Paul Jacquier
est né le 14 juin 1910 à Orange (Vaucluse); son père
était officier dans l'Armée de Terre. Après des
études secondaires au Prytanée militaire de la Flèche,
il s'engage en 1928 dans l'Artillerie, puis il entre à l'Ecole
Militaire de Poitiers et à l'Ecole d'Artillerie de Fontainebleau
d'où il sort en 1934. En 1936 il passe à l'aviation et
est successivement breveté observateur en avion puis pilote et
navigateur. En 1938,
Paul Jacquier
est lieutenant observateur en Algérie. Promu capitaine en 1940,
il appartient alors à une unité d'aviation stationnée
en Syrie. Refusant l'armistice, il quitte son unité le 27 juin
1940 et se rend par la voie aérienne à Ismaïlia en
Egypte.
Officier le plus ancien dans le grade le plus élevé,
il rassemble les officiers, sous officiers et soldats qui ont rejoint
l'Egypte en venant de Syrie et de Tunisie. Il ne peut être question
avec douze avions de types différents sans pièces de
rechange de constituer un commandement français indépendant.
L'engagement dans la RAF pour la durée de la guerre est donc
décidé. Mais pour conserver à leur décision
le sens national qu'officiers, sous-officiers et soldats lui donnent,
le capitaine Jacquier demande aux
autorités britanniques :
1) de les considérer comme des représentants de la
France dans la lutte
2) que les unités constituées contiennent le mot "France"
dans leurs identités.
3) que la participation des Forces Françaises dans le cadre
de la RAF soit définie directement par le capitaine Jacquier
avec la plus haute autorité de la RAF Middle East : l'Air Marshall
Longmore. Celui-ci donne son accord avec compréhension et sympathie.
Trois unités naissent immédiatement le 8 juillet 1940
sous les appellations suivantes :
-Escadrille Française Libre de Grande
Reconnaissance n° 1 (French Bomber Flight n° 1) sous
les ordres du capitaine Ritoux-Lachaud
-Escadrille Française Libre de Chasse
n°2 (Free French Flight n° 2) sous les ordres du capitaine
Jacquier
-Escadrille Française Libre de Liaison
n°3 (Free French Flight n° 3) sous les ordres de l'adjudant-chef
Lornez
Ce n'est que deux jours après la constitution de ces unités
que le personnel français apprend l'existence du général
de Gaulle par la BBC. En août 1940, le capitaine Jacquier
rejoint avec le Free French Flight n°
2 le Squadron 274 de la RAF. Il participe
à la défense aérienne du port d'Alexandrie et
à la protection de la flotte anglaise dans ses missions de
bombardement de Bardia. Fin août, l'unité est chargée
de la défense de Haïfa. Le capitaine Jacquier
remplit alors des missions de défense en Palestine et est blessé
en service aérien commandé le 30 septembre. Sorti de
l'hôpital en novembre 1940, il reprend sa place au combat et,
en janvier et février 1941, opère des missions d'attaque
à basse altitude sur Hurricane.
En mars 1941, à la suite de l'inspection du général
de Gaulle en Egypte, le personnel français est libéré
de son engagement dans la RAF et incorporé dans le commandement
des Forces
aériennes françaises libres
(FAFL) à Londres. En avril
et mai 1941, Paul Jacquier
participe brillamment aux opérations de la frontière
d'Egypte. Engagé ensuite dans les opérations de Crête,
il est abattu le 26 mai 1941 par la DCA allemande au cours de l'attaque,
exceptionnellement périlleuse et à très basse
altitude, du terrain de Mallamé. Porté disparu, il reçoit
la Croix de la Libération le 21 juin 1941 ; il est alors prisonnier
des Allemands et sera libéré le 9 mars 1945. Il termine
la guerre avec le grade de commandant.
Promu lieutenant- colonel, il commande le groupe de transport "Algérie"
à Alger (1947-1948) puis, comme commandant en second, la 61ème
Escadre de Transport également à Alger (1949) Après
un stage à l'Ecole Supérieure de Guerre Aérienne
(Paris), il est breveté Etat-major. Promu colonel en 1951,
il est nommé sous-chef d'Etat-major de la 5ème Région
Aérienne (Alger) avant de suivre les cours du Cours Supérieur
Interarmées ("Armed Forces Staff College") des Etats-Unis
à Norfolk. Chef d'Etat-major du commandement de l'air en Algérie
en 1952, il sert ensuite au cabinet du maréchal Juin commandant
le "Centre Europe" à Fontainebleau jusqu'en 1955.
De 1955 à 1957, le colonel Jacquier dirige la Base Aérienne
de Marrakech au Maroc. Il reçoit ses étoiles de général
de brigade en 1957 et est nommé commandant l'air en Tunisie.
Général de division en 1958, il est adjoint au Ministre,
délégué général de l'organisation
commune des régions sahariennes (OCRS) et commandant interarmées
au Sahara (1958-1961). En 1961 le général Jacquier
occupe les fonctions de sous-chef d'Etat-major du Commandement Suprême
en Europe (SHAPE) avant d'être placé, comme général
de corps aérien, à la tête des Services de Documentation
Extérieure et de Contre-Espionnage (SDECE), de 1962-1964. Atteint
par la limite d'âge, il cesse ses activités militaires
en 1966 et devient rédacteur en chef d'une revue technique
(1967-1970), puis Directeur délégué de Société
Minière en Nouvelle-Calédonie (1970-1973). Il cesse
toute activité professionnelle en 1973 et totalise 5 600 heures
de vol militaire, 150 missions de chasse pendant la guerre 39-45 et
850 dans le cadre des opérations en Afrique du Nord (1955-1961).
Paul Jacquier est décédé
le 5 janvier 1995 à Paris.