VIETNAM - CASSER LES DENTS DU DRAGON ciel de gloire - histoire des as de l\'aviation de 1914 à nos jours



 


 

 



CASSER LES DENTS DU DRAGON

 

 


Pendant la guerre du Viêt-nam, nombre d'objectifs stratégiques firent l'objet d'attaques répétées de la part de l'aviation américaine. Le plus célèbre d'entre eux fut le pont de Thanh Hoa, que les Nord-Vietnamiens avaient baptisé du nom évocateur de « Dents du dragon ».


Dans tout affrontement majeur, les adversaires en présence finissent par se polariser sur un certain nombre d'objectifs et leur accordent une importance qu'ils n'avaient pas au départ. Dès lors, ils s'appliquent à les détruire avec une énergie et une profusion de moyens largement disproportionnées par rapport à leur valeur réelle. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le cuirassé allemand Tirpitz constitua l'une des cibles privilégiées des Britanniques et fut soumis à des attaques répétées ; il fut en fin de compte coulé. Ce bâtiment joua un rôle militaire mineur dans le conflit, mais il faisait peser une telle menace sur les lignes de communication alliées que tous les efforts entrepris pour le mettre hors d'état de nuire se justifiaient. Néanmoins, il est permis de se demander si les moyens et les hommes affectés à cette tâche n'auraient pas été plus utiles et plus efficaces ailleurs.


Attaque du pont de Thanh Hao

 

Un autre exemple, plus récent celui-là, de cette tendance est celui du pont de Thanh Hoa, au Viêt-nam du Nord, contre lequel l'aviation américaine s'acharna plusieurs années durant. Les Américains parvinrent incontestablement à interrompre à plusieurs reprises le trafic entre le Nord et le Sud par cet ouvrage d'art ; mais l'ennemi fit preuve d'une telle ingéniosité pour le rétablir que le travail accompli par l'US Air Force et l'US Navy ne porta pas ses fruits. Il fallut attendre le mois de mai 1972 pour que les avions de l'USAF réussissent enfin à « casser les dents du dragon », c'est-à-dire à écraser définitivement l'objectif. L'affaire n'était pas pour autant terminée : les Américains furent en effet dans l'obligation de lancer plusieurs autres attaques pour empêcher les Nord-Vietnamiens de réparer le pont. L'épilogue survint en octobre de la même année, lorsque le président Nixon ordonna l'arrêt des bombardements sur le Viêt-nam du Nord.


Le pont de Thanh Hao après destruction

 

Bombardements dans la région de Thanh Hao

 

Dans l'intervalle, la région située autour de l'édifice avait pris un aspect lunaire, avec les innombrables cratères qu'y avaient creusés les milliers de bombes larguées par,les Américains. Les succès obtenus par l'aviation des Etas-Unis entre 1965 et 1972 dans ce secteur n'eurent qu'une très faible répercussion sur l'évolution générale de la guerre, et ils coûtèrent très cher en hommes et en matériel. Les canons antiaériens et les missiles sol-air nord-vietnamiens prélevèrent un lourd tribut sur les unités engagées dans cette action. Certains observateurs avancèrent que, même si le pont de Thanh Hoa avait été détruit beaucoup plus tôt, l'effort de guerre nord-vietnamien n'aurait pas été contrarié pour autant. Il va de soi que ce jugement a été émis a posteriori et qu'il est facile de tirer des conclusions dans ces conditions. Il reste que, à l'époque, l'urgence de la situation et la nécessité d'obtenir des résultats dans les délais les plus brefs justifiaient amplement ces attaques.

 

Bombardements dans la région de Thanh Hao


Situé à environ 115 km au sud de Hanoi, le pont de Thanh Hoa enjambait une rivière qui porte le nom de Song Ma. Construit entre 1957 et 1964, il bénéficiait d'une structure extrêmement robuste, comme allaient l'apprendre à leurs dépens les équipages des avions d'attaque américains. L'ouvrage, qui était long de 165 m, avait une largeur de 17 m, et il constituait indéniablement un naeud de communication de première valeur pour les Nord-Vietnamiens. Il n'est donc pas surprenant qu'il figurât parmi les quatrevingt-quatorze objectifs prioritaires que les chefs des états-majors combinés américains se proposaient de détruire au début de 1964.

Une année entière s'écoula avant que les autorités politiques n'accordent aux militaires américains l'autorisation de lancer des bombardements de. précision contre un certain nombre de points stratégiques au Viêt-nam du Nord. Quand l'opération Rolling Thunder prit une plus grande ampleur, le pont de Thanh Hoa devint vite une cible de première importance pour l'US Air Force et l'US Navy.

 

F-105 armé de bombes classiques


Le premier - et sans doute le plus massif - des raids dont il allait faire l'objet portait la dénomination de 9-Alpha. Lancé le 3 avril 1965, il concerna soixante-dixneuf appareils placés sous la responsabilité du Lieutenant Colonel Robinson James Risner et n'avait d'autre but que de détruire définitivement l'ouvrage. Les avions affectés à la force de raid opéraient depuis dés bases situées en Thaïlande et au Viêt-nam du Sud : il s'agissait en majorité de Republic F-105 Thunderchief provenant de Korat et de Takhli. Seize des quarante-six F-105 étaient armés de deux missiles air-surface Bullpup chacun, et les trente autres emportaient des bombes de 340 kg, destinées à l'objectif lui-même, mais également à l'annihilation des canons antiaériens et des sites de missiles sol-air qui l'entouraient.

une vive opposition

La destruction des moyens antiaériens nord-vietnamiens devait être aussi assurée par sept des vingt et un North American F-100 Super Sabre qui entraient dans la composition de la force d'attaque. Deux de ces avions étaient affectés à la reconnaissance météorologique, quatre à des patrouilles anti-MiG, et huit à la couverture des éléments chargés du sauvetage des équipages tombés en territoire ennemi. Parmi les autres appareils engagés dans l'action figuraient deux McDonnell RF-101 Voodoo et une dizaine de Boeing KC-135A Stratotanker, qui, orbitant au-dessus du Laos, devaient assurer le ravitaillement en carburant.

 

F-105 en cours de ravitaillement


L'attaque se déroula sans poser de problème tactique majeur, mais la réaction qu'elle suscita fut très vive. Les canons antiaériens nord-vietnamiens parvinrent à abattre un F-100D (613 TFS / 401 TFW - 1Lt Geroge Craig Smith - Tué) et un RF-101C (45 TRS / 39 AD - Cpt Herschel Scott Morgan - Prisonnier), mais plusieurs autres avions plus ou moins gravement touchés réussirent à regagner leurs bases. Au vu des résultats des missions de reconnaissance menées un peu plus tard, il fallut pourtant se rendre à l'évidence : les Américains n'avaient causé que des dommages mineurs au pont de Thanh Hoa. Cela ne voulait pas dire que la précision du raid avait été mauvaise. Nombre de missiles et de bombes avaient en effet atteint leur but, mais l'ogive explosive de 113 kg du Bullpup était mal adaptée à un objectif d'une construction aussi massive. Les puissantes bombes de 340 kg, quant à elles, n'étaient parvenues qu'à arracher quelques éléments de la structure métallique. Quelques-unes atteignirent cependant la route qui passait par le pont, créant des cratères profonds qui contraignirent les Nord-Vtetnamiens à interrompre la circulation pendant quelques heures. Tel fut le seul résultat positif du raid.

 

Des dégats limités
Missile AGM-12D Bullpup

 


Devant ce bilan quelque peu décevant, les responsables de l'offensive aérienne stratégique sur le Viêt-nam du Nord programmèrent une autre attaque pour le jour suivant. Une fois encore, quatre-vingts avions furent engagés au combat, et quarante-huit F-105 Thunderchief se virent attribuer la mission prioritaire de détruire le pont. Les armes utilisées furent différentes, des bombes de 340 kg étant substituées aux missiles Bullpup, inefficaces. Bien que trois cents de ces projectiles l'eussent atteint, l'édifice resta debout ; il avait été pourtant suffisamment endommagé pour que l'ennemi se trouve dans l'obligation de consacrer plusieurs jours à sa réparation. Ce modeste succès coûta à l'assaillant un F-105, descendu par le feu intense de canons antiaériens moyens de 57 mm (Cpt Carlyle S Harris du 67 TFS / 18 TFW - Prisonnier). En outre, deux avions du même type furent abattus par des Mikoyan-Gourevitch MiG-17 qui effectuèrent une passe rapide au-dessus du pont, quittant la place aussi vite qu'ils étaient venus (Major Frank Everett Bennett du 354 TFS / 355 TFW - Tué et Cpt James A Magnusson de la même unité - tué).

 

F-105 sous le feu d'un MiG


L'US Navy prend le relais

Peu de temps après, avec la mise en place du système Route Package, attribuant aux diverses forces armées américaines des zones d'opérations définies au Viêt-nam du Nord, la mission de détruire l'ouvrage de Thanh Hoa passa sous la responsabilité de l'US Navy. Pendant les trois années qui allaient suivre, des appareils aussi divers que le Douglas A-3 Skywarrior, le Douglas A-4 Skyhawk, le Grumman A-6 Intruder, le F-4 Phantom et le Vought F-8 Crusader furent engagés au combat. Ces sorties interrompirent à diverses reprises le trafic routier, mais elles ne permirent pas d'endommager le pont de façon conséquente. Parallèlement, les défenses antiaériennes nord-vietnamiennes n'avaient cessé de se renforcer, gagnant en efficacité. Elles enregistrèrent des succès réguliers entre 1965 et 1968, année au cours de laquelle le président Johnson imposa un arrêt provisoire des bombardements.

Les A-4 Skykawk jouèrent un rôle particulièrement important dans ces actions. Armés de missiles Bullpup, ils attaquèrent à plusieurs reprises l'ouvrage d'art nord-vietnamien. Mais, comme les autres avions de la marine américaine, ils n'obtinrent que de bien maigres résultats. En fait, tant que les Américains ne disposeraient pas d'armements dits « intelligents », le pont de Thanh Hoa demeurerait pratiquement invulnérable, et il poserait toujours autant de problèmes aux stratèges du Pentagone.

 

A-4 Skyhawk
A-6 Intruder

 

Bien qu'elle ne fût plus concernée en premier lieu par Thanh Hoa, l'US Air Force mit sur pied une nouvelle opération contre le pont à la fin du mois de mai 1966. Portant le nom de code de Carolina Moon, celle-ci consistait dans le largage de mines magnétiques de grandes dimensions (2,40 m de diamètre) au moyen de Lockheed C-130 Hercules. Emportées par le courant, ces mines devaient dériver jusqu'à l'ouvrage puis exploser en passant dessous, dès que leurs capteurs auraient détecté la présence de la masse métallique. Mais tout cela était théorique, et, en réalité, les choses ne devaient pas se dérouler de cette façon. Une tentative menée par un Hercules n'eut que de bien piètres résultats, Quatre des cinq mines larguées explosèrent sous le pont sans lui infliger de dommages majeurs.

Les missions de reconnaissance photographique effectuées après ce raid ayant montré que rien de tangible n'avait été obtenu, les Américains prirent la résolution de renouveler l'attaque au cours de la nuit suivante. Rien n'y fit, et l'avion à qui revint la mission ne regagna jamais sa base de Da Nang. On ne sut pas vraiment ce qu'il devint ; l'équipage d'un F-4 engagé dans une sortie de diversion rapporta qu'il avait enregistré des tirs massifs de la part des canons antiaériens ennemis et qu'il avait aperçu à un moment un éclair brillant au sol. On pense que le C-130 fut touché alors qu'il accomplissait sa course de bombardement à basse altitude.

 

F-4 de la Navy


Le coup final

En 1968, en dépit de tous les efforts déployés par les meilleures unités de l'US Navy et de l'US Air Force, le pont de Thanh Hoa n'était toujours pas détruit. Découragés par trente-six mois d'assauts infructueux, les Américains laissèrent passer quatre années avant de reprendre leurs raids. Les Nord-Vietnamiens profitèrent de ce répit inespéré pour procéder aux réparations nécessaires et pour relancer le trafic ferroviaire et routier au-dessus de la rivière Song Ma.

Ce fut l'invasion du Viét-nam du Sud par Hanoi, au printemps de 1972, qui poussa les Américains à reprendre leurs attaques contre le pont de Thanh Hoa, lequel, en fonction de ce qui s'était passé auparavant, constitua un objectif de la grande offensive aérienne lancée le 6 avril. Cette fois, les avions américains disposaient d'armes nouvelles et puissantes auxquelles les structures de l'édifice n'allaient pas résister. Il s agissait de bombes dites « intelligentes », à guidage optronique ou par laser. Baptisée Freedom Dawn, la nouvelle opération ne mit en jeu que peu d'avions à la fois, et le 8th Tactical Fighter Wing, basé à Ubon, porta les premiers coups au pont. Le 27 avril, une douzaine de F-4 Phantom, dont huit armés de bombes à guidage optronique, appartenant à cette formation se présentèrent au-dessus de l'objectif. Quand la poussière soulevée par les explosions retomba, les Nord-Vietnamiens se rendirent compte que l'ouvrage de Thanh Hoa avait subi une atteinte décisive, sans qu'ils aient pu infliger la moindre perte aux assaillants. Comme les piliers tenaient encore debout, les Américains décidèrent de venir achever le travail commencé.


F-4 se préparant à plonger sur leur objectif

 

Le 13 mai suivant, quatorze F-4 emportant neuf bombes de 1 360 kg et quinze de 907 kg, toutes à guidage par laser, plus quarante-huit projectiles classiques de 227 kg survolèrent Thanh Hoa, qui figurait parmi les objectifs impartis à l'aviation américaine dans le cadre de la campagne de bombardement Linebacker I. Cette fois encore, les appareils purent mener leur attaque sans subir de pertes, et ce malgré l'importance des moyens antiaériens (canons et missiles solair) mis en place par les Nord-Vietnamiens.

Lorsque le raid prit fin, les pilotes des Phantom se dirigèrent vers la Thaïlande, heureux de savoir que, plus jamais, leurs chefs ne leur demanderaient de revenir sur cet objectif. Le pont avait été, à n'en as douter, gravement atteint. Les F-4 avaient « cassé les dents du dragon ».

Les reconnaissances menées postérieurement à l'attaque montrèrent en effet que les bombes à guidage par laser s'étaient révélées d'une extraordinaire efficacité. Toute la partie occidentale de l'ouvrage s'était effondrée dans la rivière Song Ma. Les fondations s'étaient disloquées, et les superstructures ne formaient plus qu'un enchevêtrement de poutrelles métalliques. Même les plus pessimistes des responsables américains furent contraints de reconnaître que la remise en état du pont prendrait des mois. Le trafic routier et ferroviaire n'était donc pas près d'être rétabli à Thanh Hoa.

 

 

CAROLINA MOON

"Carolina Moon" sonne comme le titre d'une chanson bien qu'il s'agissedu nom pour désigner l'une des opération les plus dangereuses organisée par l'United States Air Force au cours de la guerre du Vietnam pour un équipage d'appareil de transport. L'action se situe en septembre 1965. L' U.S. Air Force et les appareils de la Navy bombardent depuis plus de 6 mois des objectifs au Nord-Vietnam avec des résultats variables. Si la plupart des objectifs ont fini par être détruit, il en est deux qui résistent à tous les assauts, deux ponts dont le premier enjambe la rivière Song Ma, un pont auquel les Vietnamiens ont donné le nom de "dents du dragon", un objectif connu du côté américain sous le nom de The Thanh Hoa Bridge.Au laboratoire de l'USAF, le Weapons Laboratory à Eglin AFB, en Floride, un nouveau concept pour augmenter l'efficacité des charges militaires vient d'être mis au point. La nouvelle arme est alors considérée comme idéale pour tenter de venir à bout du pont de Thanh Hoa Bridge. Toutefois, il demeure un problème de taille car le seul avion en mesure de transporter cette arme au sein de l'USAF est un appareil de transport inadapté aux missions de guerre en territoire ennemi.

Au début de 1966, deux équipages de C-130 du Tactical Air Command Wing à Sewart AFB, dans le Tennessee, nouvellement affectés au 64th Troop Carrier Wing, sont envoyés à Eglin afin de s'entraîner pour le largage de la nouvelle arme. Les Majors Richard Remers et Thomas Case conduisent leurs équipages pendant toute la phase d'entraînement afin d'être en mesure de larguer la mine de 2500 kg qui est censé détruire les piliers du pont de Thanh Hoa. Depuis que le pont en question est devenu l'un des objectifs les mieux défendu de tout le Nord Vietnam, le largage d'une charge flollante en amont de la rivière est apparu comme une solution pouvant permettre de limiter les pertes liées à une attaque directe. Le 15 mai 1966, les deux équipages quittent les Etats-Unis pour Da Nang. Dix mines sont chargées à bord des deux C-130E, en même temps que les armuriers spécialisés chargés de mettre en oeuvre et d'armer les mines. L'équipe arrive à Da Nang le 22 mai. Après une semaine de préparation , la mission est programmée pour la nuit du 30 mai.

Au cours de l'entraînement, une discussion s'est engagée entre les deux équipages quant à la meilleure tactique à employer. Le Major Remers pense que les hommes d'équipage seront génés par le gilet pare-balles et par le parachute pour effectuer leur mission et qu'il est donc préférable de mettre les gilets au sol pour se protégére des tirs d'armes légères. Si l'appareil devait être touché au cours du vol à basse altitude, sa résistance devrait permettre au pilote de prendre l'altitude nécessaire pour permettre à l'équipage d'enfiler les parachutes et de sauter. Le Major Case quant à lui pense que voler au ras des arbres présente un trop grand danger et ne permettra pas à ses hommes de sauter en cas de pépin. Il préconise donc de mettre l'équipement complet.

L'équipage du Major Remers est finalement sélectionner pour réaliser la première attaque, l'équipage du Major Case devant se tenir prêt à une seconde attaque dans le cas ou la première serait inefficace. Le Major Remers et son équipage formé du co-pilot Lt. Tom Turner, du navigateur Capt. Norman Clanton et des Lt. Rocky Edmondson, FE MSgt John R. Shields et loadmasters SSgt Aubrey Turner et A3C Johnny Benoit, décollent de Dan Nang juste parès minuit et prennent la direction des côtes du Nord Vietnam , volant à seulement 100 pieds (30 mètres) pour ne pas être repérés par les radars adverses. Arrivé à un point préalablement déterminé, Remers traverse la côte et gagne l'intérieur des terres pour une incursion de 43 Miles jusqu'à son objectif. Le Hercule allait devoir rester 17 longues minutes au-dessus du territoire ennemi, aux commandes d'un appareil non armé et très vulnérable.

Alors qu'il approche du pont, le C-130 n'a provoqué aucun tir défensif de la part d'un ennemi qui ne se doute certainement pas qu'un avion de transport non armé a osé s'aventurer seul au-dessus de son territoire. N'ayant pas été repéré, Remers décide de dépasser le premier point de largage et de s'avancer plus près du pont afin de diriger au mieux les mines. Le C-130 grimpe à 400 pieds et vole à 150 knots, avec la porte arrière ouverte en position de largage. Après avoir traversé le premier point, l'équipage essuie les premières salves de tir défensif depuis son entrée en territoire ennemi, mais les tirs sont fort heureusement peu précis et sans effet. L'équipage largue ses 5 mines dans la rivière, puis Remers replonge au niveau du sol et prend la direction de la mer de Chine sans demander son reste. Ils rentrent sans encombre à Da Nang où une bière bien fraîche et une bouteille de champagne les attend pour fêter l'évènement..

Le lendemain matin, une mission de reconnaissance photo montre que le pont a résisté à l'attaque. Le Major Case et son équipage disposant de 5 autres mines, une nouvelle attaque est programmée le lendemain. Juste avant de décoller, Case demande au Lt. Edmondson de se joindre à l'équipage afin que celui-ci profite de son expérience de la nuit précédente dans la conduite de l'attaque.

Le Major Case et son équipage décollent à 1 heure 10 du matin. Après avoir pris congé de la base de Da Nang, l'équipage observe le silence radio le plus total afin de ne pas être repéré par les services d'écoute Nord Vietnamiens. L'équipage ne donnera plus signe de vie et sera porté disparu.

Une section de F-4 devait assurer une mission de diversion aux abords du pont cett même nuit. Lorsqu'elle rentre à sa base, la section ne comprend plus qu'un avion et l'équipage rescapé annonce avoir vu une large explosion du côté de la cible au moment même où l'appareil devait larguer ses mines, semblant indiquer que l'appareil avait été abattu par la DCA.

En interrogeant des locaux navigant dans la région, les services de renseignement apprendront qu'un grand appareil avait largué 5 mines dans la rivière au cours du mois de mai. Quatre des cinq mines avaient explosé mais sans causer de dommages majeurs. Peu après être rentré au Tennessee, le Major Remers vit un film d'actualité Japonais montrant des Nord Vietnamiens exhibants les restes d'un appareil abattu et il reconnu les reste d'un C-130. Le commentateur indiquait qu'aucun des membres d'équipage n'avait survécu. Il faudra attendre finalement 1972 et la perte d'un total de 54 hommes pour voir le pont détruit.

 

 

EQUIPAGE PERDU Dans la nuit du 31 mai / 1 juin1966

C-130E n° 64-0511 du 61 TCS / 64 TCW

 

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S/Sgt ALBERTON Bobby Joe

Major CASE Thomas Franklin *

1Lt EDMONSON William Rothroc

AM1C HARWORTH Elroy Edwin *

Cpt Mc DONALD Emmett Raymond

Cpt SHINGLEDECKER Armon `Monty' - Navigateur

STICKNEY Phillip

1Lt ZOOK Harold Jacob *

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(*) Les dépouilles mortelles de ces hommes seront rapatriées aux Etats-Unis en 1986.

 

 

 

Texte original :

http://hometown.aol.com/samc130/cmoon.html
http://61tcs.org/last_flight.htm
http://www.masshome.com/powmia/magnusson.html

 

 


 

 

 

 

 

Sources :

Avions de guerre numéro 34 ; le combat aérien aujourd'hui : Editions Atlas 1988

 

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