluèrent mal cette supériorité du Japon, payèrent cher leur manque de clairvoyance. |
Au milieu de 1937, l'armée japonaise comptait environ trois cent mille réguliers, renforcés par cent cinquante mille soldats mandchous et mongols sous encadrement nippon. Au Japon même se trouvaient deux millions de réservistes bien entraînés. Les forces terrestres étaient renforcées par une puissante flotte de guerre, une non moins puissante marine marchande et une aviation remarquablement efficace regroupant quarante-neuf Chutai de l'armée (500 avions) et vingt-neuf Buntai (plus de 400 appareils basés à terre ou embarqués). Les forces aériennes de Mandchourie envoyèrent six Chutai des 12e, 15e et 16e Hikosentai dans le secteur de Pékin. De Formose, du Japon et de Corée vinrent vingt-trois Chutai en renfort. Les appareils utilisés (240 en tout) étaient des Kawasaki Ki-10 type 95 (chasseurs), des Kawasaki Ki-3 type 93 (bombarbiers légers), des Mitsubishi Ki-1 type 93 (bombardiers lourds) et des Nakajima Ki-4 type 94 (avions de reconnaissance). Les chefs de l'armée nippone organisèrent deux offensives conjointes, l'une dirigée du sud de Pékin vers Soutcheou, l'autre vers le nord-ouest, depuis Shanghai jusqu'à Nankin, siège du gouvernement de Chang Kaï-chek. C'est le 8 août 1937 qu'eut lieu le débarquement à Shanghai, soutenu par la IIIeme flotte et des avions (264) transportés par le Hosho, le Ryujo et le Kaga. Depuis leurs bases de Kyushu et Formose, les flottilles de l'aéronavale Kisarazu et Kanoya, équipées de bombardiers Mitsubishi G3M1 type 96, effectuèrent des raids de grande envergure sur Nankin, Yang-tseu, Sou-tcheou, Han-k'eou, Anqing et Nanchang, en Chine centrale. En dépit de leur supériorité dans
les airs, les Japonais rencontraient des difficultés au sol.
Shanghai ne tomba que le 8 novembre 1937 ; Nankin fut prise le 13 décembre,
mais, dans le Nord, une sévère résistance chinoise
stoppait l'avance nippone sur le fleuve Jaune. En janvier 1938, les
Japonais, qui avaient repris l'offensive sur Sou-tcheou, furent écrasés
à Taierchwang par les forces du général Li Tsung-jen,
perdant au total près de vingt mille hommes. Une fois regroupées,
les troupes nippones prirent Soutcheou en mai, mais elles durent renoncer
à poursuivre leur offensive lorsque les Chinois firent déborder
le fleuve Jaune. Au sud, la poussée vers Han-k'eou aboutit à
la chute de la ville le 25 octobre 1938. Des débarquements amphibies
dans le port de Hongay, au nord-est de Hong Kong, permirent aux Japonais
de s'emparer de Canton en octobre. La division aérienne provisoirement
constituée par l'armée nippone en Chine regroupait les
ler, 3e et 7e Hikodan
sous le commandement du lieutenant général Eijii
Ebashi. Chaque brigade se divisait en un certain nombre de groupes
et d'escadrilles. Parmi les appareils employés, le chasseur Nakajima
Ki-27b type 97, le Mitsubishi Ki-15 type 97 (reconnaissance), le bombardier
léger Mitsubishi Ki-30 type 98 et le bimoteur Mitsubishi Ki-21
modèle 97, un bombardier lourd qui venait d'entrer en service,
représentaient un progrès certain. Mais les pertes allèrent
en s'accroissant. En effet, la petite force aérienne chinoise,
qui bénéficiait de l'assistance efficace des conseillers
de Claire L. Chennault, s'était
équipée de chasseurs soviétiques Polikarpov I-15,
I-153 et I-16, et de bombardiers Tupolev SB-2 (plus un assortiment de
modèles français et américains). Incapable de battre la Chine sur le champ de bataille,
le Japon mit en place un blocus économique en s'assurant le contrôle
d'un certain nombre de ports comme Foutcheou et en investissant l'île
de Hai-nan, au large de la côte sud. Les voies de ravitaillement
de Chang Kaï-chek se trouvaient ainsi limitées à
la ligne de chemin de fer Haiphong (Indochine française) - Nankin,
à la petite route qui, partie de Rangoon, passait par Lashio
(montagne birmane), et enfin à la route de Birmanie, qui traversait
la province du Yunnan jusqu'à Koven-ming. A ce moment-là,
le quartier général de Chang se trouvait à Tchong-k'ing,
dans les montagnes du nordest de la Chine. Les relations avec l'Union soviétique s'étaient
cependant détériorées après l'occupation
par ce pays de la ville fortifiée de Changkoufeng, sur la frontière
soviéto-mandchoue, en 1938. Ce fut un incident isolé dans
la vallée de la Khalka, au sud du plateau du Nomonhan, point
litigieux de la frontière entre l'Union soviétique et
le Mandchoukouo, qui déclencha une guerre non déclarée
entre les forces japonaises locales et le 1er groupe d'armées
soviétique, du général Joukov,
et de violents affrontements aériens entre les deux aviations.
Le 2e Hikoshudan envoya immédiatement
quatre Chutai de Ki 27 et Ki-30 à
Hailar, dans le secteur du Nomonhan. Les Soviétiques réagirent
en expédiant d'importantes forces aériennes sous le commandement
du général Smouchkevitch
à Sappabaiz. La bataille aérienne prit vite de l'ampleur
au-dessus du plateau, le premier combat important ayant lieu le 27 mai. Au moment de l'accord de cessez-le-feu soviéto-japonais du 16 septembre 1939, les aviations soviétique et nippone reconnaissaient respectivement la perte de deux cent sept et cent soixante-neuf appareils, chacune revendiquant un nombre de victoires quatre à six fois plus élevé. Pour la première fois, les Japonais avaient rencontré dans les airs une résistance véritable, parfois même supérieure à la leur. Toutefois, l'expérience avait été instructive, notamment dans le domaine des combats de chasseurs contre chasseurs : la palme revenait au pilote Hiromichi Shinohara, qui était crédité de 58 victoires, tandis qu'une douzaine d'autres se targuaient d'avoir abattu vingt appareils ou plus. PREPARATIFS DE GUERRE
DANS LE SUD Les succès remportés en Europe par l'Allemagne
sur la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni en mai-juin 1940 jetèrent
un éclairage entièrement nouveau sur le projet japonais
de créer une "Sphêre de coprospérité
" centrée sur l'archipel nippon. Les troupes impériales
débarquèrent à Haiphong à la fin du mois
de juin, les Français n'ayant pas d'autre solution que de s'incliner.
Churchill fut bien obligé d'accepter la fermeture de la route
de Birmanie, à la demande du Japon, et, le 29 août 1940,
la France donna son accord pour l'installation de bases aériennes
japonaises dans la région d'Hanoi (nord de l'Indochine), d'où
des raids pourraient être lancés sur Tchong-k'ing. Il devint
clair, avec la signature du pacte tripartite le 27 septembre, que le
Japon avait choisi de se ranger aux côtés des ennemis de
l'Angleterre - politique confirmée par le pacte de non-agression
qu'il signa avec l'Union Soviétique le 13 avril 1941. Les Nippons
voulaient placer sous leur joug les régions du Sud-Est asiatiques
(Malaisie, Bornéo, Java et Philippines) pour une raison toute
simple : sans pétrole brut, sans minerais, sans riz, le Japon
ne pourrait jamais soutenir une guerre contre la Chine tout en défendant,
dans le même temps, ses frontières contre les incursions
soviétiques (l'archipel importait 90 % de son pétrole
des États-Unis et des Indes néerlandaises). Des mesures
de restriction avaient déjà réduit les réserves
stratégiques de cinquante et un millions de barrils en 1939 à
quarante millions en 1941. Le président Franklin D. Roosevelt
donna le coup de grâce en gelant les avoirs japonais aux ÉtatsUnis,
par mesure de représailles contre l'installation de bases aériennes
et aéronavales dans le sud de l'Indochine, d'où les bombardiers
pouvaient menacer le bastion britannique de Singapour. Aussi l'empereur
et l'état-major général se préparèrent-ils
à un conflit, qu'ils jugeaient inévitable, en Asie du
Sud-Est - conflit qui les opposerait aux Américains, aux Britanniques
et aux Néerlandais. Dans leurs préparatifs de guerre, l'armée et la marine nippones (celle-ci étant placée sous le commandement de l'amiral Isoroku Yamamoto) envisageaient une campagne en trois phases. Dans un premier temps, la guerre devait débuter par six opérations simultanées :
Au cours d'une deuxième phase, des opérations seraient menées contre
La troisième phase comporterait
L'ensemble des actions prévues devait prendre de cinquante à cent jours, l'attaque devant être déclenchée le 8 décembre 1941. Le plan fut officiellement approuvé le 5 novembre. Sans doute s'agissait-il là de l'entreprise la plus ambitieuse, la plus audacieuse et la plus vaste jamais envisagée dans l'histoire militaire. En décembre 1941, les Alliés disposaient dans l'hémisphère oriental d'une force aérienne de 1284 appareils, dont beaucoup étaient en voie d'être dépassés :
Il leur faudrait faire face à des forces prélevées sur les
LA PUISSANCE JAPONAISE Les effectifs alloués par l'armée pour
les opérations en Asie du Sud-Est approchaient les 750 appareils
: 550 avions du 3e Hikoshudan (basé
à Saigon, en prévision de l'invasion du Siam et de la
Malaisie) et 175 du 5e Hikoshudan (à
Formose, pour l'invasion de Luçon). Le 3e
Hikoshudan regroupait le 3e Hikodan (27e,
59e, 70e et 90, Hikosentai), le 7e Hikodan
(12e, 60e, 64e et 98e Hikosentai), le 12e
Hikodan (1PT et lle Hikosentai), ainsi que les 15e,
21e et 83e Dokuritsu Hikotai. Le nouveau Nakajima Ki-43 Hayabusa
(chasseur type 1 de l'armée) venait renforcer le déjà
ancien Ki27b, tandis que de nouveaux modèles entraient en service,
comme le Kawanishi Ki-48 et le Mitsubishi Ki-46. En Chine demeurait
le ler Hikodan, avec 50 appareils, en Mandchourie
et à Sakhaline le 2e Hikoshudan,
avec 450 avions, et enfin sur l'archipel lui-même le ler
Hikoshudan, avec 50 chasseurs Ki-27b des 4e,
5e et 13e Sentai. Les appareils de réserve et d'entraînement
étaient au nombre de 1200. La flotte japonaise devait assurer la maîtrise
des mers au cours des opérations, pendant que sa propre aviation
interviendrait à Hawaii, à l'île de Wake, dans le
bombardement de Luçon et dans la couverture aérienne du
secteur de Davao, ainsi que dans les combats préventifs contre
les unités de la Royal Navy basées à Singapour.
Le fleuron de l'aéronavale était le le, Koku-Kantai, du
vice-amiral Chuichi Nagumo, avec les porte-avions Kaga et Akagi
(ler Kokusentai), Soryu et Hiryu
(2e Kokusentai), le Ryujo et
les tout nouveaux Zuikaku et Shokaku (5e
Kokusentai). Pour l'opération sur Hawaii, seuls les ler,
2e et 5e Kokusentai devaient entrer en action, avec des chasseurs
Mitsubishi A6M2 (type 21 de la marine), des bombardiers en piqué
Aichi D3A1 (type 99 de la marine), et des Nakajima B5N2 (type 97 de
la marine), bombardiers lance-torpilles basés sur porteavions
: soit 414 appareils. Le 3e Kokusentai, avec
les porte-avions Hosho et Zuiho, était alors rattaché
à la 11e flotte. A l'exception de la 24e flottille aérienne,
les unités installées à terre dépendaient
du 11e Koku-Kantai, du vice-amiral Nishizo
Tsukuhara. Les 21e et 23e flottilles de l'aéronavale étaient
implantées à Formose, prêtes à intervenir
sur Luçon, tandis que se trouvait sur les aérodromes proches
de Saigon, prête pour l'attaque de la flotte britannique, la 22e
flottille, du contre-amiral Sadaichi Matsanuga, avec 96 bombardiers
Mitsubishi G3M2 et un détachement de bombardiers Mitsubishi G4M1.
L'aviation terrestre (des G3M2, G4M1, A6M2 et quelques appareils de
reconnaissance Mitsubishi C5M2) représentait environ 600 avions
: 300 pour les 21e et 23e flottilles, 150 pour la 22e, et 150 pour la
24e, basée aux Marshall. Le 4e Kokusentai
disposait de 50 appareils aux îles Palaos et sur de petits porte-avions.
Des hydravions de reconnaissance Aichi E13A1 de même que des Nakajima
E8N2 et Kawanishi E7K2 étaient affectés aux différentes
flottes. Dans l'ensemble, l'équipement de l'aviation
de l'armée et de l'aéronavale japonaises était
de bonne qualité, voire exceptionnel dans le cas du chasseur
Mitsubishi A6M2 Zero et du Ki-46. Les pilotes et les équipages
avaient poussé très loin l'expérience du feu au
cours de dix années de luttes et de guerres ; beaucoup d'entre
eux enregistraient une moyenne de six cents à huit cents heures
de combat et tous étaient de haut niveau. L'ouragan qui allait
s'abattre sur le Pacifique et l'Extrême-Orient devait constituer
un bon exemple de l'usage de l'aviation comme arme offensive. En attendant, le haut état-major nippon forgeait les plans qui devaient permettre au Japon de conquérir, en quelques mois, une grande partie du Pacifique en vue d'y établir une " sphère de coprospérité ". La première phase de ce plan passait par l'annihilation de la flotte américaine basée à Pearl Harbor. |