Guerre du Pacifique - Raz de marée Japonais ciel de gloire - histoire des as de l\'aviation de 1914 à nos jours



 


 

 



Le RAZ de MAREE JAPONAIS

Au printemps de 1942, une fois leur position affermie aux Philippines et en Malaisie, les Japonais poursuivirent leur marche triomphale en Asie du Sud-Est. Mal préparés et disposant de faibles moyens, les Alliés perdirent rapidementla maîtrise de l'air et subirent coup sur coup de cuisantes défaites en Indonésie, en Papouasie et en Birmanie.



La progression Japonaise au cours du premier trimestre de guerre décembre 1941 - mars 1942

JAVA, BORNEO, INDONESIE, BIRMANIE, CELEBES, NOUVELLE-GUINEE, RABAUL, SUMATRA (11 - 23/01/42)


ABDA : 310 Avions      

 



Le 10 janvier 1942, un commandement allié regroupant toutes les forces militaires britanniques, néerlandaises, australiennes et américaines combattant en Asie du Sud-Est fut constitué sous le nom d'ABDA (American, British, Dutch, Australian) et confié au Field Marshal sir Archibald Wavell. La composante aérienne de l'ABDA, commandée par l'Air Chief Marshal R.E.C. Peirse, regroupait environ 310 avions de combat d'origines diverses. Sur ce nombre, 160 appartenaient à l'aviation des Indes orientales néerlandaises du général Van Oyen, qui disposait de Martin 139W-H2, de PBY-5, de Curtiss Hawk 75A-7, de Curtiss-Wright CW-21 et de Buffalo B-339D. Du côté britannique, le dernier appareil de la RAF avait quitté le 10 février Singapour pour Sumatra, où le reste des unités basées auparavant en Malaisie furent réunies au sein des 225th Bomb Group (Air Commodore H.J.F. Hunter) et 226th Fighter Group (Air Commodore S.F. Vincent). La présence américaine dans ce secteur n'était assurée que par les 7th BG et 43rd BG de même que par le reste du 19th BG, placé sous le commandement du Major General L.H. Brereton. L'arrivée de Curtiss P-40E en Australie devait cependant permettre la constitution d'une quatrième formation, le 17th Pursuit Group, dont certains éléments furent bientôt convoyés par mer à Surabaya depuis Darwin, via Kupang, Waingapoe et Bali.

En janvier 1942, les B-17 des 7th BG et 19th BG, bien que peu nombreux, étaient déjà engagés dans des missions à longue distance contre des objectifs japonais situés dans les Philippines. Décollant de Darwin ou de Malang, à Java, les avions américains se ravitaillaient en carburant à Samarinda, dans l'île de Bornéo. Enfin, en plus des Squadron 1 et Squadron 8 (GR), équipés de Hudson et basés à Sumatra, les unités australiennes engagées sur le théâtre insulindien comprenaient les Squadron 2, Squadron 4, Squadron 7 et Squadron 13, stationnés à Darwin, Kupang et Amboine-Laha.

Avec le transfert des 21e et 23e flottilles de l'aéronavale japonaise de Formose à Davao (dans les Philippines), au début du mois de janvier, l'offensive nippone en Asie du Sud-Est entra dans sa deuxième phase. La responsabilité des opérations préliminaires incomba au vice-amiral Nabutake Kondo, commandant du 2e Kantai. Chargée de mener l'offensive dans l'ouest de l'archipel, contre Sumatra, puis Java, le ler détachement naval du contre-amiral Jisaburo Ozawa allait bénéficier de la couverture aérienne de la 22e flottille (Kokutai Mihoro et Genzan), ainsi que du 3e Hikoshudan de l'aviation de l'armée. La 21e flottille (ler Kokutai, Kokutai Kanoya et une partie du Kokutai Tainan) allait quant à elle appuyer la Butai (force) centre dans sa progression vers Bornéo et Bali à partir de Mindanao, l'île la plus méridionale des Philippines. Enfin, la Butai est (viceamiral I. Takahashi) avait pour objectif les Célèbes et, plus au sud, Timor, Amboine et les autres îles de la Sonde orientales. Le transport d'hydravions Chitose et le porte-avions léger Zuiho devaient participer à cette offensive, de concert avec la 23e flottille aéronavale, qui comprenait, entre autres, le Kokutai Takao et le reste du Kokutai Tainan. Les porte-avions de l'amiral Nagumo, le Kaga, l'Akagi, le Hiryu et le Soryu, devaient jouer un rôle de premier plan dans les attaques destinées à préparer l'invasion des Indes néerlandaises.

 


La campagne débuta le 11 janvier 1942, avec les débarquements à Tarakan (Bornéo) et Manado (Célèbes). A Manado, 324 hommes du 1e Yokubetsu-Riku-entai (leY corps de « marines » spécial), parachutés par des Yokosuka L3Y1 type 96, ocupèrent sans coup férir l'aérodrome voisin, sur lequel atterrirent dès le lendemain les A6M2 de la 23e flottille aéronavale. D'autres actions se déroulèrent simultanément le 24 janvier à Balikpapan (Bornéo) et Kendari (Célèbes), la prise de l'île d'Amboine survenant dix jours plus tard. La force ouest commença son attaque contre Palembang (Sumatra) le 14 février 1942, quand, escortés par vingt et un Ki-21 type 97 qui transportaient armes et ravitaillement, trente-quatre WG-14 de l'aviation de l'armée lâchèrent 350 hommes sur les terrains et les raffineries de pétrole de la ville. Décimés, les 225th et 226th Groups de la RAF se replièent sur Java, où ils rejoignirent ce qui restait des formations néerlandaises et des unités de l'USAAF engagées sur ce front. En débarquant sur l'île de Timor - à Dili et Kupang, le 20 février -, les Japonais coupèrent la retraite des forces alliées sur l'Australie. Enfin, les grandes batailles aériennes qui se déroulèrent au-dessus de Surabaya, dans le nord-est de Java, du 19 au 21 février, marquèrent la fin de l'ABDA, dont la dissolution fut prononcée le 22 de ce même mois.

Tandis que la flotte de l'amiral Nagumo coulait de nombreux navires au sud de Java et soumettait à un bombardement intense les ports de la côte méridionale de l'île, les forces aériennes nippones conquéraient la maîtrise du ciel. Ne rencontrant aucune résistance dans les airs, les Japonais purent prendre pied sur Java dès le ler mars, les autorités des Indes néerlandaises signant leur reddition huit jours plus tard.

Alors que les combats faisaient rage en Malaisie, en Birmanie, aux Philippines et aux Célèbes, les Japonais lancèrent une autre offensive vers le sud-est, en direction de la Nouvelle-Guinée et de l'archipel des Bismarck, leur objectif final étant de couper les routes maritimes et aériennes entre les États-Unis et l'Australie. A la fin du mois de décembre 1941, les bombardiers Mitsubishi G3M2 du Kokutai Chitose et les hydravions Kawanishi H6K4 du Kokutai Yokohama, de la 24e flottille aéronavale (vice-amiral Eijii Goto), furent transférés de Kwajalein à Truk, dans les Carolines. A partir du 4 janvier 1942, les H6K4 pilonnèrent régulièrement Rabaul (en Nouvelle-Bretagne, dans l'archipel des Bismarck), clé du dispositif allié. Les avions de reconnaissance tactique Lockheed Hudson Mk III et Commonwealth Wirraway du Squadron 24 de la RAAF étaient basés sur les deux aérodromes de la ville, Vunakanau et Nakunai. Les Japonais passèrent à l'attaque le 20 janvier, 120 Mitsubishi A6M2, Aichi D3A1 et Nakajima B5N2 décollant ce jour-là des ponts des porte-avions Zuikaku, Shokaku, Kaga et Akagi. Face à l'écrasante supériorité numérique des forces nippones, les appareils australiens furent vite débordés. Le 23 janvier, à 2 heures, plusieurs bâtiments de la IVe flotte japonaise (4e Kantai), basée à Truk, pénétraient dans le port de Rabaul (Simpson Harbour) et y débarquaient 5 300 hommes. En fin de matinée, la ville était prise, le port et l'aérodrome de Kavieng, situés dans l'île voisine de Nouvelle Irlande, étant également occupés au cours des jours suivants.

 

 

Rabaul allait constituer le centre de commandement des forces japonaises qui opéraient dans le sud-ouest du Pacifique. C'est de là que les Nippons devaient lancer leurs actions contre la Nouvelle-Guinée, les Nouvelles-Hébrides et les îles Fidji et Samoa. De Rabaul, les G3M2 - bientôt rejoints par des Mitsubishi G4M1 - pouvaient attaquer le bastion allié de Port Moresby, sur la côte sud de la Papouasie. Le premier raid japonais sur cette ville se déroula le 3 février. Dans la nuit du 7 au 8 mars suivant, un corps expéditionnaire débarquait sur la côte nord de la Papouasie, à Lae et Salamaua, avec pour mission ultérieure de franchir à marche forcée les monts Owen Stanley et de prendre à revers Port Moresby par voie de terre. En attendant, Lae allait servir de base avancée pour les chasseurs de la 25e flottille aéronavale (contre-amiral Sadoyoshi Yamada), à laquelle le 4e Kokutai et les Kokutai Tainan et Kokutai Yokohama étaient rattachés. Lors de ses raids sur Port Moresby, la 25e flottille aéronavale trouva en face d'elle les Curtiss P-40E du Squadron 75 de la RAAF, lequel devait être mis à mal par les A6M2 du Kokutai Tainan, basés à Lae, au cours des semaines qui suivirent.

LES PORTE-AVIONS AMERICAINS ENTRENT EN SCENE.

Le 1 janvier 1942, au lendemain de l'entrée en service du Shoho, la flotte de porte-avions de la marine japonaise, qui comptait alors six bâtiments de flotte et trois d'escorte, était du point de vue du nombre beaucoup plus importante que celle de l'US Pacific Fleet, désormais commandée par l'Admiral Chester W. Nimitz. Les théâtres de l'Atlantique et de la Méditerranée accaparant une bonne partie de leurs forces aéronavales, les Américains ne disposaient dans le Pacifique que de quatre porte-avions - les USS Lexington et Saratoga (déplaçant 36 000 t chacun), et les USS Yorktown et Enterprise (19 800 t). Provisoirement retiré des opérations, l'USS Hornet ralliait alors San Diego pour prendre part à un exercice de l'USAAF en vue d'un raid sur Tokyo. Le nombre de porte-avions américains dans le Pacifique tomba à trois le 11 janvier, lorsque l'USS Saratoga, endommagé par une torpille, fut contraint de regagner Pearl Harbor. La menace d'un débarquement japonais dans les Samoa incita très tôt Nimitz à lancer une série d'attaques contre les îles Marshall. Selon le plan élaboré, la Task Force 8 (USS Enterprise) devait attaquer les atolls de Wotje, Maloelap et Kwajalein tandis que Makin, Mille et Jaluit constituaient les objectifs de la TF-17 (USS Yorktown). Les Air Groups CVG-6 et CVG-5, embarqués respectivement sur l'Enterprise et le Yorktown, comptaient chacun 18 Grumman F4F-3, plus 18 bombardiers-torpilleurs TBF-1 et 36 SBD-2 et SBD-3.

Ayant pris l'air le 11 février, à 4 h 43, sous la pleine lune, les avions de la TF-8 fondirent sur Kwajalein, Maloelap et un autre atoll, Roi, au lever du jour. Bien qu'elle ait surpris les Japonais, l'attaque donna peu de résultats, et les pertes qu'elle occasionna furent assez lourdes, quatre SBD-3 étant abattus au-dessus de Roi-Namur. Assailli par neuf Mitsubishi G3M2, au large de Taroa-Maloelap, l'USS Chester fut sévèrement endommagé ; enfin, l'Enterprise faillit être percuté de plein fouet par un bombardier japonais qui tomba en mer. De la même façon, les actions contre Mille et Makin, entreprises par la TF-17 se révélèrent peu fructueuses. Trois semaines plus tard, le 20 février, le Lexington tenta un raid contre Rabaul. Leurs avions de reconnaissance ayant aperçu le porte-avions américain, les Japonais dépêchèrent dans les airs 18 G3M2 et G4Ml. Ces appareils, détectés par les radars du Lexington à 120 km de distance, devaient être mis en pièces par le VF-3, placé sous les ordres du Lieutenant Commander J.S. Thach. Sur les dix avions japonais qui ne rentrèrent pas à leur base, cinq furent abattus par un autre as du VF-3, le Lieutenant E.H. O'Hare. Craignant d'avoir à essuyer d'autres attaques, le Rear Admiral W.A. Brown, commandant du Lexington, préféra cependant se retirer. Enfin, un raid américain d'une particulière violence fut dirigé contre les troupes et les navires japonais stationnés à Lae et Salamaua, le 10 mars 1942 : ce jour-là, 61 SBD, 25 TBF-1 et 18 F4F des VCG-2 et VCG-5, unités embarquées sur les porte-avions Lexington et Yorktown (TF 11), coulèrent quatre transports et plusieurs bâtiments légers. Aucune autre opération de grande envergure ne devait être lancée à partir d'un porte-avions de l'US Pacifie Fleet jusqu'en mai 1942 - à une seule exception près : l'extraordinaire raid du 17th Bomb Group sur les villes japonaises, accompli au mois d'avril de la même année.

RAID SUR LE JAPON (18/4/42) (Détail de la mission et courte biographie des 80 membres d'équipage)

C'est le 18 avril au matin que les appareils du 17th BG (M), conduits par le Lieutenant Colonel J.H. Doolittle, quittèrent le pont de l'USS Hornet avec pour mission de bombarder les villes de Tokyo, Kobe, Yokohama et Nagoya. Après avoir effectué une série d'essais sur terrain court à la base d'Eglin, en Californie, seize North American B-25B Mitchell spécialement modifiés avaient été embarqués sur le Hornet à Alameda, le 1 avril. Ayant appareillé le lendemain, le porte-avions américain rejoignit bientôt l'Enterprise pour former avec lui la Task Force 16 (sous le commandement de l'Admiral Halsey). Une fois leur mission accomplie, les B-25 devaient se poser sur les aérodromes de la province de Tche-kiang, en Chine.

Le 18 avril, à 7 h 38, une vedette japonaise fut détectée dans les parages de l'escadre ; redoutant qu'elle n'ait donné l'alerte, Halsey ordonna le décollage à 8 heures, alors que près de 1 300 km séparaient encore la Task Force 16 du Japon. Tous les B-25 réussirent à décoller et firent route vers leurs objectifs. Le mauvais temps favorisant leur approche, l'effet de surprise fut total. Quarante-neuf hommes réussirent à sauter en parachute au-dessus de la Chine, deux B-25B atterrirent en catastrophe dans le Tche-kiang et un autre parvint à gagner Vladivostok. Les membres de deux équipages qui s'étaient posés en territoire ennemi devaient en revanche subir un sort tragique, les Japonais les exécutant dès leur capture. Si les dégâts qu'il provoqua furent négligeables, le raid eut par contre une grande portée psychologique. Les Japonais lancèrent immédiatement une offensive contre le Tche-kiang, d'où ils pensaient que les Américains étaient partis. Puis la date des débarquements sur les îles Aléoutiennes et à Midway fut avancée, de façon à établir, le plus tôt possible, un cordon défensif loin des côtes de la métropole.



LE 1er KOKU-KANTAI

Au lendemain des attaques contre Pearl Harbor et l'île de Wake, quatre des six porteavions de l'amiral Nagumo - le Kaga et l'Akagi (ler Kokusentai), le Zuikaku et le Shokaku (5e Kokusentai) - avaient rallié Kyushu pour y subir des réparations, tandis que les deux bâtiments restants - le Hiryu et le Soryu (2e Sentai) - avaient mis le cap sur Truk. Ils devaient y être rejoints le 14 janvier par les ler Sentai et 5e Sentai, destinés à prendre part aux débarquements dans les Bismarck et en Papouasie. Une semaine plus tard, le Kaga et l'Akagi attaquaient Rabaul, tandis que Lae et Salamaua constituaient les objectifs du Zuikaku et du Shokaku. Dans le même temps, le Hiryu et le Soryu prêtèrent main forte au Zuiho et au Chitose au large d'Amboine. Au cours du mois suivant, les forces aéronavales dirigèrent leurs assauts contre Timor et, plus au sud, Darwin. Partis de Peleliu (Palaus) le 15 février, les 1er et 2e Kokusentai (ler Koku-Kentai, amiral Nagumo) firent route vers le port australien dans les jours qui suivirent. Le 19 au matin, alors que les navires se trouvaient à moins de 350 km de Darwin, 81 B5N2, D3A1 et A6M2, conduits par le capitaine Mitsuo Fuchida, décollèrent de leurs ponts. Suivie des G3M2 et G4M1 des ler Kokutai et Kokutai Takao, l'escadre aérienne atteignit Darwin à 9 h 50. Précédés par les B5N2, qui pilonnèrent la ville de 4 000 m d'altitude, les D3A1 attaquèrent en piqué le port et les aérodromes. Quant aux A6M2, ils mitraillèrent à basse altitude avions et navires, avant de décimer au cours de combats aériens le 33rd Pursuit Squadron (Major Floyd Pell), qui tentait de les intercepter. Les 53 bombardiers moyens nippons surgirent ensuite, à 11 h 45, pour pilonner la ville et le port. Quinze avions de l'USAAF et de la RAAF furent détruits - le 33rd Pursuit Squadron perdit neuf de ses dix P-40E -, et plusieurs navires envoyés par le fond. Les porte-avions japonais furent alors chargés de bloquer les côtes méridionales de Java, coulant dix bâtiments entre le 27 février et le 2 mars, avant de soumettre à une attaque d'une rare violence le port d'évacuation de Tjilatjap, le 5 mars.

Les forces aéronavales japonaises allaient ensuite effectuer une incursion dans l'océan Indien et le golfe du Bengale, où l'amiral Nagumo espérait affronter l'Eastern Fleet britannique (Admiral sir James Somerville) dans une bataille décisive - son autre objectif était de détruire les bases de la Royal Navy à Ceylan. Cinq porte-avions - l'Akagi, le Soryu, le Hiryu, le Zuikatu et le Shokaku - furent sélectionnés pour l'opération, tandis que le porte-avions léger Ryujo (4e Kokusentai), désormais basé à Mergui, en Birmanie méridionale, était chargé de traquer les navires alliés dans le golfe du Bengale. L'escadre de Nagumo quitta Staring Bay le 26 mars avec 377 avions.

Le 4 avril 1942 à 16 heures, un Consolidated Catalina du Squadron 413 de la RCAF, piloté par le Squadron Leader Birchall, envoya, avant de disparaître en mer, un message radio signalant les porte-avions de Nagumo à environ 550 km au sud-sud-est de Colombo. Un second Catalina aperçut à nouveau les navires japonais à 23 h 59. L'attaque contre Ceylan fut déclenchée dès le lendemain matin, à 8 heures, 53 B5N2, 38 D3A1 et 36 Reisen prenant l'air sous la conduite du capitaine Fuchida. Se frayant un chemin à travers les orages, les avions de Fuchida survolèrent l'aérodrome de Ratmalana à plus de 2 000 m, puis, après un premier passage de reconnaissance, piquèrent sur le port de Colombo. Du fait de l'insuffisance de la couverture radar britannique, les chasseurs de la RAF et de la FAA réagirent trop tard. 36 Hawker Hurricane des Squadron 30 et Squadron 258, escortés de six Fairey Fulmar des Squadron 803 et Squadron 806 de la FAA, réussirent malgré tout à décoller in extremis des terrains de Ratmalana et de Colombo. Au cours de la bataille aérienne qui suivit, les A6M2 du lieutenant Itaya (???) détruisirent dix Hurricane et en endommagèrent cinq (six avions d'une autre unité de la FAA, le Squadron 788, et deux Catalina furent également abattus ce jour-là au large de Ceylan). Les assaillants, qui ne perdirent pour leur part que sept appareils, coulèrent un navire marchand et un destroyer. Un peu plus tard dans la journée, 53 B5N2 et D3A1 attaquèrent un groupe de croiseurs britanniques au sud de Ceylan. Dirigés par le lieutenant Takashige Egusa, les bombardiers en piqué nippons atteignirent à plusieurs reprises les HMS Dorsetshire et Cornwall, qui sombrèrent au début de l'après-midi. De son côté, la force d'attaque du Ryujo mena, le 6 avril, un raid contre les ports indiens de Vizegapatam et Coconada. Enfin, le 9, les avions de Nagumo noyèrent sous les bombes Trincomalee et China Bay, envoyèrent par le fond le porte-avions HMS Hermes, et descendirent huit chasseurs de la RAF et de la FAA, plus cinq Blenheim Mk IV du Squadron 11. Pour le plus grand soulagement des Britanniques, l'amiral Nagumo décida alors de se retirer, plusieurs de ses bâtiments ayant besoin de réparations.

 

  


SUR LE FRONT DE BIRMANIE (12/41 - 5/42)

Au lendemain de l'invasion du Siam par la XVe armée japonaise, le 8 décembre 1941, le 10e Hikodan du 5e Hikoshudan de l'aviation nippone avait gagné les aérodromes des environs de Bangkok (Raheng et Chieng Mai), les unités qu'il regroupait (31e, 61e et 77e Sentai) étant équipées de Kawasaki Ki-48 type 99, de Mitsubishi Ki-21 type 97 et de Nakajima Ki-27b type 97. En l'absence d'une réelle opposition de la part de la RAF en Malaisie, le 7e Hikodan (12e, 60e, 64e et 98e Sentai) fut transféré lui aussi au Siam. Quelques jours plus tard, le 23 décembre 1941, les Japonais, qui se préparaient déjà à envahir la Birmanie, lançaient leur premier raid sur Rangoon. La défense aérienne de la capitale birmane était alors assurée par le 221st Group de la RAF, commandé par le Group Captain E.R. Manning, quelques Brewster Buffalo étant notamment mis en oeuvre par les Squadron 60 et Squadron 67 à partir de Rangoon-Mingaladon. Formés à Toungoo, dans le centre du pays, au début de l'année 1941, et disposant de trente-sept Curtiss Hawk 81A-3 (P-40B), les trois squadrons de l'American Volunteer Group (AVG) du Colonel Claire L. Chennault - les fameux Tigres volants - participaient aussi à la défense de la Birmanie. Sur les 60 Ki-21 qui furent engagés dans le premier raid sur Rangoon, neuf furent abattus par les chasseurs des Squadron 60 et Squadron 67 renforcés du Squadron 3 de l'AVG. Ces derniers devaient en revanche subir de lourdes pertes lors de la seconde action sur la ville, qui eut lieu le 25 décembre avec plus de 200 appareils. Les attaques japonaises allèrent en s'intensifiant au cours du mois de janvier - malgré les énormes pertes subies par le 5e Hikoshudan, du général Obata, dont les unités, qui avaient pris part à la campagne des Philippines, étaient désormais basées au Siam.

En dépit de la livraison accélérée de Hurricane Mk IIB, le 221st Group fut vite débordé par les forces d'Obata. Le 20 janvier, la 55e division japonaise attaquait à partir de Raheng, derrière la frontière siamo-birmane, et s'emparait de Moulmein, où les Britanniques avaient installé une station radar, les assaillants entamant alors leur progression vers le nord. Le 8 mars, au lendemain des combats acharnés du pont de Sittang, Rangoon tombait, Toungoo subissant le même sort trois semaines plus tard.

A la mi-mars 1942, quand le 5e Hikoshidan fut établi à Rangoon, toutes les formations engagées sur le théâtre birman lui furent rattachées. Le 4e Hikodan (8e et 50e Sentai) gagna Toungoo, tandis que le 7e Hikodan (12e, 64e et 98e Sentai) demeurait à Bangkok ; mais certains de ses éléments purent opérer à partir de Rangoon, en même temps que les Mitsubishi Ki-15 et Ki-46 du 15e Dokuritsu Hikotai (unité de reconnaissance) ; enfin, le 12e Hikodan (ler et lle Sentai) fut basé à Hlègu, et le 10e Hikodan (31e et 77e Sentai) à Lampang et à Phitsanulok, dans le nord du Siam. Ces forces allaient trouver en face d'elles, du côté britannique, les Squadron 17, Squadron 67 et Squadron 135 (Hurricane Mk II), et Squadron 45, Squadron 60 et Squadron 113 (Blenheim), ainsi que les Squadron 1 et Squadron 28 (AAC) de l'Indian Air Force. Ces unités devaient être décimées à la fin du mois de mars, lors des raids éclairs japonais sur Magwe et Akyab. Le 29 avril, prenant à revers les Alliés, les Japonais coupaient à Lashio la route reliant l'Inde à la Birmanie. Mandalay tomba en mai 1942, la 55e division nippone atteignant peu après le fleuve Chindwin, au pied de la chaîne montagneuse marquant la frontière avec l'Inde ; mais la mousson devait interrompre son avancée.

 

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