Texte original : "Ceux du Normandie-Niemen" d'Yves Donjon
- Editions Astoure
Né dans le Jura en 1921, Edmond Gille effectue ses études
secondaires jusqu'au Baccalauréat au Lycée de Lons le
Saunier. Inscrit à l'aviation populaire, il obtient son brevet
de pilote de 2eme dégré le 30 mars 1939 et s'engage
pour la durée de la guerre le 26 décembre 1939 à
l'Ecole Elémentaire n° 43 de Roanne. Démobilisé
après l'armistice de 1940, il a déjà effectué
80 heures de vol.
En 1941, il est affecté sur sa demande au Groupe
de Bombardement Léger I/19 à Blida (Algérie).
Après le débarquement Américain en Afrique du
Nord, il part en septembre 1943 aux USA pour un réentraînement
comme élève pilote en Alabama. Il vole sur différents
appareils américains, notamment sur P-47. En tête de
sa promotion, il reçoit son macaron de pilote militaire en
même temps que sa nommination au grade de Sergent, le 15 avril
1944. Il rejoint l'Europe en octobre 1944. Le 16 décembre,
il est affecté au GC I/4 "Navarre"
à Ambérieu. Il effectue sa première mission de
guerre le 26 janvier 1945 sur P-47. A l'occasion de sa 5eme mission,
le 4 février 1945, il fait partie d'une patrouille lourde de
8 avions placés sous le commandement de Marin
la Meslée en personne. Il s'agit d'attaquer dans la région
de Neuf-Brisach des troupes Allemandes qui battent en retraite et
s'apprètent à traverser le Rhin.
L'attaque se transforme en véritable piège tant la
Flak est dense. Tous les appareils sont touchés et le Commandant
Marin la Meslée ainsi
que deux équipiers sont abattus et tués. Par miracle
l'avion d'Edmond Gille tient le coup et accompagné du Sergent-Chef
Barberis, il parvient à rejoindre
sa base à Dôle Tavaux. A l'atterrissage, on dénombre
88 impacts sur le P-47.
Le 9 février 1945, il se porte volontaire pour le "Normandie-Niemen"
et après un mois d'attente à Téhéran,
pour l'otention d'un visa d'entrée en Russie, il arrive à
Toula le 7 avril avant de rejoindre le Groupe à Eylau le 25
avril 1945. Mais la guerre touche à sa fin et après
avoir débuté l'entraînement sur Yak, les hostilités
prennent fin. Quelques semaines plus tard, le "Neu-Neu"
rentre en France et Edmond Gille se pose avec son Yak au Bourget le
20 juin 1945. Son contrat avec l'Armée expire en mars 1947
et Edmond Gille, redevenu civil, trouve immédiatement un emploi
de pilote chez un industriel propriétaire d'un Norécrin.
Puis, au début de l'année 1949, il décide de
se réengager dans l'Armée de l'Air. De juillet 1949
à juillet 1950, il est affecté à Meknès
comme moniteur. Volontaire pour l'Indochine, il rejoint le GC
I/9 "Limousin" le 21 juillet 1950. Après un voyage
de 31 jours à bord du SS Chantilly, il débarque à
Saïgon le 28 décembre 1950. Trois jours plus tard, en
guise de préparation du réveillon, il effectue sa première
mission de combat au Tonkin à bord d'un Bell P-63 "Kingcobra".
Le 13 juillet 1951, à peine six mois après son arrivée
en Extrême-Orient, il effectue sa 100eme mission, cette fois
à bord d'un Bearcat appareil qui équipe désormais
le "Limousin". Le 2 février 1952, il boucle sa 200eme
mission. Volontaire pour un deuxième séjour en Indochine,
il est affecté au GC II/8 "Languedoc"
le 1 juin 1952. Gille est devenu, de loin, le pilote le plus expérimenté
de son Groupe.
Bien que volontaire pour un troisième séjour, sa demande
est rejetée par ses chefs. Mettant alors les bouchées
doubles, il effectue sa 400eme mission le 7 janvier 1953 et parvient
à porter ce total à 443 missions, record probablement
inégalé pendant la campagne d'Indochine par un chasseur.
Après 30 mois ininterrompus d'opérations, il embarque
vers la métropole le 30 mars 1953 pour un repos bien mérité.
Après son congé, il est affecté comme chef pilote
au GC III/2 "Alsace" à
Dijon ou il passe 8 ans et termine sa carrière de chasseur.
Après plus de 1500 heures de vol sur chasseur à hélices,
Gille effectue le 1 juin 1953 son premier vol sur avion à réaction,
un Vampire. Après 600 heures sur Ouragan, il effectue son premier
vol à Mach 1 sur Mystère IVA en avril 1956. Fin octobre
1956, il rejoint Chypre puis le terrain de Ramat-David, pour participer,
sous les cocardes Israéliennes, au premier conflit Israélo-Egyptien.
Quinze jours plus tard, les Mystère IVA regagnent Dijon.
De février à mars 1960, Gille effectue des missions
d'appui-feu au profit des troupes au sol dans la région de
Tébessa (Algérie). Le 10 février 1961, il décolle
pour son dernier vol militaire, bouclant ainsi 20 années de
pilotage pour un total de 4005 heures de vol, 456 missions de guerre
pour un total de 615 heures de vol de guerre) et après avoir
piloté 35 types d'appareils différents.
Démobilisé le 12 février 1961, il devient moniteur
à l'aéro-club de Lons le Saunier jusqu'au 1 juillet
1981, ajoutant 3000 heures de vol à son actif.
Titulaire des très nombreuses décorations, Edmond Gille
se retire alors dans les Alpes Maritimes. Grâce à son
habileté au pilotage et à la chance qu'il a eu d'avoir
comme moniteur, Eric Nessler, champion du monde de vol à voile,
il est parvenu à ramener 3 appareils à réaction
avec train et volets sortis et moteur éteint, une performance
sans doute unique dans les annales de l'Armée de l'Air.