Emile
Becquet est né le 8 juin 1914 à Le Derzeele, dans
le Nord. Il exerce en qualité de mécanicien dans le
civil lorsqu'il décide de s'engager le 15 octobre 1935 dans
l'Armée de l'Air au titre du 3eme Bataillon de l'Air. Nommé
Sergent, il est affecté le 1er septembre 1936 à la 4eme
Escadrille du GC II/1 qui est basée
à Etampes. Au cours de l'automne 1937, il effectue avec son
Groupe une campagne de maneouvres de 3 mois en Afrique du Nord au
terme de laquelle il est renvoyé à la vie civile. Il
rejoint son escadrille avec le grade d'Adjudant lors de la mobilisation
d'août 1939 et reprend sa place au GC
II/1 qui se déplace à Buc. L'unité est encore
équipée de Dewoitine 510, totalement dépassé.
Sa mission principale consiste à couvrir la région Parisienne.
En octobre 1939, le Groupe effectue sa conversion sur Bloch MB 152.
Equipé de la première version à moteur 14N-25,
le Groupe change pour des appareils à moteur 14N-49 plus performant.
Le changement s'opère à partir du 10 mai 1940, jour
de l'attaque allemande à l'Ouest et ne peut être conduit
en totalité, obligeant l'unité à voler sur les
deux types d'appareil jusqu'à l'armistice
CAMPAGNE
DE
FRANCE
Jusqu'au 13 mai le GC II/1 effectue principalement
des couvertures de la région parisienne, mais aussi parfois
d'Orléans et Châteaudun, obtenant ses deux premières
victoires. Le 14 mai onze pilotes, dont dix de la 4e escadrille, sont
détachés à Couvron (près de Laon) pour
opérer sur la Belgique. Le détachement subit de lourdes
Pertes : le Cpt Coiral, chef d'escadrille
est porté disparu, quatre autres pilotes sont blessés,
un total de huit avions définitivement perdus pour huit victoires
homologuées et une probable. Pour sa part l'adjudant Becquet
participe à deux missions ce jour-là. Lors de la première,
qui emmène à 10h 15 une patrouille triple sur Flize
- Sedan, une avalanche de Bf 109 s'abat sur les pilotes déjà
occupés avec des Ju 87 et un Hs 126 ; la patrouille simple
que commande Becquet n'obtient aucune
victoire mais le Lieutenant Matras rentre
avec son Bloch hors service. La seconde mission, six pilotes du GC
II/1 et trois du GC I/1, doit protéger
en début d'après-midi un Potez 63-11 du Groupe
de Reconnaissance II/52 sur Dinant - Ciney. Arrivé sur
ce secteur, le dispositif rencontre une soixantaine de Bf 109 et surtout
de Bf 110 avec lesquels le combat est inévitable. Si là
encore l'Adjudant Becquet parvient
à rentrer (en compagnie du Sous-Lieutenant Belland)
les pilotes de sa patrouille ne sont plus que deux sur six ! Trois
de leurs camarades (Lt Maurin, Sgt Brisou,
Sgt Robert) sont blessés ; le
dernier, posé à Maubeuge, rentrera un peu plus tard.
Le 18 mai le GC II/9, fraîchement
équipé de Bloch 152 lui aussi, rejoint le GC
II/1 sur la base de Buc. Renfort incomplet car les nouveaux arrivants
ne possèdent pas d'échelon roulant ; les mécaniciens
du GC II/1 devront donc s'occuper des avions
du GC II/9 pas encore au point, à
l'armement et la radio pas réglés, pas encore rodés...
Renfort bienvenu quand même car ce sont ving-cinq Bloch qui
viennent s'ajouter aux seulement quinze que possède encore
le GC II/1 après l'hécatombe
des 14 et 15 mai. Pour emploi les missions de couverture de la région
parisienne, à nouveau à charge des deux groupes, seront
effectuées souvent en patrouille double légère,
deux pilotes du GC II/1 et deux du GC
II/9. Ce système a pour avantage de faire connaître
leur nouveau secteur aux arrivants, avec Pour guide des pilotes le
survolant depuis longtemps.
20 mai 1940
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Mission de couverture sur le secteur de Creil
- Chantilly, une patrouille double légère mixte,
décolle sur alerte à 10h30 (Adjudant Becquet
et Sergent Montfort Amaury
du GC II/1, Sergent-Chef Cucumel
et Sergent Colomès du GC
II/9). Les éclatements de la DCA orientent les pilotes
vers un Dornier 215 faisant route vers l'ouest. Attaqué
par les Français, il fait demi-tour et s'enfuit vers
l'est en vol rasant, touiours sous le feu des Bloch Pourtant
très gênés par les manceuvres du Dornier
qui suit les ondulations du relief. Son avion très vite
touché par le tir du mitrailleur allemand qui lui occasionne
une importante fuite d'huile, l'adjudant Becquet
doit rompre et rentrer à Buc. Les trois autres continuent
leurs attaques par l'arrière jusqu'à ce que le
Sergent-Chef Cucumel change
de tactique et tire de trois-quarts arrière par dessus.
Après deux passes il envoie le Dornier Do 17P du 4.(F)/11
s'écraser à 12h00 entre Senlis et Crépy-en-Valois,
homologué aux quatre Pilotes : Adj Becquet,
Sgt Cucumel, Sgt Montfort
Amaury et Sgt Colomès.
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21 mai 1940
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Mission de couverture sur alerte du secteur
Chantilly - Pontoise, une patrouille double légère.
En fin de mission et alors qu'il se dirige vers Persan, le dispositif
tombe sur un Do 215 à 3 000 m qui s'enfuit en piquant
" plein pot ". Lancés dans une poursuite en
rase-mottes, les Bloch 152 ne le rattrapent que difficilement.
Le Dornier finit par être tiré d'assez près
par l'adludant Becquet et le
Sous-Lieutenant Belland : très
vite un des moteurs émet de grosses fumées noires,
l'avion réduisant fortement sa vitesse. Émile
Becquet rapporte : " J'attends quelques instants
que toute la patrouille soit placée et je tire plein
arrière. le suis obligé d'orroser car je n'ai
pas de lumière au collimoteur. Je continue à tirer
par rafales cinq fois plein arrière légèrement
en dessous dégageant à chaque fois pour que les
patrouilleurs puissent tirer. Le Lieutenant Belland
effectue trois posses. Le Sergent Montfort
tire quatre rafales. Le Sergent-Chef Roquerbe
ne peut arriver à bonne distance pour tirer. Après
une poursuite de douze minutes et ayant déjà effectué
une heure quarante de vol, nous faisons demi-tour",
Le bimoteur s'écrase finalement près de Roye à
6 h 05, homologué à la patrouille Becquet
- Belland - Montfort.
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MB 152 du GC II/1
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Le 2 juin 1940, le GC II/1 quitte définitivement
Buc pour la base voisine de Brétigny. Son potentiel s'est considérablement
renforcé grâce à l'arrivée de six pilotes
polonais le 19 mai (trois par escadrille) portant le nombre de pilotes
à 26. L'arrivée de nouveaux avions permet d'en compter
une vingtaine de disponibles sur vingt-cinq en compte. Vingt-trois
seulement rejoignent la nouvelle base.
5 juin 1940
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Une dizaine de pilotes polonais du GC
l/145 se pose à Brétigny, prenant à
son compte les missions de couverture de la région parisienne
et permettant ainsi au GC II/1 de
fournir trente-sept sorties en trois missions, dont deux sur
le front de la Somme. Au cours de la première, une destruction
sur Roye - Chaulnes engageant sept Bloch 152 emmenés
par le Lieutenant Brun, un Henschel
126 est abattu à une quinzaine de kilomètres de
Roye par la patrouille de l'Adjudant Becquet
- Sergent-chef Patoor - sergent
Montfort. Basés au sud de
Paris, les pilotes du GC II/1 jouent
avec l'extrême limite du rayon d'action du Bloch : pour
cette mission Pierre Patoor
a tenu l'air deux heures cinq minutes ! Lors de la seconde mission,
une destruction lancée à 17h 15 avec treize avions,
Becquet bien que touché
parvient à rentrer à Buc, mais son équipier
le caporal-chef polonais Krieger
doit se poser au nord de Beauvais et y laisser son avion.
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8 juin 1940
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Opérant oujours sur le même
secteur, une des missions de la journée permet à
l'Adjudant-Chef Ernest Richardin
et à l'adjudant Emile Becquet
d'abattre un Bf 109 à Laneuvilleroy, dans I'Oise.
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Le 10 juin, le GC II/1 évacue Brétigny
pour La Penhe, où stationne déjà le GC
III/2 qui a pu parfaitement camoufler ses vingt-cinq Curtiss sous
les arbres bordant la piste. L'arrivée de la vingtaine de Bloch
du GC II/1 est superflue au
vu des faibles capacités du terrain...
11 juin 1940
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Malgré des conditions météorologiques
défavorables, le GC II/1 fournit
un important dispositif pour une destruction sur Pontavert -
Neufchâtel-sur-Aisne : une patrouille triple basse et
une triple moyenne (en tout une quinzaine d'avions) protégée
à l'étage supérieur par une formation du
GC II/6. Ces trois patrouilles triples,
gênées par la brume, rencontrent aux environs de
9 h 00 de petites formations de bombardiers du II./KG
2 escortées par des Messerschmitt. Un pilote français
est blessé mais l'Adjudant-Chef Richardin
et l'Adjudant Becquet inscrivent
la dernière victoire du palmarès du GC
II/1 : un Henschel 126 surpris au nord-est d'Ermenonville,
à I'intérieur des lignes allemandes.
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Le GC II/1 se replie le 17 juin jusqu'à
Valensole, en Provence où l'armistice le surprend 8 jours plus
tard. Le 12 juillet, jour où le Groupe est transféré
à Luc, dans le Var, Emile
Becquet se tue en convoyant son Bloch n° 35 vers ce nouveau
terrain.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).