AGARICI Horia ciel de gloire - histoire des as de l\'aviation de 1914 à nos jours
AGARICI Horia


 

 

 


 

 


 

Né le 6 avril 1911 à Lausanne
Décédé le 13 juillet 1982 à Constanta

 

Capitaine

10 victoires homologuées
2 victoires probablesn


 

 

 


Grade Date
Unités
Arrivée Départ Fonction Secteur
Asp
07/33
ARR 1931 1933 Elève Officier Roumanie
Slt
193?
ARR 1934 1937 Elève Pilote Est
Lt
194?
3e Escadrille 1938 1941 Pilote Est
Cpt
1943
53e Esc Chasse / 7e Gr 1941 1942 Pilote Est
     
52e Esc Chasse / 7e Gr 1942 02/43 Pilote Est
     
7e Groupe Chasse 02/43 08/44 Pilote Est

La gloire est un rêve caressé par de nombreux pilotes. La gloire peut vous transformer en un mythe, un demi-dieu. Elle peut changer votre vie, votre personnalité, votre vision du monde... surtout quand vous n'êtes pas préparé à ce choc. Lors de la Seconde Guerre mondiale, un chasseur roumain allait brutalement devenir héros national grâce à un acte de bravoure de quelques instants. Incarnant à lui seul la "lutte anti-bolchévique", il allait cependant par la suite connaître persécutions et prison. En fait, ce n'était pas un très grand pilote, bien qu'il ait été crédité de six victoires. Dans l'Armée de l'Air Roumaine, plusieurs de ses compatriotes dépassèrent ce score, quelques-uns atteignant même plus de soixante victoires. Mais l'impact d'un refrain fut tel que, même de nos jours, soixante ans après les faits, la plupart des Roumains interrogés dans la rue vous diront que le plus grand pilote de guerre de leur pays fut Horia Agarici, "celui qui partait combattre les Bolchéviques". Mais qui était cet aviateur en réalité ?

L'avant-guerre

Selon son dossier militaire, il voit le jour le 6 avril 1911 à Lausanne. Sa naissance en Suisse est quelque peu étonnante mais il semble que Valeria, sa mère, ait suivi son mari dans un voyage d'affaires. Horia allait demeurer enfant unique, sa mère décédant malheureusement en 1914. Le petit garçon sera alors élevé par une tante, Aurelia Dobrovici, qui vivait à lasi (ou Jassy), dans le nord-est de la Roumanie. Il suivra les cours de l'école primaire dans cette ville mais, pour le Lycée, il fréquentera les établissements de Iasi. Pitesti et Brasov... ce qui pourrait indiquer une scolarité quelque peu confuse ou contrariée. Ayant décroché son baccalauréat à l'école de Iasi en 1929, Horia entre à l'Ecole Polytechnique de Timisoara où il ne restera qu'une année. D'un récit. rédigé le 1er avril 1951 à destination des autorités communistes qui lui cherchaient noise, nous pouvons retirer cette précision ; "En 1931, je suis entré à l'école d'officiers d'aviation de Cotroceni, à Bucarest". Selon son dossier militaire, il est promu aspirant en juillet 1933 et versé à la Flotila I Aerostatie. A cette époque, les appréciations sur sa conduite sont plutôt positives : "Il est en continuel progrès car il tavaille sérieusement et de manière attentive" ; "Il pourrait faire un bon observateur d'artillerie" ; "Il travaille fort bien à la section des ballons" ; "Il présente de grandes aptitudes pour devenir observateur en ballon".

C'est cependant à sa demande qu'il est versé de l'unité de ballons à l'école de pilotage de Tecuci dont il sort le 16 avril 1934, muni de son brevet. Voilà ce que disent alors ses chefs de ce jeune officier : "Aviateur moyen, il apprend avec difficulté vu un manque d'attention et des moments d'absence". Notre tout nouvel aviateur fréquente diverses écoles de bombardement avant d'entrer à l'école de chasse de Buzau en 1937. Il est breveté pilote de chasse le 1er novembre 1937 et, l'année suivante, prend part aux grandes manoeuvres (royales) en tant que membre de l'Escadrila 3. Nous ne disposons guère d'informations sur Agarici à cette époque mais il est probable que ses chefs restent sur l'appréciation de 1935 : .. Il a fait preuve de bonnes aptitudes, de beaucoup d'énergie et de volonté, de l'énergie et du caractère. Il n'est pas impressionable. Etant dans une situation difficile lorsque des haubans de son appareil se rompirent dans les airs, il a réussit à se poser parfaitement. Il prend de bonnes décisions. Il pourrait devenir un officier d'élite à force de travail et d'entrainement". Comme on le voit, les opinions des officiers supérieurs sur Horia Agarici sont fort variables au fil des années... Le jeune homme était-il si changeant ?

 

 

Le légendaire combat du 23 juin 1941

Pour la Roumanie, la Seconde Guerre avait officieusement commencé en 1940 lorsque des territoires avec forte population roumanophone avaient été arrachés pour être annexés par l'URSS et la Hongrie. Le 22 juin 1941, c'est cependant aux côtés des Allemands et de ces mêmes Hongrois (alliés objectifs) que les soldats roumains entrent en URSS, principalement pour reconquérir la Bessarabie. A ce moment. le lieutenant Horia Agarici est à la 53eme Escadrille du Grupul 7. une unité équipée de Hawker Hurricane et basée à Mamaia sur les rives de la Mer Noire.

Dès le lendemain, Agarici va entrer dans la légende. On a beaucoup écrit sur cet épisode. La propagande s'en est tout naturellement mêlé et les exagérations populaires ont contribué à travestir encore plus la réalité. Pour avoir un témoignage plus ou moins objectif. suivons le récit de Ion Iliescu, présent sur l'aérodrome de Mamaia en ce beau jour ensoleillé d'été.

Le 23 juin 1941, les Hurricane doivent faire mouvement de Mamaia à Tecuci. Les chasseurs ont décollé Selon Iliescu : "J'étais à la station radio quand j'entendis le lieutenant Agarici Agarici des taches d'huile sur son pare-brise. Le commandant, le Capitan Emil Georgesu, lui ordonna de revenir à Mamaia, de réparer les dégâts puis de repartir pour Tecuci. Le Hurricane N° 3 quitta donc la formation et revint à Manaia. Je demandai à Rudolf Bujencu de me remplacer à la radio et couru alerter les sous-lieutenants mécanicien Matei Gomolea et chef ingénieur Petre. Le chasseur arriva de la mer pour se poser normalement. Le pilote n'arrêta pas son moteur tandis que l'équipe s'affairait. Quelques minutes plus tard, nous entendîmes des bruits de moteur et, regardant vers la mer, nous vîmes trois gros bombardiers arrivant de la gauche vers la ville (NB : le grand port de Constanza). Vu leur charge importante, ils semblaient comme suspendus dans les airs. Monsieur le lieutenant me demanda : - Ionica, vois-tu des chasseurs avec eux ? - Non, mon lieutenant, ils sont seuls, répondis-je. - Je vais les affronter. - Et, courant vers l'avion, il se mit à crier : - Rattachez le capot moteur, puis écartez-vous les gars ! Même si les mécaniciens n'étaient pas d'accord, ils durent "claquer" le capot. Le pilote décolla et vola tout d'abord près des flots, ne reprenant de l'altitude que quand il fut près des bombardiers. Je crois que les équipages de ces derniers ne l'aperçurent pas car ils demeurèrent sans réaction. Ils volaient sur la mer, droit vers Constanza, n'étant qu'à 2000 mètres d'altitude. Je n'ai plus vu l'appareil du lieutenant pendant quelques secondes. Soudain, nous le vîmes plonger sur le chef de formation qui alla s'écraser en mer entouré de flammes. Le chasseur effectua une ressource et reprir de l'altitude. Il s'acharna alors sur un second bombardier. Le feu s'en empara et il se mit à émettre une importante fumée, larguant ses bombes en mer et tentant de gagner la terre ferme. Il se posa à Valul lui Traian, l'équipage étant fait prisonnier. Le chasseur repartit en altitude pour attaquer le troisième appareil qui, à sa vue, largua de même ses bombes en mer, tentant un virage vers la gauche. Il passa dans le feu des six mitrailleuses du chasseur. Il descendit très lentement traînant un panache de fumée, planant sur la terre au Sud de Constanza et tomba fort loin. Trois autres appareils, voyant ce qui était urrivé à leurs prédécesseurs, larguèrent leurs bombes en mer et rtrent demi-tour. Le Chasseur revint se poser et atterrit comme un débutant mais sans dommage. Quand nous arivâmes près de l'appareil, nous fûmes étonnés de constater que le pare-brise était couvert d'huile. La fenêtre gauche manquait et l'huile avait aspergé l'habitacle et le pilote. Le lieutenant ne connaissait pas la suite de ses combats et nous lui apprimes. Quand le lieutenant quitta son avion, une chevrolet arriva avec le Commandant Georgescu, chef de la base d'hydravions proche. Il donna l'accolade au lieutenant pour avoir sauvé le porte et la ville d'un dur bombardement. Ce fut ainsi, il le prit dans ses bras, tout couvert d'huile qu'il était ! Les soviets avaient également de bons tireurs car le Hurricane portait les traces de balles. Le lendemain, quand le Lieutenant me vit, il me dit ; Ionica, mon vieux, comme tout devient très vite et rapidement sale.... Il n'était pas un guerrier. C'était un poète, type tranquille, plutôt un rêveur".

 

 

Naissance du mythe

La propagande allait bénéficier d'un fort intéressant matériel à exploiter et les rapides victoires d'Horia Agarici feront les choux gras de la radio, des journaux, des réunions visant à lever des fonds pour l'Armée, etc. Mais cette popularité serait restée malgré tout limitée dans le temps s'il n'y avait pas eu cette fameuse chanson... Agarici étant poète avait beaucoup d'amis et de connaissances dans les milieux littéraires. Ceci explique-t-il cela ? Nous ne pouvons le dire : mais le fait est qu'une chanson va modifier le destion de notre pilote. Qui l'a conrposée ? Nul ne peut le dire avec certitude- Selon l'ex-as roumain loan Dicezare. texte et musique furent l'oeuvre de l'orchestre populaire du restaurant "Tanti Lenutza" de Constanza, la ville "sauvée" par Agarici. - Selon Ion lliescu, le texte aurait été rédigé par Teodoranu Pastorel : "Ecoutes ! N'entends-tu pas au loin. Hélène. / un bruit plus sourd qu'un train ? / Quand tu l'entends venir de loin / N'en sois pas effrayée ! / C'est le chasseur Agarici / Il part abattre les Bolcheviks !". Inutilc de dire qu'après la guerre et la prise de pouvoir par les Communistes, ces derniers n'apprécieront que très modérément les deux lignes du refrain...

Mais en 1941, cette oevrette va déclencher les passions patriotiques ou simplement musicalcs. Tous vont la chanter et l'on peut penser qu'Agarici, se rendant incidemment au restaurant ou dans les lieux de danse se sentit continuellement "agressé" par cette rangaine jouée à tout bout de champ... lui mieux que quiconque savait qu'il n'était pas un pilote d'exception et que ses victoires du 23 juin furent surtout le pur fruit du hasard

La traversée du désert

Il est aussi certain, vu la nature humaine, que cette popularité aussi brutale que soudaine ne pouvait que générer la jalousie chez de nombreux pilotes de chasse roumains. Quoi ! Faire un as de cet aviateur quelque peu médiocre ? Faire un héros d'un
poète ? Transformer en "tueur" un être apte à beaucoup de chose, mais nullement à ôter la vie d'autrui ?...

En juillet 1941, le général lon Antonescu, chef de l'état-major roumain, vint à Constanza pour décorer Arigi et s'entretenir avec lui pendant une demi-heure. Ils parlèrent de la guerre, du Hurricane et de son combat devenu légendaire. Ces faveurs ne plurent pas à certains camarades d'Horia et, dès le lendemain, des rumeurs affirmeront qu'Agarici, portant sous sa veste une chemise verte de légionnaire, l'entrebailla pour la faire voir au général. Cette grotesque histoire allait cependant obtenir un certain succès, les roumains ayant de tout temps préféré accorder crédit aux ragots plutôt qu'aux communiqués officiels. Agarici, bien que déstabilisé par cette gloire soudaine et les jalousies qu'elle provoque, va suivre son unité en Bessarabie, où il sera crédité de deux autres victoires (dont semble-t-il un... Hurricane de l'Aviation Soviétique) lors de cette première campagne de l'Aviation royale roumaine. Mais, dès 1942 alors qu'une courte accalmie est accordée à l'armée roumaine, le total divorce entre la réelle valeur d'Agarici et son statut outré de héros national continuellement colporté par cette rengaine, à la valeur musicale certaine, va contribuer au désagrègement du comportement d'Horia. Ses compagnons d'escadrille vont le trouver de plus en plus étrange. Il emporte en effet ses effets personnels dans une taie d'oreiller. Son commandant d'escadrille notera en 1943 '. "Il n'est pas intéressé par le combat ! Il évite les engagements et, quand on annonce la présence d'ennemis, il vole dans la direction opposée. (...) Il doit de l'argent à de nombreux prêteurs. Il est modeste et de bonne éducation mais n'exécute jamais un ordre à temps. Etant officier de renseignement attaché au Groupe 7, iI ne donne guère satisfaction. Il disparaît pendant des jours et se cache pour composer des oeuvres poétiques. Quand il est envoyé convoyer un avion vers Blizneski, il arrive trois heures en retard. (...) Cet officier se révèle inutile lors des combats. Je suggère donc qu'on le trunsfère dans une unité technique ou d'écolage.

Ces remarques doivent être fondées. Horia Agarici ne remporte en effet plus une seule victoire, mais publie n"anmoins son nouveau recueil de poésie "Accords et nuances". En 1943, il est probable qu'Agarici ait tenté de casser son image de chasseur sans peur et sans reproche" puisqu'on le signale faire partie du premier contingent du nouveau Grupul 3, une unité reformée sur Ju 87 Stuka. Il n'y serait cependant demeuré que quelquesjours, ne pouvant supporter les piqués de cet appareil... Le lieutenant Agarici sera donc promu capitaine et chef de l'Escadrila 52, puis de la 53eme Escadrille, mais rien n'y fera ! Il ne se révèlera pas comme un meneur d'hommes, bien qu'il sera quand même crédité d'un bombardier américain B-24 Liberator lors de la première attaque d'importance de la 15eme USAAF sur la Roumanie le 4 avril 1944. Ce sera son 6eme et dernier succès.

 


Laprès-guerre

En août 1944, la Roumanie change de camp et se retourne contre son ex-allié allemand. Après la Victoire de mai 1945, les Soviétiques vont progressivement prendre le contrôle du pays tout en maintenant une apparence de légalité. Il ne faut en effet pas mécontenter trop vite les Occidentaux encore puissants et seuls détenteurs de la bombe atomique ! Trois ans plus tard, la démobilisation des armées occidentales, le désintérêt des opinions publiques, le début de la guerre froide, la division du monde en deux blocs, l'obtention de la bombe H par I'URSS, la mise en place en Roumanie d'un personnel soumis aux Soviétiques... tout cela permet d'entamer la répression. Les membres de l'armée roumaine ayant combattu de 1941 à 1944 contre l'URSS seront persécutés, jetés en prison ou envoyés dans des camps d'extermination. Le Roi Mihai lui-même sera contraint de quitter le pays. Mais, pour Agarici, il n'y aura nul répit, nulle periode transitoire. La chansonnette a polarisé sur lui la haine des nouveaux maîtres du pays. Bien que n'ayant "que" quatre (ou cinq) victoires sur des avions soviétiques à son actif, il est devenu un symbole, un "tueur de bolchéviques". Il connaîtra donc très vite la prison, son séjour se limitant cependant à quelques mois pour éviter d'en faire un martyr. Libéré, il n'en sera pas pour autant absous, devenant l'objet de nombreuses menaces, prison et camp étant employés comme épées de Damoclès. Pendant des années, Agarici devra se présenter dans divers postes de police et rédiger d'interminables pensums sur ses "faits de guerre", "ses liaisons présumées avec les légionnaires", "la vente du moulin paternel en 1927" (!), "la rue portant son nom", etc. Bref, tout ce qui passera par la tête de ses persécuteurs. Ejecté de l'aviation dès 1945, il lui sera fort difficile de trouver un emploi. Finalement, pour faire vivre sa famille (son épouse et ses quatre enfants), il travaillera comme ouvrier sans qualification. En 1951, il sera même dégradé et ramené au rang de simple soldat. Le 18 août 1965. cependant, son rang de capitaine aviateur lui sera restitué.

Horia Agarici n'avait pas désiré une gloire qui lui fut imposée par le biais d'une chanson populaire. ll n'avait pas plus voulou devenir le souffre-douleur des policiers d'un régime totalitaire. Victime du Destin, ce poète promu guerrier contre son gré est décédé le 13 juillet 1982 à Constanza dans cette ville qu'il avait trop bien défendue. Sur sa pierre tombale, ces mots : 'Aviateur légendaire". Malgré ses dénégations, le mythe continue au-delà de la mort. L'impact de la chanson restera le plus fort !

 

 


Traducteur / Translator / Traduttore / übersetzer / vertaler

 

 

DECORATIONS

 

Virtutea Aeronautica Order Knight class & 2 Bars
Ordinul Coroana României
Eiserne Kreuz 2nd class
Eiserne Kreuz 1st class

 

 


 

 

 

            

 

 

 

VICTOIRES
Date Heure Revendic Type Unité Avion d'arme Unité Lieu   Référence
23.06.41 Détruit DB 3
Hurricane 7e Groupe Constanza
1
(Lt) Agarici Horia
23.06.41 Détruit DB 3
Hurricane 7e Groupe Constanza
2
(Lt) Agarici Horia
23.06.41 Détruit DB 3
Hurricane 7e Groupe Constanza
3
(Lt) Agarici Horia
00.08.41 Détruit Hurricane
Hurricane 7e Groupe Odessa
4
(Lt) Agarici Horia
00.08.41 Détruit MiG 3
Hurricane 7e Groupe Odessa
5
(Lt) Agarici Horia
04304.44 Détruit B 24
7e Groupe
6
(Lt) Agarici Horia



Sources

http://www.worldwar2.ro
http://ro.wikipedia.org/wiki/Horia_Agarici