Guerre du Pacifique - Campagne de Chine Birmanie Inde 1942-44 ciel de gloire - histoire des as de l\'aviation de 1914 à nos jours



 


 

 



CHINE, BIRMANIE et MANDCHOURIE

Eclipsés par la guerre aéronavale du Pacifique, les combats qui se déroulèrentsur le continent asiatique - en Birmanie, en Chine et en Mandchourie - n'en mirent pas moins aux prises des forces militaires très importantes. Opérant à partir de l'Inde et de la Chine centrale, un certain nombre d'unités aériennes britanniques et américaines jouèrent un rôle non négligeable dans la défaite finale des Japonais.

 

 

Tableau des effectifs au 1 septembre 1942 sur le théâtre des opérations CBI - Chine Birmanie Inde

: Aviation de l'Armée :1 560 Appareils

  • 1e Kokugun : Japon
  • 2e Kokugun : Mandchourie avec 550 avions
  • 3e Kokugun : Siam, Birmanie, Malaisie, Indoné

Group 221 et 224 à Calcutta : 15 Squadrons
Group 215 en Inde : 8 Squadrons
Group 225 en Inde : Surveillance Maritime
Group 222 à Ceylan : 9 Squadrons
Group 223 à Peshawar

USAAF : 259 avions (23 FG. 51 FG. 7 BG)

 

Alors que la marine japonaise était présente essentiellement en Insulinde et dans le Paciïique, l'armée de terre impériale, quant à elle, engagea pendant longtemps le gros de ses unités sur les théâtres d'opérations du continent, en Chine et en Birmanie. Cette répartition des tâches devait se maintenir jusqu'à l'automne de 1944, époque des débarquements américains sur Mindanao et Luçon, aux Philippines. Seules onze divisions de l'armée de terre nippone avaient pris part à la marche triomphale de l'hiver 1941-1942, en Asie du Sud-Est et en Indonésie. Les autres unités restèrent stationnées dans le Mandchoukouo et sur une bonne partie du territoire chinois ou gagnèrent progressivement l'Indochine, le Siam et, de là, la Malaisie, les Indes orientales néerlandaises et la Birmanie. Enfin, au 1er juin 1942, l'aviation de l'armée japonaise disposait, pour la défense de la métropole et ses opérations sur le continent et dans les îles de la Sonde, de 1 560 avions de première ligne répartis entre trois armées aériennes (Kokugun).

 

 

Le 1er Kokugun était basé au Japon même, son quartier général étant établi à Gifu, près de Tokyo. Il comprenait une force de défense aérienne regroupant sept Hikosentai et un Chutai (120 Nakajima Ki-27b et Ki-43) mais dépourvue de matériel sophistiqué. En dépit de l'alerte qu'avait constitué le raid américain d'avril 1942 sur les villes nippones, le grand quartier impérial restait convaincu que le Japon était en dehors de la portée des bombardiers ennemis. La zone d'action du 1er Kokugun - auquel étaient rattachées les unités d'entraînement du 1er Hikoshidan - incluait les Kouriles, Sakhaline, la Corée, les Ryu kyu et Formose.

Établi à Hsingking (entre Moukden et Harbin), en Mandchourie, le 2e Kokugun alignait pour sa part 550 appareils. Bien que l'Union soviétique mobilisât alors la quasi totalité de ses forces dans la guerre qui l'opposait à l'Allemagne sur le front de l'Est, les Japonais continuaient à redouter une offensive de l'Armée rouge contre le Mandchoukouo, ou, à tout le moins, des incidents sur les frontières de cet Etat. Face à la menace que constituaient les 1200 avions des IXe, Xe et XIIe armées aériennes de la V-VS sur les fronts de Transbaïkalie et d'Extrême-Orient, les forces aériennes japonaises mettaient en oeuvre leurs appareils les plus récents (chasseurs Nakajima Ki-44b-Ib Shoki et bombardiers Nakajima Ki-49 Donryu) et certaines de leurs meilleures unités. Si les le, et 2e Kokugun avaient pour tâche de maintenir une présence dans leurs secteurs respectifs, le 3e Kokugun, du général Obata (Singapour), était en revanche directement impliqué dans des combats, sa zone d'opérations couvrant l'Asie du Sud-Est (Siam, Birmanie, Indochine, Malaisie et Indonésie) et la Chine. Ce commandement comprenait le 5e Hikoshidan (Rangoon), qui regroupait les 3e Hikodan, 4e Hikodan, 7e Hikodan et 12e Hikodan (engagés respectivement à Java, en Birmanie, en Malaisie, au Siam et à Sumatra), et le 21e Dokuritsu Hikotai (en Indochine). Quant au 3e Hikoshidan, autre composante de la IIIe armée aérienne, il était responsable des opérations en Chine et devait constituer le noyau du futur 5e Kokugun, créé en mars 1943.

 

 

LES FORCES AERIENNES ALLIEES

Du côté allié, en Birmanie, l'essentiel des combats fut mené, pendant la retraite de janvier-mai 1942, par le 221st Group de la RAF et l'American Volunteer Group. Au lendemain de la débâcle des forces de l'ABDA en Insulinde, sir Archibald Wavell avait pris la tête des unités de l'armée britannique stationnées en Inde, l'Air Chief Marshal Peirse étant par ailleurs placé à la direction de l'Air Headquarters India, qui contrôlait toute l'activité aérienne du Cachemire à Ceylan et de l'Assam aux frontières de l'Afghanistan, à l'ouest. La défaite des Britanniques en Birmanie fut précipitée par la faiblesse des moyens dont ils disposaient sur ce théâtre, qui était à leurs yeux secondaire. Les quelques unités qui n'avaient pas été entièrement décimées furent regroupées en Assam pendant l'été, lorsque les pluies de la mousson interrompirent les combats.

Au 1er septembre 1942, les forces mises en oeuvre par Peirse étaient réparties en cinq Groups. Les 221st et 224th Groups, basés tous les deux à Calcutta, n'alignaient, face au 15e Hikoshidan, que quinze squadrons. Le 215th Group disposait quant à lui des Bristol Blenheim Mk IV des Squadron 34, Squadron 60 et Squadron 113 (basés à Asanol), des Vickers Wellington Mk IC du Squadron 215 (à Pandaveswar), des Lockheed Hudson Mk II des Squadrons 62 et Squadron 353 (à Dumdum), et des Westland Lysander des Squadrons 20 et Squadron 28 (à Ranchi). Le 224th (Fighter) Group comprenait les Hawker Hurricane Mk IIB des Squadrons 67, Squadron 136, Squadron 607, Squadron 135, Squadron 146 et Squadron 615, implantés à Jessore, Alipore et Dumdum, ainsi que les Curtiss Mohawk Mk IV du Squadron 5 (à Dijan). Le 225th Group (de surveillance maritime) était stationné à Bangalore, ses Consolidated Catalina assurant de manière régulière des patrouilles au-dessus du golfe
du Bengale. Basés à Ceylan et équipés de Hurricane, de Catalina, de Blenheim et de bombardiers-torpilleurs Bristol Beaufort Mk I, neuf squadrons formaient le 222nd Group. Le 223rd Group, enfin, se trouvait à Peshawar, sur la frontière du Nord-Ouest.

La présence américaine en Inde fut assurée à partir de mars 1942, avec la formation de la 10th Air Force, qui devait théoriquement comprendre six squadrons du 7th Bomb Group et deux unités de chasse (les 23rd Fighter Group et 51st Fighter Group). En août, cependant, lorsque le General Clayton L. Bissell en prit le commandement, les Curtiss P-40F du 23rd FG et du 16th FS (anciennement 51st FG) et les North American B-25B Mitchell du 11th Bomb Squadron (7th BG) avaient été entretemps attribués à la China Air Task Force (ex-AVG), du General Chennault. A la fin de l'année 1942, la l0th Air Force américaine devait tout de même compter pas moins de 259 appareils.

 

 

LES OPERATIONS EN CHINE, 1942 - 1943

Depuis que la route de Birmanie avait été coupée, en avril 1942, le ravitaillement en armes et en matériel des unités de la CATF était assuré par air, par-delà les hautes chaînes montagneuses de la Birmanie septentrionale, grâce aux Douglas C-47 et aux Consolidated LB-30 du Colonel Robert Tate. Établi à Kunming, le corps expéditionnaire américain, équipé de Curtiss P-40D et P-40K et de B-25, opéra également en 1942 à partir des aérodromes de Hengyang, Kweilin et Yunnani. Lui faisaient face les 250 avions du 3e Hikoshidan (le noyau de la future Ve armée aérienne), du général Takuma Shimoyana, stationnés à Nankin, Canton, Hank'eou et Tien Ho. Mettant en oeuvre des chasseurs Ki-43, des bombardiers Mitsubishi Ki-51 et Kawasaki Ki-48, et des appareils de reconnaissance Mitsubishi Ki-46-II, le 3e Hikoshidan pouvait être renforcé par des éléments provenant du 2e Kokugun, affecté à la défense de la Mandchourie. Opérant en formations de quatre ou cinq, et escortés à chaque fois par une vingtaine de P-40, les Mitchell de la CATF attaquèrent avec une virulence croissante les voies de communications, les aérodromes et les navires de l'ennemi. Au cours du seul mois de juillet 1942, les Américains abattirent vingt-quatre Ki-43 et douze bombardiers japonais en combat aérien, en ne perdant pour leur part que cinq chasseurs.

 

  

 

Le 9 août, la CATF lança sa première offensive contre un objectif situé en Indochine, quand les B-25B du 11th BS pilonnèrent avec une rare violence le port de Haiphong. Pendant les jours qui suivirent, les bombardiers américains gagnèrent Yunnani pour mener un raid contre Lashio et Myitkyina, dans le nord de la Birmanie. Deux mois plus tard, le 21 octobre, les B-24D Liberator du 436th BS, décollant de Tch'eng-tou, au nord-ouest de Tchong-k'ing, prenaient pour cible les mines de cuivre de Lin-shi, dans la province d'Hopeh, au sud-ouest de Pékin. Enfin, en octobre et en novembre 1942, B-25 et P-40 assaillirent sans relâche les ports de Hong Kong (Kowloon), Hongay, Campho et Lashio, ainsi que les navires nippons qui croisaient dans le golfe du Tonkin.

En mars 1943, quand elle prit le nom de 14th Air Force, la CATF regroupait les Liberator du 308th BG (H), les P-40K des 23rd FG et 16th FS et les B-25C du 11h BS, ainsi qu'un unique squadron de reconnaissance tactique. La nouvelle Air Force devait être engagée très tôt dans d'importants combats. Le 15 avril 1943, en effet, les forces terrestres nippones passèrent à l'offensive à partir de Hank'eou, le long du Yang-tseu-kiang, en direction de Tchong-k'ing. La campagne, qui dura jusqu'en juin 1943, fut précédée par une série de raids massifs du 5e Kokugun. Des formations de Mitsubishi Ki-21 et Ki-48, escortées par des Ki-43 et Nakajima Ki-44 et volant entre 3 000 et 5 500 m d'altitude, noyèrent sous les bombes les installations alliées de Yunnani, Ling-Ling et Kunming. Cette offensive devait se poursuivre, en juillet, par le pilonnage intensif des aérodromes de la 14th Air Force - entre autres, Hengyang, Kweilin, Kienou, Chih-Chang et Kantcheou. Renforcées en mai par 50 P-40M prélevés sur le front de Birmanie, les unités du General Chennault infligèrent de lourdes pertes au 5e Kokugun (les Lockheed P-38F du 449th FS devaient également intervenir sur le théâtre d'opérations chinois à partir de juillet). A la date du 1er janvier 1944, la 14th Air Force, qui comprenait 194 chasseurs, 50 bombardiers lourds et 38 bombardiers moyens, recevait 6 000 t de ravitaillement et matériels divers (carburant, lubrifiants, pièces détachées et munitions) chaque mois, par air, depuis l'Assam. Si elle connut en 1943 des moments critiques, la 10th Air Force américaine n'en contribua pas moins à immobiliser sur le sol chinois une armée aérienne japonaise tout entière.

 

LA RECONQUETE DE LA BIRMANIE

En octobre, le temps devenant plus clément avec la fin de la mousson, le général Obata dépêcha les chasseurs des 4e Hikodan, 7e Hikodan et 12e Hikodan en Birmanie, tandis que les bombardiers du 3e Kokugun gagnaient Lampang, Bangkok et Sungei Patani en vue de raids sur les villes du Bengale et les bases de la 10th Air Force en Assam. Dinjan fut la première à être attaquée, le 25 octobre, par les Mitsubishi Ki-21 du 12e Hikodan partis de Myitkyina (bénéficiant de l'effet de surprise, les assaillants détruisirent au sol un certain nombre de P-40K du 23th FG). Chabua, Mohanbari et Sookerating furent pris à partie au cours des jours qui suivirent. Plus au sud, dans le secteur du 224th Group, les 4e Hikodan et 7e Hikodan attaquérent à plusieurs reprises Chittagong, dans la dernière semaine du mois d'octobre et au début du mois de novembre. Calcutta, enfin, fit l'objet de cinq raids nocturnes entre le 20 et le 28 décembre, raids qui jetèrent la panique dans la population civile. Réclamés de longue date, des radars AI.Mk IV et des chasseurs de nuit Bristol Beaufighter Mk VI furent envoyés du Moyen-Orient en Inde ; l'arrivée du Squadron 176, fin janvier, devait avoir des effets immédiats : dès la première semaine de février, les raids japonais prenaient fin.

 

  

 

Le General Wavell avait fixé au début de l'année 1944 le commencement des opérations visant à la reconquête de la Birmanie. L'absence presque totale de voies de communication, le manque d'entraînement de ses troupes et la mauvaise qualité de leur matériel allaient cependant rendre la tâche du commandant en chef britannique très difficile. Une première tentative, conduite en direction d'Akyab, s'était soldée, un an plus tôt, par un désastre. Le 8 février 1943, la 55e division japonaise avait contre-attaqué et délogé les Britanniques de Donbaik et Buthidaung. Au cours des mois qui avaient suivi, les Britanniques, renonçant à tout assaut frontal, s'étaient contentés de lancer des raids ponctuels contre les lignes de communication ennemies. Dans les airs, l'aviation japonaise continuait à bénéficier de sa maîtrise, le 5e Hikoshidan faisant montre de remarquables qualités au combat, et ce, en dépit de la perte de ses meilleurs équipages en Nouvelle-Guinée et à Rabaul. Basée à Rangoon, cette unité comprenait, en mai 1943, le 4e Hikodan (colonel Shiro Kumazuka) et le 7e Hikodan (général Tomomichi Tanaka). Les avions de reconnaissance Ki-46 du 81e Dokuritsu Hikotai étaient quant à eux déployés à Hlègu. L'aviation japonaise allait désormais devoir compter avec la supériorité numérique des forces de la RAF et de l'USAAF engagées sur le front de Birmanie. En juin 1943, 34 des 52 squadrons de l'AHQ India étaient opérationnels, plusieurs d'entre eux avec des chasseurs bombardiers Hurricane Mk IIC et des bombardiers en piqué Vultee Vengeance Mk I. La 10th Air Force alignait pour sa part, en Assam, douze squadrons de P-40K, B-25C et A-36. A la veille de la mousson, les forces aériennes japonaises entreprirent une série de raids contre les aérodromes de la RAF au Bengale - Argatala, Feni, Kumbirgram, Palel et Cox's Bazaar.

 


 

Le 12 décembre 1943, la RIAF et les unités de la RAF et de l'USAAF basées en Inde furent regroupées au sein de l'Air Command South East Asia (sur un total de 850 avions, 264 appartenaient à la 10th Air Force). Commandé par l'Air Marshal sir Guy Garrod, l'ACSEA était subdivisé lui-même en plusieurs commandements, l'un d'eux, l'Eastern Air Command, comprenant les unités de chasse, de bombardement et de transport présents sur le front de Birmanie. Parmi elles figuraient : le 221st Group (Air Vice Marshal S.F. Vincent), avec quatorze squadrons de Hurricane, Spitfire Mk VC, Mosquito FB Mk VI et Thunderbolt Mk I(P-47D) ; le 224th Group (Air Vice Marshal the Earl of Bandon), comptant treize squadrons équipés des mêmes appareils ainsi que de quelques Beaufighter ; la 10th Air Force (General H.C. Davidson), qui regroupait les P-47 du 80th FG, les P-38H et B-25H du 33rd FG, et les C-47 Dakota des 3rd et 433rd Cargo Group ; et la Strategic Air Force (Air Commodore F.J. Mellersh), comprenant les six squadrons de Liberator B Mk VI du 231st Group (Calcutta), les B-24J du 7th Bomb Group et les B-25 Mitchell du 12th Bomb Group. Ces forces devaient ravir aux Japonais la maîtrise de l'air au printemps 1944. Après avoir appuyé les troupes du General Wingate au cours de leur avance, en mars, elles stoppèrent les dernières contre-offensives nippones en Birmanie. Pilonnant les voies de communication de l'ennemi au Siam, en Malaisie et dans l'ensemble de l'Asie du Sud-Est, elles contribuèrent de façon déterminante à la victoire de 1945.

 

 

L'ENTREE EN SCENE DES B-29

Outre la reconquête de la Birmanie, les Alliés envisagèrent de frapper au coeur de l'empire du Soleil-Levant. Les Américains, notamment, mirentt sur pied une nouvelle force autonome - la 20th Air Force - dotée de Boeing B-29 Superfortress. Opérant à partir de l'Inde et de bases avancées en Chine, ces avions avaient pour mission de bombarder des objectifs stragiques situés en Mandchourie, au Japon et en Asie du Sud-Est.

Les premiers B-29 du 58th Bomb Wing (VH) atterrirent à Chakulia, près de Calcutta, le 2 avril 1944, pour entrer très tôt en action à partir des aérodromes construits en un temps record dans la région de Tchengtou, en Chine, par plus de sept cent mille hommes réquisitionnés. La première mission des appareils de la 20th Air Force eut lieu le 5 juin 1944, quand 98 Superfortress chargées chacune de 25 915 1 de carburant et de bombes incendiaires de 227 kg décollèrent de Kharagpur, au Bengale, pour attaquer la gare de triage de Makasam, près de Bangkok. La deuxième sortie offensive de l'opération Matterhorn (nom attribué aux raids sur le Japon et la Mandchourie) devait quant à elle avoir pour objectif les aciéries impériales de Yahata, dans l'île de Kyushu. Opérant à partir des aérodromes de Tchengtou, où ils avaient atterri deux jours plus tôt, soixante-quinze B-29 des 40th Group, 444th Group, 462nd Group et 468th Group décollèrent le 15 juin, à 16 h 16. 45 des avions engagés atteignirent leur cible à la tombée de la nuit et larguèrent leurs bombes sans grande précision, provoquant peu de dégâts. La première attaque diurne contre Kyushu devait être lancée trois semaines plus tard, le 7 juillet, avec dix-huit B-29. Les Américains ne devaient rencontrer une véritable résistance de la part de la chasse nippone qu'à partir du 29, lorsque des B-29 qui s'apprêtaient à bombarder les aciéries d'Anshan, au sud de Moukden, en Mandchourie, furent assaillis par plusieurs dizaines de chasseurs japonais. Abattues en combat aérien ou par l'artillerie antiaérienne ennemie, cinq des 80 Superfortress ne rentrèrent pas à leur base. Yahata et Anshan, ainsi que la raffinerie Palembang (à Sumatra) et Nagasaki, allaient faire l'objet d'autres raids de la part du XX Bomber Command tout au long des mois d'août et de septembre 1944.

 


En août 1944, le General Curtis LeMay remplaça le General La Verne G. Saunders à la tête du XX Bomber Command. En prélude au débarquement américain dans les Philippines, les B-29 furent employés dans des attaques sur Formose et divers autres objectifs situés en Asie du Sud-Est. Des éléments de la flotte impériale japonaise mouillant dans le port de Singapour furent sévèrement mis à mal au début du mois de novembre. Malgré la combativité croissante de la chasse japonaise, qui mettait en aeuvre depuis peu de nouveaux appareils (Nakajima Ki-48 Hayate et Mitsubishi J2M3 Raiden), les formations américaines subirent de faibles pertes au cours de leurs sorties sur Kyushu. Avec l'arrivée du XXI Bomber Command dans les Mariannes - à partir desquelles l'ensemble de l'archipel japonais pouvait désormais être touché -, les opérations du XX Bomber Command depuis l'Inde et la Chine centrale perdirent de leur importance. Déchargé progressivement de ses unités, dispersées sur d'autres théâtres, ce commandement ne devait cependant être dissous qu'en mars 1945, après avoir inscrit à son actif 3 058 sorties au cours de 49 missions.

 

 


LA VICTOIRE ALLIEE

En Birmanie, la XIVe armée britannique finit par l'emporter sur les troupes japonaises à l'issue des grandes batailles d'Imphal et de Kohima, livrées entre mars et juin 1944. A cette époque, les Alliés jouissaient depuis déjà longtemps de la maîtrise de l'air, le 3e Kokugun, qui leur faisait face, ne disposant plus que de 159 avions dispersés en Birmanie, au Siam et en Indonésie. Leur victoire lors de la bataille cruciale de Mandalay, en avril 1945, leur ouvrit la route de Rangoon, qui tomba le 3 mai. Ce qui restait des forces nippones dut se replier au Siam.

Vaincus en Birmanie, les Japonais réussirent en revanche à faire reculer les Alliés en Chine. Le 27 mai 1944, appuyée par 350 avions du 5e Kokugun, la XIe armée japonaise, forte de 250 000 hommes, passait à l'attaque à partir d'Han-k'eou, en direction du sud ; dans le même temps, 50 000 hommes de la XXIIIe armée, partis de Canton, marchaient sur Hengyang, vers le nord. Malgré l'intervention de la 14th Air Force, les troupes nippones progressèrent rapidement et atteignirent, dans les deux mois qui suivirent, la plupart de leurs objectifs. Après avoir observé une pause, les Japonais lancèrent d'autres offensives, pendant l'automne de 1944 et le printemps de 1945. Ce n'est qu'au prix d'efforts surhumains que les forces chinoises de Tchang Kaï-chek, soutenues par des éléments aérotransportés depuis la Birmanie, parvinrent à stopper l'avance de l'ennemi en direction de Tchong-k'ing, à la bataille de Paoching, le 15 mai 1945. Cette victoire devait marquer le début de la retraite des Japonais.

 

 

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