Batailles : Front Est 1941 / 45 ciel de gloire - histoire des as de l\'aviation de 1914 à nos jours



 


 

 



LA GUERRE AERIENNE à L'EST

 

 

STALINGRAD

La contre-offensive soviétique de l'hiver 1941-1942 surprit totalement laWehrmarcht et fit perdre à Hitler tout espoir de mener une guerre de courtedurée à l'Est. Affaiblies par de terribles pertes, les armées soviétiques ne purentcependant maintenir longtemps leur pression.

 

En décembre 1941, le front germano-soviétique s'étirait sur 2 400 km de Petchenga, sur la mer de Barents, à Rostov, à l'extrémité nord-est de la mer d'Azov, à travers forêts, marais et steppes, en passant par le lac Ladoga et la poche de Leningrad, Viazma, Briansk et les terres à blé de l'Ukraine. La contre-offensive soviétique commença devant Moscou le 5 décembre 1941, d'autres attaques étant déclenchées, au nord, pour tenter de dégager Leningrad, et, au sud, en direction de Kharkov. La Wehrmacht, dont les canons et les blindés étaient paralysés par la glace, fut mise à plusieurs reprises en difficulté, les soldats allemands ayant été très mal préparés pour affronter les rigueurs du climat russe. Au cours des furieux combats de ce premier hiver, les forces soviétiques reprirent l'avantage, repoussant les Allemands de près de 300 km sur le front tenu par le groupe d'armées Centre en Biélorussie et opérant une percée dans le secteur nord, où Tikhvine, Liouban et Novgorod furent reconquis. En revanche, toutes les tentatives visant à desserrer l'étau allemand autour de Leningrad échouèrent. En mars 1942, l'Armée rouge relâcha sa pression au nord et au centre du front pour tourner toute son attention vers l'Ukraine, où des offensives destinées à déloger les Allemands de la région du Donbass et de Taganrog et à reconquérir Kharkov furent lancées. A l'exception du port de guerre de Sébastopol, la Crimée était à cette date entièrement aux mains des Allemands, les deux armées adverses se faisant face dans l'isthme de la péninsule de Kertch. Au cours de l'année 1942, pendant laquelle la Wehrmacht allait reprendre l'initiative, le Sud devait constituer le principal théâtre des combats.

 

 

La Luftwaffe diminuée

Avec le retrait de la Luftflotte II de Kesselring - et, avec elle, du IL Fliegerkorps -, le nombre d'appareils allemands engagés sur le front de l'Est tomba de 2 465 à environ 1 700 entre le 1er et le 31 décembre 1941. Le transfert du V. Fliegerkorps du secteur de Koursk-Stalino en Belgique en janvier 1942 devait affaiblir encore davantage la Luftwaffe. La Luftflotte I (avec le I. Fliegerkorps) demeura dans le Nord, tandis que le VIII. Fliegerkorps couvrait désormais le vaste secteur tenu par le groupe d'armées Centre. Dans le sud, le IV. Fliegerkorps continua à opérer au sein de la Luftflotte IV, un Sonderstab Crim étant constitué de manière temporaire. Avec l'envoi en Sicile des II. et III./JG 27 et du JG 53 « Pik-As », unités équipées de Bf 109F-4, la pénurie de chasseurs allemands sur le front de l'Est devint aiguë. De la même façon, le départ du StG 3 et d'éléments du Kampfgeschwader 54, du LG 1 et du Kampfgruppe 806 entraîna une réduction alarmante du nombre de bombardiers et de Stuka déployés en Union soviétique. Le froid intense et le caractère rudimentaire des infrastructures au sol rendaient les opérations de plus en plus difficiles, la défense contre avions soviétique mettant à mal, par ailleurs, les rares formations qui s'aventuraient au-delà du front. Avec ses faibles cadences de production, l'industrie aéronautique allemande ne comblait déjà plus les pertes en appareils, tandis que les écoles de formation parvenaient à peine à remplacer les pilotes disparus au combat. Entre janvier et mars 1942, les unités de transports dotées de Junkers du 52/3m subirent de lourdes pertes lors des missions de ravitaillement des poches de Kholm et de Demiansk, pertes qui devaient compromettre les opérations à venir sur le théâtre méditerranéen. C'était là, en effet, une première indication de la capacité limitée de la Luftwaffe à affronter l'ennemi sur plusieurs fronts à la fois. Mais l'aviation allemande allait se ressaisir, et reconstituer, tant bien que mal, ses effectifs en vue des campagnes de l'été.

 

MiG 3

 

La reconstitution des V-VS

Au début de l'année 1942, l'aviation militaire soviétique (V-VS) ne s'était pas encore totalement relevée des terribles coups qui lui avaient été portés l'été précédent. Aux nombreuses pertes (5 000 appareils détruits) s'était ajoutée la désorganisation de l'industrie aéronautique, consécutive au transfert de la plus grande partie de l'appareil de production soviétique au-delà de l'Oural ; 1 837 appareils furent construits en juillet, 2 329 en septembre, mais seulement 627 en novembre. Les actes de bravoure et d'héroïsme n'en abondèrent pas moins dans les rangs de la V-VS. Ainsi, à plusieurs reprises, les pilotes soviétiques éperonnèrent délibérément les appareils allemands. Dans le secteur nord du front, la Frontovaia Aviatsiia Leningrad, commandée par A.A. Novikov à partir du 23 août 1941, s'illustra tout particulièrement. Intervinrent à ses côtés la V-VS KBF (forces aériennes de la flotte de la Baltique) du général V.V. Iermatchenkov, la V-VS SF (force aérienne de la flotte du Nord) du major-général N.A. Kouznetsov et le Wing 151 de la RAF, qui opéra avec des Hawker Hurricane Mk IIB à partir de Vaenga entre septembre et novembre 1941. Dans la défense de Leningrad, le 7e corps d'aviation de chasse (IAK) du colonel S.P. Danilov, unité de VIA P-VO (défense aérienne), et la 39, division de chasse (IAD) du colonel 1.1. Kholzakov se comportèrent de façon remarquable. Les Mikoyan-Gourevitch MiG-3 du 401e régiment de chasse (IAP) du lieutenant-colonel S.P. Souproun rendirent de leur côté de précieux services à la FA Ouest entre juin et août 1941. Pendant l'été, les 67e et 55, IAP de la FA Sud, commandés respectivement par le major B.A. Roudakov et le lieutenant-colonel V.P. Ivanov, combattirent contre des formations allemandes, hongroises et roumaines, supérieures en nombre, dans les secteurs d'Odessa et de Tiraspol, leurs MiG-3 étant souvent surclassés par les Messerschmitt des Jagdgeschwader. En juillet et août, enfin, les bombardiers de la Dalnaia Aviatsiia (DA) attaquèrent Kônigsberg (aujourd'hui, Kaliningrad), Dantzig, Berlin, Ploiesti et Constantza.

 


C'est pendant les mois de l'hiver que l'Iliouchine II-2 Stormovik devait donner toute la mesure de ses possibilités. De conception rudimentaire, facile à piloter et à entretenir, cet appareil joua un rôle capital dans les combats. Les unités d'appui rapproché (ChAP), qui opéraient à partir de terrains de fortune par tous les temps, effectuèrent de nombreuses attaques alors que le plafond de nuages était inférieur à 60 m et que la visibilité ne dépassait pas 500 m. Volant en formations de douze à vingt appareils, les Il-2 s'approchaient de leur objectif en se succédant à 400 m d'altitude et se présentaient en piqué, faisant feu de tous leurs canons. Une autre tactique consistait à se diriger en rase-mottes vers la cible, avant de monter en chandelle, virer sur l'aile et accomplir un passage ; pour les servants de la Flak, le Il-2 était un appareil difficile à abattre. En octobre 1942, une version perfectionnée de cet avion, le biplace Il-2/m3, doté d'un moteur Mikouline AM-38F de 1 760 ch, allait faire son apparition.

Peu à peu, en effet, des appareils soviétiques capables de rivaliser avec ceux de la Luftwaffe entraient en service, remplaçant les chasseurs MiG-3, I-15 et I-16, ainsi que les bombardiers SB-2 et TB-3, retirés de la production à la fin de l'année 1941. Un long chemin restait cependant à parcourir.

 

 

La réorganisation de l'aviation soviétique

Le 5 mars 1942, la DA, après avoir pris l'appellation d'Aviatsiia Dalnaia Diéistviia (ADD, « aviation à long rayon d'action »), fut placée sous les ordres du général A.L Golovanov, lequel dépendait directement du haut commandement (Stavka). En mai, un important pas en avant était réalisé avec la dissolution des commandements d'aviation du front (FA) et la formation de forces aériennes (Vozdouchnaia Armiia, ou VA) ; le 5 de ce mois, la l7e V-VS VA fut constituée à partir de la FA Ouest, qui, comptant initialement cinq divisions, allait en rassembler une dizaine quelques semaines plus tard. Dans la région de Voronej, la 2e VA du général S.A. Krassovski, créée à partir de la FA Briansk, regroupait les 205e, 206e et 207e IAD (divisions de chasse), la 208e NBAD (division de bombardement de nuit), la 223e SBAD (division de bombardiers rapides) et les 225e, 226e et 227e ChAD (divisions d'appui rapproché). La 3e Vozdouchnaia Armiia du général M.M. Gromov (ex-FA Kalinine) devait entrer en action dans la région de Rjev au mois de juillet 1942 avec les 209e, 210e et 256e IAD, la 264e ChAD et la 211e BAD (division de bombardement). L'essentiel des combats se déroulant en Ukraine méridionale et dans le Caucase, il était naturel que des forces particulièrement importantes fussent allouées aux nouvelles 4e et 5e Vozdouchnié Armii, qui opéraient dans ces secteurs. La 4e VA (général K.A. Verchinine) devait disposer des 216°, 217, et 229e IAD, de la 218e NBAD, de la 219e BAD et de la 230e ChAD (sans compter sept régiments indépendants). Quant à la 7` VA (général S.K. Goriounov), elle allait comprendre les 236e, 237e et 265e IAD, la 132e BAD et les Il-2 de la 238" ChAD. Les unités de chasse soviétiques étaient désormais équipées d'un nombre important de Yakovlev Yak-1 et Lavotchkine LaGG-3, appareils qui n'étaient pas loin de valoir le Messerschmitt Bf 109F-2.

 

Bataille de Stalingrad

 

Une nouvelle offensive de l'Axe

De mars à juillet 1942, l'Ukraine méridionale et le Kouban constituèrent le principal théâtre d'opérations du front de l'Est. Le 17 avril 1942, le VIII. Fliegerkorps dut quitter la région de Smolensk pour appuyer les offensives du groupe d'armées Sud en Crimée et sur le Donets. Plus au nord, un nouveau commandement, le Luftwaffenkommando Ost, à la tête duquel fut placé le Général von Greim, fut créé le 10 avril 1942 à partir de la 1. Fliegerdivision (Generalmajor Alfred Bülowius) et de la 113. Flakdivision. Le JG 51 de Nordmarin, le StG 1 de Siegel et les Heinkel He 111H-6 des I. et IL/Kampfgeschwader 4 furent basés dans le secteur Chatalovka-Rjev. Commandé par von Richthofen, le VIII. Fliegerkorps prit part à l'attaque contre Kertch (évacué par l'Armée rouge le 15 mai), à l'écrasement de la grande poche de Barvienkovo le 17 mai et à l'assaut final contre Sébastopol au début du mois suivant. Effectuant d'emblée 723 sorties rien que le 2 juin 1942, les Junkers Ju 88A-4 des I. et II/KG 51, des I. et III/KG 76 et du III./LG 1, les Junkers Ju 87D-1 du StG 77 et du III./StG 1 et les Heinkel du I./KG 100 pilonnèrent les défenses de Sébastopol, tenues par les troupes de la 11, armée maritime du général Ivan I. Petrov. Les Soviétiques opposèrent une résistance acharnée à la XI armée du Generaloberst Manstein, Sébastopol ne tombant que le 4 juillet 1942. Environ 23 750 sorties avaient été menées par le VIII. Fliegerkorps, 20 529 t de bombes (dont certaines pesaient jusqu'à 1000 kg) étant larguées, tandis que 123 appareils de la V-VS n'étaient pas rentrés à leur base. Les Allemands, pour leur part, n'avaient perdu que 31 avions.

 

 

La voie était désormais libre pour la grande offensive de l'Axe dans le sud-est de l'Union soviétique ; après s'être emparée de Voronej, la Wehrmacht, par un vaste mouvement tournant, devait prendre Stalingrad en tenailles, pour descendre ensuite vers le Caucase et occuper les champs pétrolifères de Maïkop. En cas de succès, les Soviétiques se trouveraient acculés à la défaite. Déjà, les premières initiatives allemandes à l'est de la Crimée avaient porté leurs fruits. Du 17 au 22 mai 1942, la poche d'Iziottm-Barvienkovo avait été réduite, plus de 240 000 soldats, 1250 blindés et 2 000 canons tombant aux mains des forces de 1'Axe. En prenant en compte la victoire de Manstein à Sébastopol, les Allemands avaient capturé plus de 400 040 soldats ennemis en l'espace de trois semaines. La Luftflotte IV, commandée à partir du 19 juillet par von Richthofen et comprenant les IV, et VIII, Fliegerkorps (ce dernier étant désormais placé sous les ordres du Generalmajor Martin Fiebig), fut chargée d'appuyer l'offensive allemande. Le 23 juin, le Stab./VIII Fliegerkorps quittait cepen dant la Crimée pour la région de Koursk où combattait la IIe armée de von Weieb, tandis que le IX, Fliegerkorps demeurait dans le secteur Rostov-Kharkov. A la suite de l'adoption de mesures énergiques, le nombre d'avions dont disposait la Luftwaffe à l'est était passé de 1 700 à 2 750 entre janvier et juin. A cette date, en effet, 1 500 appareils étaient attribués à la Luftflotte IV au sud. 600 au Luftwaffenkommando Ost au centre. 875 à la Luftflotte I au nord, et environ 200 à la I.uftflotte V (Ost) sur le front Mourmansk-Kandalakcha. Parmi les nouveaux modèles entrés en service figuraient le FockeWulf Fw 190A-2, le bombardier en piqué Junkers Ju 87D-1 ainsi que l'avion antichars Henschel Hs 129B-1/R2, armé d'un canon MK 101 de 30 mm.

 

   

 

Pas un pas en arrière

L'offensive proprement dite débuta le 28 juin à 2 h 15, quand les blindés se dirigèrent à travers les champs de blé ukrainiens vers leur premier objectif, Voronej, sans rencontrer de grande résistance. Trois corps de blindés sovïétiqites furent mis hors de combat devant la ville entre le 4 et le 7 juillet, et l'Armée rouge se replia vers l'est dans les jours qui suivirent. A ce stade de l'offensive, cependant, Hitler modifia ses plans. Estimant les Soviétiques aux abois, convaincu que leurs troupes se trouvaient à nouveau dans un état de désintégration avancée, il revint sur les objectifs initiaux de l'opération et dispersa ses forces. Le groupe d'armées Sud (rebaptisé groupe d'armées A) reçut l'ordre de faire route directement vers le Caucase et de s'emparer des champs pétrolifères de Grozny et Bakou. De son côté, le groupe d'armées B, plutôt que de se maintenir sur le Don et de protéger le flanc nord-est du groupe d'armées A, avait pour mission de prendre Stalingrad. La XIe armée de Manstein, enfin, allait bientôt quitter le sud-est de l'Union soviétique pour gagner le secteur de Leningrad. L'offensive dans le Sud fut couronnée de succès, puisque, dès le 22 août, le drapeau nazi flottait au sommet de l'Elbrouz, point culminant des monts Caucase. Les panzers n'avaient plus que 130 km à parcourir pour atteindre Batoum, sur la mer Noire, à la frontière de la Turquie. De son côté, le groupe d'armées B entamait sa progression le long du Don, en direction du sud, vers Stalingrad. Résolu à prendre l'ennemi à son propre jeu, le haut commandement soviétique mettait déjà sur pied le piège qui allait se refermer bientôt sur la Wehrmacht.


Pour les Soviétiques, Stalingrad était plus qu'une simple ville industrielle sur la Volga ; elle avait à leurs yeux valeur de symbole. C'est là que le peuple russe devait stopper l'envahisseur. L'ordre 227, émis par la Stavka et daté du 28 juillet, commandait aux défenseurs de la grande cité de résister jusqu'à la mort, avec pour mot d'ordre « Ni chagou nazad !» (« Pas un pas en arrière! »).

 


Constitué le 12 juillet 1942, le front de Stalingrad fut placé sous le commandement du maréchal S.K. Timochenko. Il allait disposer des trois cents appareils de la 8e Vozdouchnaia Armiia du major général T.T. Khrioukine, de deux cents bombardiers Iliouchine Il-4, Petliakov Pe-2 et Petliakov Pe-8 de 1'ADD, et d'une cinquantaine de chasseurs I-16, Yak-1 et LaGG-3 de la 102e IAD, unité de la défense aérienne (P-VO). Affrontant un ennemi supérieur en nombre, ces forces aériennes, déjà désorganisées par leur transfert en hâte sur la rive est du Don, subirent de lourdes pertes. A la veille du premier assaut de la VIe armée de von Paulus contre Stalingrad, le haut commandement soviétique créa un nouveau front, celui du Don, tandis que le 5 août, la 16e VA du général P.S. Stepanov était formée en vue d'appuyer le front de Stalingrad. Un autre élément d'importance fut l'arrivée, le 20 août, de la 287e IAD du colonel Daniline, dotée de chasseurs Lavotchkine La-5 et chargée de renforcer la 8e VA (entre le 21 août et le 16 septembre 1942, cette IAD devait remporter 97 victoires en 299 sorties). Les combats maison par maison de Stalingrad constituèrent la bataille la plus acharnée et la plus âpre de toute la guerre. La VIe armée allemande se trouva bientôt prise au piège dans la ville en ruines, ses lignes de communication coupées. Le 19 novembre, en effet, l'Armée rouge avait lancé une vaste offensive contre la VIII, armée italienne et les III et IV, armées roumaines sur le flanc ouest des forces allemandes engagées à Stalingrad. Le 23 novembre, les Soviétiques opéraient leur jonction à Kalatch, encerclant la VI` armée et une partie de la IV, armée blindée. Le haut commandement allemand ne se rendit pas tout de suite compte de la gravité de la situation, car ce n'était pas la première fois que la Wehrmacht se trouvait encerclée sur le front de l'Est. Ravitaillée par air (comme à Kholm et à Demiansk), elle avait toujours réussi à percer le dispositif de l'ennemi.

 


Paulus reçut l'ordre de tenir jusqu'à l'arrivée du groupe d'armées Don, récemment formé dans le Sud, tandis que Goering promettait de fournir au moins 500 t de vivres, de munitions et d'armes par jour à la VIe armée encerclée. Mais le commandant en chef de la Luftwaffe ne tint pas compte des conditions météorologiques, de la médiocrité des aérodromes disponibles ni de la virulence de la défense antiaérienne soviétique autour de Stalingrad. L'objectif des 500 t quotidiennes ne fut atteint qu'une ou deux fois, la norme étant de 100 t (certains jours aucun avion ne réussit à passer). Tous les appareils de transport dont pouvaient disposer les forces de l'Axe en Russie méridionale prirent part au gigantesque pont aérien, y compris les Heinkel des unités de bombardement et d'entraînement. Incorporées au VIII. Fliegerkorps, les formations de transport proprement dites effectuèrent 3 196 sorties entre le 25 novembre 1942 et le 11 janvier 1943, 1 648 t de carburant, 1 122 t de munitions ainsi que 2 020 t de rations alimentaires étant acheminées.


Mais cet effort ne fut pas suffisant, et les pertes en appareils furent catastrophiques. Le 14 janvier 1943, l'aérodrome de Pitomnik était investi, tandis que celui de Goumrak tombait aux mains des Soviétiques le 23 janvier. Huit jours plus tard, Friedrich von Paulus, chef de la VIe armée, récemment promu Generalfeldmarschall, capitulait. Seul un corps d'armée continua à résister dans le secteur nord du périmètre pour, en définitive, déposer les armes le 2 février. Sur les 200 000 soldats de l'Axe présents dans la poche de Stalingrad le 22 décembre 1942, 91 000 se rendirent dans les premiers jours du mois de janvier et 16 800 furent capturés entre le 10 et le 31. Sur les 108 000 hommes qui partirent à pied, vers l'est, en captivité, seuls 5 000 revinrent en Allemagne.
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