Jacques de Puybusque
est né le 22 octobre 1919 à Saint-Sulpice-sur-Lèze,
en Haute-Garonne. Engagé le 25 avril 1938 au titre du bataillon
de l'Air n° 109, de Puybusque
est breveté pilote militaire le 30 juillet 1938 à l'école
d'Angers. Il est promu Caporal-Chef le ler septembre suivant puis
sergent le 16 décembre. Au 3 septembre 1939 le Sergent de
Puybusque appartient à la lere Escadrille du GC
I/2. Il a rejoint le groupe à Chartres le 7 août,
et n'a été lâché sur Morane-Saulnier 406
que la veille du déplacement à Beauvais le 27 août.
Le 16 octobre 1939 le GC I/2 échange
ses vieux Morane contre des neufs et le Sergent reçoit le n°
676 " 15". La formation du jeune pilote ne se fera pas sans
mal, Williame écrivant à
son sujet : " Tout, en lui,était mélange bizarre.
C'était un pilote individuel remarquable. Dès le début,
ses acrobaties avaient eu de la classe, et lorsqu'on l'opposa en combat
à des pilotes plus anciens que lui, il disposa d'eux assez
rapidement. Lorsqu'il avait réussi à se mettre à
cinquante mètres dans la queue de son adversaire, c'était
un véritable bouledogue. Malgré retournements, vrilles,
feintes diverses, Puybusque restait
immuablement a cinquante mètres derrière sa victime.
J'en étais malade jusqu'à ce que le vaincu abandonnat.
car Je n'ai jamais vu Puybusque
lâcher prise. A côté de cela. il eut beaucoup de
peine à s'assimiler le travail d'équipier. Il se laissait
semer facilement en patrouille, et de plus il ne savait jamais où
il était.. Les uns après les autres, les chefs de patrouille
à qui je le confiais venaient me trouver pour déclarer
forfait. si bien qu'en dernier ressort je le pris dans ma triplette
vers le mois d'avril 1940. Il y fut parfait,à croire qu'une
bonne fée l'avait touché de sa baguette et que désormais
il lui était impossible de lâcher son chef de patrouille
ou d'ignorer le point exact où il se trouvait. Et il voyoit
clair en l'air ! " Son mécanicien aussi déclarera
" forfait" ses dix ans d'ancienneté n'ayant aucune
prise sur ce jeune pilote de vingt ans, qui plein de cambouis, lui
prouvait que ses idées permettraient de rendre l'avion disponible
plus vite.
CAMPAGNE
DE FRANCE
Le 6 novembre 1939, le Sergent de
Puybusque, en mission de couverture à 6 000 m d'altitude,
perd son chef de patrouille, le Lieutenant de
la Bretonnière. ll s'égare et doit atterrir en
campagne à Margnyles- Compiègne où son Morane
406 capote dans un fossé et se brise. Lui-même est indemne.
10 mai 1940
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Couverture du terrain sur alerte, une patrouille double,
décollage 4 h 35. Un quart d'heure plus tard les cinq
pilotes rencontrent deux Heinkel 111 du Stab
III./KG 55 à 3 000 m. Les trois pilotes de la
lere escadrille font un total de dix passes sur un bombardier
qu'avait déjà touché le Capitaine Hyvernaud,
le contraignant à se poser à Vahl-lès-Bénestoff.
Il sera homologué au Capitaine Hyvernaud,
au Lieutenant de la Bretonnière
ainsi qu'aux Sergents Meunier
et de Puybusque, sur
son Morane n° 676. Au total de
Puybusque effectuera trois missions ce 10 mai, mais au
retour de la dernière heurtera un avion à l'atterrissage,
rendant son "15 " indisponible trois jours.
Le 14 mai 1940, le GC I/2 fait
mouvement de Nancy-Ochey à Damblain. Des six pilotes
ayant décollé sur alerte peu avant le mouvemenr,
de Puybusque est le seul
à trouver le nouveau terrain du premier coup.
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20 mai 1940

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Le 20 mai 1940. Couverture Saint-Quentin - Rethel, une patrouille
triple de 17 h 15 à 18 h 00 sur secteur. En attaquant
quatre Bf 109 E avec ses huit équipiers, le Capitaine
Williame se trouve en fait
face à une trentaine de Messerschmitt des l./JG
27 et I./JG 51 ! Le Sergent de
Puybusque attaque un des monoplaces qui allait tirer le
Capitaine Williame, mais
le Bf 109 le sème en piquant. Une fois à trois
cents mètres de distance, l'Allemand se met à
faire des évolutions bizarres, permettant à
de Puybusque de le rejoindre
et de le tirer à vingt mètres seulement. Pris
en tenaille par trois autres, il doit dégager sans
voir la fin de sa victime qui passe sur le dos après
une explosion, jambe de train gauche sortie, puis s'écrase
vers 17 h 50 entre le camp de Sissonne et Laon [Le I./JG
51 perd deux Bf 109 E-3 au sud de Laon lors d'un combat
contre des Morane (pilotes saufs).]. Le lendemain, conformément
aux traditions de la Spa 3, de
Puybusque aura droit au port de la Cigogne d'argent, pour
cette deuxième victoire sûre, toujours sur le
Morane "15".
Le 1er juin 1940. Lors d'un voyage à Toulouse, il
obtient de passer voir son père, héros de la
Grande Guerre, qui lui avait demandé de ne revenir
qu'avec la Croix de Guerre. Du coup, le détachement
au complet (six pilotes) dîne chez le Colonel de
Puybusque ! Le sergent ramène au groupe le Morane
406 n° 820.
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Le 2 juin 1940, couverture Vesoul - Besançon entre 9 h 45
et 11 h 40, une patrouille double. Les six pilotes attaquent et poursuivent
sept Heinkel 111 sur une centaine de kilomètres. Touché
par le mitrailleur, Morane 406 n° 676 en feu et verrière
bloquée, de Puybusque
monte sur le siège, fait sauter la canopée avec son
dos et saute pès de la frontière suisse après
avoir touché un bombardier sans résultat visible. Il
écrira dans son carnet : "Désireux de montrer
aux autres qu'il ne faut pas avoir peur de tirer de près, je
mets en pratique une tactique qui paraîît excellente et
j'attaque 3/4 avant, finissant plein travers. Tir à 50 m. dans
le moteur, dégagement au ras du boche dans son sens de marche.
A retenir : dégagement au-dessus à éviter. Conséquence
: en flammes. Saut en parachute. "

MS 406 du GC I/2
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5 juin 1940
 
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Destruction sur alerte Colombey-les-Belles, une patrouille
triple, 12 h 30 - 14 h 00. Sur Neufchâteau, le dispositif
voit un premier peloton de quinze Junkers 88, faisant route
à l'ouest, donc encore une poursuite infructueuse en
prévision... Un second peloton d'égale importance
suivant le premier, il est aussitôt attaqué trois-quart
avant. Trois victoires seront homologuées aux pilotes
du GC I/2, bien que quatre manquants
aient été notés dans le vol des Junkers.
De Puybusque participe
à chacune des trois, aux commandes du Morane 406 n°
820 "11".
1er : Capitaine Williame,
Lieutenant de la Bretonnière,
Sous-Lieutenant Pichon, Sergents
Weber et de
Puybusque [Ju 88 A-1 "9K + KM" (WNr 5018) de
la 4./KG 51 abattu au sud d'Arbot
(deux tués et deux blessés prisonniers)].
2e : Capitaine Williame,
Sous-Lieutenants Husson et Audebert,
Sergent de Puybusque
[Ju 88A-l " 9K + HM " du 4./KG
5l abattu au sud de Troyes (quatre prisonniers dont
un blessé)].
3e : Sous-Lieutenant Pichon,
Sergents Beda, Weber
et de Puybusque [Ju
88 A-1 de la 5./KG 51 abattu à Arconville (quatre
tués et un blessé prisonnier)].
Les trois épaves sont retrouvées vers Troyes,
au nord-est de Chaumont et vers Auberive. Un quatrième
aurait été retrouvé vers cette localité,
mais jamais homologué.
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8 juin 1940

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Premier vol sur le Morane n° 288 "XV", arrivé
le 4 juin. Appelé en renfort sur le front de la Somme,
le GC I/2 détache une patrouille
triple à Coulommiers, base du GC
III/7. De là elle participe à une destruction
sur Beauvais - Gisors - Persan-Beaumont entre 16 h 00 et 16
h 30, protégée par des Curtiss du GC
II/4. La première mission s'effectue sans de
Puybusque qui dormait dans la salle des pilotes et que
personne n'a trouvé au moment de partir... Les pilotes
du GC I/2 abattent trois Messerschmitt
109, et trouvent à leur retour un de
Puybusque furieux !
Destruction Soissons -Attichy, 19 h 45 - 20 h 15 sur secteur,
une patrouille double de Morane 406 du GC
I/2, avec deux doubles de Bloch 152 du GC
II/6 et une triple de Dewoitine 520 du GC
II/3. Les trois pilotes de la première escadrille
s'engagent contre des Ju 87 du IV/LG
l, leur protection assurée par trois de la deuxième.
Six Stuka seront homologués au GC
I/2 [Le IV/LG l perd un Ju 87B-1
près de Soissons (deux tués), le pilote d'un
second Stuka de cette unité étant également
blessé en combat.] dont un à 19 h 50 pour de
Puybusque seul à quatre ou cinq kilomètres
au sud de Soissons, et un second, déjà endommagé
par le Sous-Lieutenant Chalupa
et qu'il achèvera à 19 h 55 avec le Capitaine
Williame,
à cinq kilomètres à l'est de Soissons.
Bizarrerie des homologations, ce dernier Junkers sera partage
officiellement avec Chalupa
et le Lieutenant Monty, alors
que le Polonais avait évoqué Williame,
tout comme le Journal de Marche et d'Opérations du
groupe qui attribue même trois victoires à de
Puybusque : une seul, une avec Chalupa,
une avec Chalupa
et le Capitaine Williame
!
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De Puybusque, promu sergent-chef
le 23 juin, participera aux dernières missions d'attaque de
colonnes motorisées les 23 et 24 de ce mois. Entre le 10 mai
et le 25 luin 1940 il aura effectué 45 missions de guerre.
Le Capitaine Williame
écrira "C'était un gosse héroique ".


Avec la dissolution du GC I/2, le 20 août
1940. l'As est affecté sur la base dépôt de Salon-de-Provence.
Volontaire pour servir en Indochine où il arrive le 25 février
1941, il rejoint le 6 mars l'Escadrille de Chasse
A596. C'est là qu'au cours d'un exercice en collaboration
avec la Marine, le Sergent-Chef Jacques
de Puybusque disparaît en mer à bord de son Morane
406 le 27 juin 1941.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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