Hardy, Marie Joseph Ferdinand
- dit Ferdy (1919 - 2007) est le fils de Jean Marie Raoul Hardy et
de Joséphine Marcelle Maingard. Ferdinand
Hardy naît à Curepipe le 4 mars 1919. Il fait
ses études secondaires au Collège Royal puis prend un
emploi dans le garage d'une « maison de commerce », d'abord
comme vendeur puis assistant manager. Après l'armistice de
juin 1940, son frère Raoul étant
déjà dans l'armée britannique engagée
dans la reconquête du Somaliland, il prend la décision
de s'engager comme volontaire dans les
Forces
françaises libres (FFL).
Pour payer son passage vers la Grande Bretagne il économise
« sou par sou », vend sa voiture et obtient le soutien
financier de Raoul Corson, son beau-frère, et de Louis Larcher.
Le 10 janvier 1941 il embarque sur le Tasman en direction de Durban.
De là il obtient un passage sur le Stirling Castle, fait escale
à Cape Town et atteint Greenock, en Ecosse, le 18 février.
Il rejoint Glasgow puis prend le train pour Londres où il loge
au Clavistella Club et retrouve Hector Paturau (q.v.) alors à
l'Etat-major des Forces
Aériennes
Françaises libres (FAFL).
Quelques jours plus tard, le 27 février, au siège de
« l'Empire Society », il participe à la réunion
des Mauriciens de Londres avec le Général de Gaulle
qui, dans une courte allocution, souligne notamment : « Je
vois combien français vous êtes, en même temps
que loyaux sujets de l'Empire britannique. » On le présente
au Général. « Nous avons parlé longuement.
Il ma félicité de mon geste, ma demandé
des nouvelles de Maurice, du mouvement de Gaulle là-bas, de
la possibilité dy avoir de nouvelles recrues, de ma traversée,
de mon opinion sur Londres, etc. Malgré quil soit connu
comme très froid et assez orgueilleux, il a été
très simple et chic avec tous les Mauriciens. »
Le 11 mars, après une nouvelle entrevue avec le Général
de Gaulle, Ferdinand Hardy est
incorporé dans les FAFL
et rejoint le centre d'instruction de l'air de Camberley. Le 22 mai
il est déclaré « apte au pilotage » et suit
les cours 6 et 17
EFTS (Elementary Flying Training School) à Sywell et
Peterborough. Caporal le 12 juillet, caporal-chef le 1er novembre,
il rejoint alors le 5 SFTS (Service Flying
Training School) à Ternhill. Le 21 avril 1942 il est breveté
pilote d'avion (brevet No 172 GB), est promu aspirant et muté
à Aston Down au 52 OTU (Operation
Training Unit). Fin juin il gagne le Squadron
93 à Andreas sur l'île de Man. Enfin le 22 septembre
1942 il rejoint le Squadron 340 "Ile de
France", (premier Squadron de la France Libre à être
intégré au sein de la Royal Air Force) qui comprend
2 escadrilles (flights), Paris et Versailles, équipées
de Spitfires. Trois mois plus tard il est nommé sous-lieutenant.
Le 13 janvier 1943 il abat un Focke-Wulf allemand. A ce titre il
reçoit la Croix de Guerre avec palme de bronze et la citation
suivante : « Pilote de chasse qui a donné de magnifiques
preuves de sa valeur. A détruit le 13 janvier 1943 un chasseur
ennemi F.W.190 qui a été vu éclatant et tombant
en morceaux sur Abbeville. Compte 31h45' de vol d'opérations
et 9 opérations offensives en territoire ennemi. »
Il participe à de nombreuses actions de guerre. En juillet
1943 il est muté comme instructeur au 57
OTU où il est particulièrement apprécié
: "This officer worked well as an instructor and being a Frenchman
with an excellent knowledge of english he has been invaluable in teaching
french pupils. He has a lot of dash and a very pleasing
personality".
En mars 1944 il revient au Squadron 340 "Ile
de France", et participe alors au débarquement de
Normandie en effectuant de nombreuses missions de soutien. Dans une
lettre à ses parents il écrit : « 6 juin
A laube, nous mettons nos moteurs en marche, et environ trente
minutes après nous sommes au-dessus de ce quon appelle
encore les assault areas et quon doit appeler demain
têtes de pont
Il mest difficile de
décrire ce qui soffre à nos yeux, dautant
plus quen labsence davions de chasse ennemis (chose
inouïe et à laquelle nul ne sattendait), et vu les
centaines davions alliés patrouillant la région
à toutes les altitudes, nous avons, si lon peut dire,
des fauteuils de balcon pour assister au plus impressionnant des spectacles
Sur les plages, les troupes débarquent et foncent sur lennemi,
pendant que les grosses batteries des cuirassés et des croiseurs
canonnent sans répit les blockhaus allemands et les positions
ennemies sur la côte et en arrière de celle-ci
10 juin Au cours du premier "show", je reçois,
à lest de lOrne, pas loin de Caen, un 25mms. explosif
au bout de laile gauche
Il devient très dur de
maintenir lavion en position de vol
(je) franchis le bon
bout deau qui me sépare de mon terrain, où je
me pose enfin, sans casse. Quelques centimètres plus à
droite, ce coup direct aurait porté en plein dans mes munitions,
ce qui aurait peut-être fait un gros boum !....13
juin Journée historique pour nous, on se pose en France,
à Crepon, près du petit village de Ste Croix. Inutile
de dire notre émotion à tous !... Descendus davion,
nos pilotes se roulent par terre dans la poussière et embrassent
le sol de la Mère-Patrie. On jubile !... »
Le 25 juin 1944 Ferdinand Hardy est
nommé lieutenant et le 26 juillet il est décoré
de la Croix de Guerre avec étoile d'argent et la citation suivante
: « Jeune officier et leader capable. A effectué 50
missions offensives au cours desquelles il a déployé
de belles qualités d'adresse et de sang froid. A notamment
ramené à la base son avion fortement endommagé
par la DCA ennemie et a participé à 6 bombardements
en piqué ou attaques au sol. » Déjà
en charge du flight Paris il assure, du 13 mars au 14 avril 1945,
le commandement par intérim du Squadron
340 "Ile de France", dont le commandant avait été
abattu la veille en plein ciel au-dessus de l'Allemagne et fait prisonnier.
Il est alors basé à Lingen, en Allemagne.
Nommé capitaine à la fin de la guerre il est envoyé,
en août et septembre 1945, en mission auprès du commandant
des forces aériennes de Madagascar. Il totalise alors plus
de 800 heures de vol. Démobilisé en décembre,
fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre militaire,
titulaire de la Médaille de la Résistance avec rosette,
il rejoint l'Océan Indien. D'abord employé à
Texaco Madagascar, il est affecté en février 1947 à
la Compagnie Pétrolière Caltex à Cape Town, puis
transféré fin de cette même année à
Lourenço Marques (Mozambique) où il restera, d'abord
comme chef du service des ventes puis comme Directeur, jusqu'en juillet
1967 date à laquelle il retourne à Madagascar comme
Administrateur Directeur Général de Caltex pour Madagascar,
La Réunion et les Comores. Il y fonde avec des amis l'Association
Française de Solidarité de Tananarive.
En 1970 il est fait Officier dans l'ordre de la Légion d'honneur
au titre du Secrétariat Général pour la Communauté
et les Affaires Africaines et Malgaches, décoration que lui
remet l'ambassadeur de France à Madagascar. Ultérieurement
il s'établit en Afrique du Sud avant de se fixer aux USA, à
Aurora près de Denver, Colorado, où il décède
le 13 janvier 2007. Outre ses décorations françaises
il était titulaire de l'American Air Medal (5/7/1945) et de
la Distinguished Flying Cross (DFC - 11/3/1946).
En 1954 il avait épousé Mariana Galafato, dont postérité.
Pierre Dupont
Spitfire du Squadron 340
"Ile de France" - 1945
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